Dès son arrivée à Matignon, François Bayrou va devoir s’attaquer d’urgence à l’élaboration d’un budget 2025 qui ne le fasse pas chuter comme Michel Barnier devant l’Assemblée nationale.
Sondage exclusif : BUDGET 2025 : voici ce que les Français attendent du prochain premier ministre François Bayrou
Selon un sondage exclusif réalisé pour EconomieMatin par OpinionWay et diffusé ce 13 décembre 2024 montre qu’un faible majorité de Français est favorable à une réduction des dépenses publiques de 20%, à l’image de ce qu’a promis Elon Musk aux États-Unis.
Si cette courte avance n’est pas significative, en revanche, la répartition de cette opinion dans la population française en fonction de l’´âge, d’abord, et ensuite de l’orientation politique, sont beaucoup plus intéressants
Ainsi, ce sont les jeunes de 18 à 24, qui incarnent bien évidemment l’avenir du pays, et qui ont grandi dans un climat de morosité et de crises quasiment permanent depuis le début des années 2000, qui plaident pour une réduction drastique de la dépense publique. Ils sont 57 % à juger une telle réduction des dépenses possible pour la France. De même, les 35-49 ans qui sont plus de la moitié à penser pareil (54%).
À l’inverse, ce sont les seniors, les retraités, qui y sont opposés, seuls 46% soutenant cette voie. On peut facilement en déduire qu’ils craignent de voir leurs pensions de retraites rabotées et la prise en charge des soins diminuée par la sécurité sociale.
Autre enseignement encore plus important de ce sondage : plus on est classé à gauche de l’échiquier, moins l’on souhaite que la dépense publique baisse. Ainsi, cette opinion n’est partagée que par 35 % des électeurs de LFI et 37% du Parti socialiste ou encore 34% des électeurs des verts.
Au centre / chez les macronistes, seuls 48% des électeurs sont convaincus, ce qui est une énorme surprise quand on se souvient qu’Emmanuel Macron a fait campagne à deux reprises sur ce thème, et s’était engagé à la réduire, alors qu’en réalité il a fait tout le contraire et creusé considérablement le déficit public.
À l’inverse, Une petite mais réelle majorité des électeurs de droite (Les Républicains), 55%, plaident pour la baisse de la dépense publique.
Mais la grande surprise enseignée par ce sondage, très surprenante quand on sait quelle est la composition théorique de son électorat, c’est le plébiscite des électeurs du rassemblement national pour la baisse de la dépense publique, et une baisse très significative et selon certains irréalisable, de 20%.
La question était pourtant posée de manière explicite par Opinion Way. Ainsi, 69% des électeurs du RN plébiscitent, il n’y a pas d’autre mot, une baisse drastique de la dépense publique.
Si l’on considère que la dépense publique se limite au seul spectre régalien élargit, cela représenterait 90 milliards d euros, sur un budget prévisionnel de l’État pour 2024 de 453 milliards d’euros de dépenses.
Quand on sait que le budget est en réalité déficitaire de plus de 166 milliards d’euros en 2024 selon les prévisions du gouvernement, et pourrait être bien supérieur en réalité, cette baisse pourtant très importante permettrait de repasser sous la barre des 3% de déficit public, loin des critères de Maastricht auquel la France ne se conforme plus depuis 2007, au grand dam de Bruxelles.
Mais si l’on considère que la dépense publique englobe aussi toutes les dépenses sociales, alors le montant total de la dépense publique à prendre en compte est de 1600 milliards d’euros en 2024. Une baisse de 20% représenterait alors une économie à réaliser de 320 milliards d’euros, soit le budget des Armées, de l’Éducation nationale, de l’Économie et de l’Intérieur réunis (301,2 milliards d’euros en 2024 pour ces quatre ministères), ou encore le montant de l’intégralité des pensions de retraites (332 milliards d’euros), pour prendre deux exemples extrêmes.
On le voit donc : une majorité d’électeurs de droite et encore plus d’électeurs du Rassemblement national, qui selon un dernier sondage, seraient 38% à porter leurs suffrages sur Marine Le Pen si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu demain, plébiscitent la baisse de la dépense publique à hauteur de 20%.
À l’inverse, une très large majorité d’électeurs de gauche y sont opposés, quand le centre macroniste est globalement neutre, légèrement défavorable à cette hypothèse, contre toute attente.
En toute honnêteté, en commandant ce sondage, nous avions anticipé que ce seraient les électeurs de la droite LR et les macronistes qui plébisciteraient la baisse de la dépense publique.
La lecture des études sociologiques, notamment de celles évoquant certaines proximités au sein des électorats populaires votant pour LFI et le RN, pouvaient laissent penser que leurs opinions convergeraient sur le sujet.
Or, c’est tout le contraire : l’ électorat RN se révèle ultra libéral et non pas étatiste interventionniste. On pourrait même dire que cet électorat, toutes précautions gardées, se révèle très largement « Trumpiste » puisque la baisse de la dépense publique est une promesse de campagne e de Trump, et une mission confiée à Elon Musk aux États-Unis.
À l’inverse, il est de notoriété publique que le refus de réduire la dépense publique, allant même jusqu’au scénario extrême de ne pas vouloir rembourser la dette qui n’est « pas un problème » selon Jean Luc Mélenchon, est plutôt une pensée partagée à gauche et surtout à la gauche de la gauche.
On peut donc raisonnablement affirmer, contrairement à ce qui a pu être dit jusqu’ici, que les électorats LFI et RN sont en réalité très éloignés quant au rôle de l’État, et plus largement, quant aux mesures économiques et politiques qu’un nouveau gouvernement devrait prendre demain, pour gérer et redresser la France.
Paradoxe : le discours de la baisse de la dépense publique est prôné par des personnalités politiques qui ne sont pas suivies par leur électorat, ce qui est, encore une fois, le cas de l’électorat macroniste centriste.
Difficile pour un potentiel dauphin d’Emmanuel Macron comme Édouard Philippe, qui est très tranché pourtant sur le sujet et propose de tailler dans les dépenses publiques, d’enfiler les bottes d’un président en exercice. Surtout, encore une fois, quand on connaît son bilan. Emmanuel Macron restera dans l’histoire comme le président qui aura creusé la dette de plus de 1000 milliards d’euros en 7 ans, quand nos voisins occidentaux ont majoritairement fait refluer les déficits et les dettes publiques dans le même laps de temps, or le passage particulier de la crise du Covid…
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