Le dernier rapport 2025 de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) dresse un tableau contrasté de la qualité des réseaux mobiles en France. Si les performances globales progressent, certaines zones et certains usages restent à la traîne. Ce que cela change concrètement pour l’abonné.
Réseau mobile en France : où ça fonctionne… et où ça coince selon l’Arcep

Chaque année, l’Arcep passe en revue la qualité réelle des réseaux mobiles en France. L’édition 2025, présentée comme l’une des plus complètes jamais réalisées, dresse un paysage souvent flatteur mais loin d’être homogène. Selon les premières analyses, de fortes différences persistent entre zones urbaines, territoires ruraux et axes de transport. Et derrière les bons scores nationaux, l’expérience vécue par l’abonné varie encore sensiblement d’un endroit à l’autre
La qualité du réseau mobile selon l’Arcep : des performances globalement solides
Selon les données du régulateur, plus d’un million de mesures ont été réalisées durant l’été 2025 afin d’évaluer la qualité des appels, des SMS et de l’internet mobile dans l’ensemble de la métropole. D’après le rapport, les appels en « qualité parfaite » — maintenus pendant deux minutes sans perturbation — atteignent jusqu’à 91% chez l’opérateur le mieux classé. Les SMS restent, eux, quasiment instantanés, quel que soit le réseau utilisé.
Pour les usages data, le constat est décrit comme « globalement satisfaisant » dans les zones urbaines : chargement de pages web en quelques secondes, streaming fluide dans la majorité des cas, et stabilité correcte lors des usages professionnels classiques. L’Arcep souligne néanmoins que ces bons résultats concernent surtout les villes et leurs périphéries.
L’ensemble donne l’image d’un réseau mobile mature, capable d’assurer les usages du quotidien pour une grande partie des abonnés… à condition de se trouver dans un environnement favorable.
Zones rurales, transports : les angles morts confirmés
Le rapport met en évidence un point bien connu des habitants hors métropole : les zones rurales demeurent les plus pénalisées. Selon le régulateur, la performance y est « sensiblement inférieure » sur tous les indicateurs. Ce décalage se traduit par davantage d’appels interrompus, des chargements de pages plus lents et une expérience data beaucoup plus variable. Même lorsque la 4G ou la 5G est affichée, les débits réels peuvent fortement fluctuer.
Les transports constituent l’autre point faible récurrent. Sur les axes ferroviaires — TGV, TER, Intercités — la continuité du service reste très hétérogène, avec des dégradations marquées selon les tronçons. La navigation web est qualifiée de « moins fiable », et la voix se montre particulièrement sensible aux zones blanches. Les trains, exposés aux contraintes physiques (mouvements rapides, obstacles, tunnels) et à la saturation du réseau embarqué, restent l’environnement où les opérateurs ont le plus de mal à garantir une expérience stable.
Dans les métros et RER, la tendance est plus favorable : les déploiements dédiés permettent à la plupart des réseaux d’assurer une bonne qualité de service. Le contraste avec les trajets longue distance n’en est que plus visible.
Orange en tête, mais des écarts qui dépendent fortement du terrain
Selon les données publiées, Orange occupe à nouveau la première place, en tête sur l’immense majorité des indicateurs. L’opérateur se distingue aussi bien sur la voix que sur la data, en intérieur comme en extérieur, ce qui traduit une homogénéité rarement prise en défaut. Ses performances restent solides même dans des zones plus difficiles, ce qui contribue à son avance globale.
Bouygues Telecom confirme son efficacité dans les zones urbaines, où il rivalise — voire dépasse — ses concurrents sur plusieurs tests data. SFR affiche des progrès réguliers : certains écarts qui persistaient les années précédentes se réduisent, même si les résultats restent contrastés selon les contextes. Free Mobile, enfin, continue sa montée en puissance. Ses performances en zones denses et intermédiaires montrent une amélioration sensible, même si les environnements contraints (campagnes, trains) restent plus délicats pour son réseau.
L’enseignement principal, rappelé par l’Arcep, est qu’un classement national n’est plus suffisant pour juger de la qualité réelle : l’expérience dépend désormais du lieu précis, du bâtiment, du trajet régulier et de l’usage quotidien.
Où chaque opérateur est réellement le meilleur : les clés à retenir pour l’abonné
Au-delà du classement global, les résultats détaillés publiés par l’Arcep permettent de comprendre comment les réseaux se comportent selon les environnements. Les chiffres officiels ne désignent pas de “meilleur opérateur par zone”, mais ils montrent des tendances utiles pour les abonnés.
En zones denses, Bouygues Telecom (96%) et Orange (95%) sont premiers ex aequo selon la méthodologie du régulateur, car l’écart d’un point entre les deux opérateurs se situe dans la marge statistique. SFR atteint 92%, tandis que Free Mobile affiche 89% d’appels en qualité parfaite.
En zones intermédiaires, Orange reste en tête avec 95%, suivi de Bouygues Telecom et SFR, tous deux à 91%, puis Free Mobile à 88%.
En zones rurales, les écarts se creusent. Orange atteint 83%, SFR 79%, Bouygues Telecom 77%, et Free Mobile 76%. Le régulateur souligne que ces territoires restent les plus difficiles pour tous les réseaux.
Sur les axes routiers, les taux d’appels maintenus 2 minutes sont de 92% pour Orange, 91% pour Bouygues Telecom, 90% pour SFR et 87% pour Free Mobile.
Dans les trains longue distance (TGV), les performances baissent fortement : 78% pour Orange, 60% pour Free Mobile, 59% pour Bouygues Telecom et 56% pour SFR.
Dans les TER et Intercités, les taux sont compris entre 59% et 67% selon l’opérateur, Orange conservant la première place (67%), tandis que Bouygues Telecom, SFR et Free Mobile se situent autour de 59–60%.
Dans les métros et RER, les niveaux de qualité remontent nettement : 98% pour Bouygues Telecom, 96% pour Orange, 95% pour SFR et 94% pour Free Mobile selon les mesures publiées.
Ces données montrent qu’au-delà des performances nationales, la qualité réelle dépend très fortement du contexte : excellente en zones denses et dans les métros, plus irrégulière dans les zones rurales, et très dégradée en environnement ferroviaire. L’Arcep ne propose pas de classement par zone, mais ses chiffres permettent à chacun d’identifier les environnements où son opérateur est le plus performant — ou le plus en difficulté.
