Scandale Takata : les garages refusent les véhicules à airbags défectueux

Le gouvernement a ordonné le 24 juin 2025, le rappel de 800 000 véhicules produits entre 1998 et 2019, tous équipés d’airbags Takata susceptibles d’exploser à tout moment. Face à l’urgence, les autorités imposent des mesures strictes. Mais un nouvel obstacle complique la mobilisation : des garages refusent désormais de travailler sur ces voitures. Une décision radicale, mais motivée par une préoccupation majeure – la sécurité de leurs équipes.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 5 août 2025 5h50
Scandale Takata La réunion
Un nouveau drame a lieu après l'explosion d'un airbag Takata défectueux. - © Economie Matin

Des airbags devenus létaux

À l’origine du scandale, des airbags fabriqués par le groupe japonais Takata, dont le mécanisme de déploiement repose sur un gaz propulseur instable. Au fil du temps et sous l’effet de l’humidité, ce dispositif peut provoquer une explosion incontrôlée, projetant des éclats métalliques dans l’habitacle. En France, près de vingt décès ont été recensés en quelques mois, directement liés à ces dysfonctionnements.

Les modèles concernés ? Une liste longue et variée. Des Citroën C3 et DS3, des Audi A3, A4, Q5, mais aussi des BMW, Honda, Ford, Chrysler… La diversité des marques touchées souligne l’ampleur du problème. Fin juin, le gouvernement a donc ordonné l’immobilisation immédiate des véhicules incriminés et exigé de chaque constructeur un remplacement gratuit des airbags défectueux.

Un refus catégorique des garagistes

Mais l’affaire a pris un nouveau tournant fin juillet. Les enseignes Speedy, Point S et d’autres réseaux spécialisés ont fait savoir qu’elles refusaient désormais d’intervenir sur ces véhicules. Quel que soit le type de réparation – une vidange, un changement de plaquettes, un simple contrôle technique, l’accès à l’atelier est conditionné à la preuve du remplacement de l’airbag. Sur le site officiel de Speedy, un avertissement sans équivoque : « Il vous appartient de vérifier si votre véhicule fait l’objet d’un rappel constructeur avant toute intervention dans nos centres. […] En cas de rappel constructeur avéré, nos centres ne pourront procéder à l’entretien ou à la réparation tant que les airbags concernés n’auront pas été remplacés. »

Et la communication de se faire encore plus directe. Une responsable d'un autre groupe de centres auto déclare, dans des propos rapportés par TF1 Info : « Ça devient trop dangereux pour nos salariés de travailler sur ces véhicules. Nos équipes ne sont pas formées ni habilitées pour prendre ce risque. » Même position chez Point S, selon TF1, qui rappelle qu’il est « impossible d’intervenir hors réseaux constructeurs », soulignant les risques encourus en cas de mauvaise manipulation. Ces décisions sont motivées par la préservation de la sécurité du personnel et des clients, dans un climat où la vigilance devient la norme.

Des mesures gouvernementales strictes

Face à cette désorganisation, l’État tente de reprendre la main. Le ministère des Transports impose aux constructeurs de fournir un véhicule de remplacement si le délai d’intervention dépasse quinze jours. Et pour les groupes réfractaires ou trop lents à réagir, la sanction est claire, une astreinte d’un million d’euros par jour peut être prononcée.

La réparation, elle, reste entièrement gratuite pour le propriétaire. Mais encore faut-il pouvoir obtenir un rendez-vous. Or, les centres agréés sont pris d’assaut, les pièces parfois rares, et les délais qui explosent, surtout en période estivale. Selon plusieurs associations de consommateurs, le parcours pour faire remplacer son airbag devient un véritable casse-tête.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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