Russie : qu’est-il arrivé à l’avion d’Evgueni Prigojine ?

La mort d’Evgueni Prigojine est quasi certaine

Le jet privé Embraer ERJ-135BJ Legacy 600 appartenant à Evgueni Prigojine, le fondateur de la société militaire privée Wagner, en route de Moscou vers Saint-Pétersbourg, s’est écrasé dans un champ près de Tver, en Russie, le 23 août 2023 à 18h30 heure de Moscou. Si les analyses ADN n’ont pas encore été réalisées pour confirmer si Evgueni Prigojine est effectivement mort, en fin de soirée, Rosaviatsia (l’équivalent russe de la DGAC) diffusait la liste des passagers de l’avion. Parmi eux, Evgueni Prigojine, le fondateur de la société militaire privée Wagner, ainsi que Dimitry Outkine, le commandant de la milice Wagner et un ancien des renseignements militaires russes. Le ministère russe des Secours annonçait, quant à lui, qu’il n’y avait aucun survivant dans ce crash.

Un léger doute quant au sort d’Evgueni Prigojine demeure théoriquement car ce n’est pas un mais deux avions Embraer Legacy 600 appartenant à Evgueni Prigojine qui ont quitté l’aéroport de Moscou quasi-simultanément. En plus, on sait qu’afin de tenter de déjouer des tentatives éventuelles d’assassinat dans le ciel, Evgueni Prigojine obtenait parfois une carte d’embarquement sur un vol mais voyageait sur l’autre vol. Et Evgueni Prigojine a un sosie. Quoi qu’il en soit, ces deux versions sont peu probables, et il vaut mieux se rendre à l’évidence : Evgueni Prigojine est mort. L’analyse ADN devrait mettre un point final dans cette question.

Tir de missile ou explosion à bord : les théories quant à la cause du crash se multiplient

Mais alors, qu’est-il arrivé à l’avion d’Evgueni Prigojine ? Selon Flightradar24, l'avion est monté à une altitude de 28.000 pieds (8,5 km) avant de s'écraser. Il faut savoir que la majorité des systèmes de défense aérienne ne sont pas en mesure d'abattre un avion à une telle altitude. Il faut au moins un complexe de défense aérienne de moyenne portée (de type « Buk », par exemple), qui doit être situé à proximité de la trajectoire de l'avion. Mais les missiles puissants de ces systèmes auraient causé des dommages bien plus graves à l'avion que ce que l'on peut voir dans les vidéos des témoins. Dans le cas d'une ogive de 70 kg contenant 7.000 éléments destructeurs, un avion de cette taille pourrait difficilement tomber « en un seul morceau ».

Toujours est-il que sur l'une des vidéos, on peut voir un nuage ressemblant à la traînée d'inversion d'un missile antiaérien. De plus, les témoins parlent de deux explosions précédant l'impact. (Et on sait que le lancement de deux missiles de défense aérienne contre une même cible est une pratique courante qui permet d'accroître la probabilité d'atteindre la cible.) Enfin, une partie de l'épave de l'avion présente des marques qui ressemblent aux trous que laissent habituellement les éléments impacteurs d'une ogive de missile antiaérien. Mais, pour contredire cette théorie, ces traces sont absentes de l’aile et de la queue, qui sont tombées séparément du reste de l'épave.

À ce stade, il est donc impossible de dire si un missile a été tiré du sol, ou bien si une bombe a explosé à bord de l’avion.