Le 27 novembre 2025, le Groupe d’experts sur le SMIC a remis au gouvernement ses recommandations dans un contexte économique toujours incertain. Sans surprise, les spécialistes plaident pour une augmentation strictement mécanique du SMIC au 1er janvier 2026. Pas de coup de pouce donc. Pour les salariés, la question centrale reste celle du salaire réel, de la capacité à suivre la hausse des prix et de l’évolution des salaires dans l’ensemble de l’économie.
SMIC : pourquoi l’augmentation sera limitée à 1,4% en 2026

SMIC : une hausse garantie mais limitée
La hausse du SMIC en 2026 est désormais presque verrouillée. D'après le dernier rapport annuel du Groupe d’experts sur le SMIC, l’augmentation devrait atteindre 1,4% au 1er janvier 2026. Cette progression découle directement de la formule légale de revalorisation basée sur l’inflation et l’évolution des salaires des ouvriers et employés. Le Groupe d'experts rappe lle que cette augmentation du SMIC « devrait conduire à une hausse autour de 1,4% au 1er janvier 2026, soit au-dessus de l’inflation attendue, proche de 1% ». Ainsi, même sans coup de pouce, le SMIC préserverait légèrement le pouvoir d’achat.
Concrètement, cette augmentation du SMIC représenterait un gain d’un peu moins de 20 euros nets par mois pour un salarié payé au salaire minimum. Le SMIC net mensuel s’élève aujourd’hui à 1.426,30 euros. Une revalorisation de 1,4% porterait donc le salaire proche de 1.446 euros nets. Toutefois, même si la hausse est réelle, elle demeure modeste au regard des attentes de nombreux salariés confrontés à la hausse persistante du coût du logement, de l’énergie et de l’alimentation.
SMIC et marché du travail : une prudence assumée des experts
La décision de ne pas aller au-delà de l’augmentation automatique du SMIC repose sur plusieurs constats économiques. Le Groupe d’experts met en avant le ralentissement du marché du travail observé en 2025. Selon leurs analyses, la dynamique de l’emploi se tasse, ce qui incite à la prudence sur l’évolution du salaire minimum. Les experts expliquent ainsi que, « compte tenu du ralentissement du marché du travail, du niveau élevé du SMIC par rapport au salaire médian et du coût très important des exonérations », il n’est pas souhaitable d’aller au-delà du mécanisme légal.
Ce raisonnement s’appuie aussi sur un indicateur central : en 2024, le SMIC représentait déjà 62,5% du salaire médian. Ce niveau est historiquement élevé. Il signifie que l’augmentation du SMIC a progressé plus vite que l’ensemble des salaires dans l’économie au cours des dernières années. Les experts s’inquiètent désormais d’un phénomène de « compression des salaires », où de nombreux salariés restent coincés juste au-dessus du salaire minimum, sans perspectives d’évolution réelle.
SMIC et salaires : une réforme des exonérations au cœur du débat
Au-delà de la seule augmentation du SMIC, le rapport met en lumière un sujet structurel : celui des exonérations de cotisations patronales sur les bas salaires. Aujourd’hui, ces exonérations coûtent environ 75 milliards d’euros par an aux finances publiques. Elles concernent largement les salaires proches du SMIC, et même bien au-delà. Le Groupe d'experts estime que ce système entretient une forme de dépendance des entreprises aux bas salaires et freine la progression générale des salaires.
Le Groupe d’experts propose ainsi de ramener progressivement le plafond d’exonérations à 2 SMIC. Une telle réforme permettrait, selon leurs calculs, de générer jusqu’à 6 milliards d’euros d’économies par an. Mais surtout, elle pourrait contribuer à desserrer l’étau sur les grilles de salaires et offrir davantage de perspectives d’augmentation au-dessus du salaire minimum. Pour les experts, le risque est clair : sans évolution du système, le SMIC devient un plafond de verre pour une part croissante de travailleurs.
SMIC et salariés : une population toujours massive malgré la hausse
La question du SMIC est loin d’être marginale. En novembre 2024, 2,2 millions de salariés du secteur privé, hors agriculture, étaient rémunérés au salaire minimum. Cela représente 12,4% de l’ensemble des salariés. Même si cette proportion a légèrement reculé par rapport aux années précédentes, elle reste historiquement élevée.
Cette situation pose un problème majeur pour l’économie française. Plus le nombre de salariés au SMIC est élevé, plus la mécanique des salaires se bloque. Les augmentations du salaire minimum, même modestes, ont donc un impact massif sur les entreprises, sur les finances publiques et sur la hiérarchie des salaires. À l’inverse, une augmentation trop faible nourrit un sentiment de stagnation chez les travailleurs concernés, qui voient leurs salaires évoluer bien plus lentement que certaines dépenses contraintes.
SMIC 2026 : un choix politique sous haute tension sociale
La recommandation du Groupe d’experts n’a pas tardé à susciter des réactions syndicales. Le gain d’environ 20 euros nets par mois alimente déjà la colère d’une partie des représentants des salariés. Certaines organisations syndicales dénoncent une augmentation insuffisante au regard des pertes de pouvoir d’achat accumulées depuis plusieurs années. D’autres pointent le décalage entre la hausse du SMIC et celle de certains prix incompressibles, comme les loyers ou l’alimentation.
Pour le gouvernement, l’équation est délicate. Accorder un coup de pouce au SMIC pourrait soutenir le pouvoir d’achat à court terme, mais alourdirait encore le coût du travail et celui des exonérations. À l’inverse, suivre strictement l’avis des experts expose l’exécutif à une contestation sociale, dans un climat où la question des salaires reste extrêmement sensible.
