Le sport et les dépenses de santé publique

En tant qu’ancien athlète de haut niveau, j’ai été témoin des bienfaits physiques et mentaux du sport. À une époque où les dépenses publiques de santé explosent, il est essentiel de promouvoir une solution de bon sens : le sport et l’activité physique comme moyens de prévention contre les maladies chroniques et de renforcement de la résilience personnelle. La France doit encourager ces pratiques pour réduire les dépenses de santé et préserver son système de protection sociale pour les générations futures. Le sport est aussi une école de valeurs – effort, persévérance, respect des autres et de soi– Le sport est également un engagement capable de défendre les idéaux de notre nation.

Photo Serge Girard
Par Serge Girard Publié le 29 novembre 2024 à 5h30
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70%70 % des Français de 15 ans ou plus déclarent faire du sport

I. La sédentarité et les maladies chroniques : un fléau pour notre système de santé

A. Les conséquences de l'inactivité sur la santé publique

La sédentarité a des conséquences dramatiques pour notre système de santé. En France, les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète représentent une part abyssale des dépenses de la Sécurité sociale. Selon une étude récente, ces pathologies coûtent à l’État plus de 45 milliards d’euros par an1. Pour un ancien sportif, ces chiffres sont d'autant plus frappants qu'ils révèlent une réalité évitable : le sport et l'activité physique permettent de prévenir largement ces maladies.

Les études montrent que l'inactivité physique est un facteur de risque aussi important que le tabac ou une mauvaise alimentation. Lorsque l’on sait qu'une personne sédentaire a jusqu'à 30 % plus de risques de développer une maladie chronique, il est impératif d'agir. La prévention par le sport doit donc être au cœur des politiques publiques.

B. La priorité aux citoyens français : une question de justice sociale et de pérennité du système de santé

En tant que nation, nous devons préserver nos ressources, notamment celles de notre système de santé, pour qu’elles continuent de profiter à ceux qui en ont le plus besoin. Cette exigence devient d’autant plus pressante dans un contexte où les pathologies évitables, liées à la sédentarité et à des modes de vie malsains, alourdissent considérablement les charges de la Sécurité sociale. Il ne s’agit pas ici de restreindre l’accès aux soins, mais de poser une question fondamentale : pour qui ces ressources publiques doivent-elles être préservées et à qui doivent-elles bénéficier en priorité ?

1. Les citoyens français, contributeurs au système et garants de son avenir

Notre système de santé repose sur un principe de solidarité nationale. Les cotisations des travailleurs français alimentent ce système, assurant l’accès aux soins pour tous. Cependant, ce principe de solidarité est mis à rude épreuve par l’explosion des coûts liés à des maladies évitables. En promouvant le sport et l’activité physique auprès des citoyens français, nous leur donnons les moyens de prévenir ces pathologies, réduisant ainsi les dépenses inutiles et renforçant l’efficacité du système.
Chaque Français qui adopte un mode de vie actif et sain contribue indirectement à la pérennité du système de santé. En tant qu’ancien athlète, je sais que la discipline et l’effort dans la pratique sportive se traduisent par une meilleure santé physique et mentale. Si nous pouvons encourager cette démarche parmi nos citoyens, c’est l’ensemble de notre système de santé qui en bénéficiera. À terme, nous réduisons les coûts et renforçons l'accès à des soins de qualité pour ceux qui en ont réellement besoin.

2. Une réponse aux inégalités d’accès au sport et aux soins

Malheureusement, l’accès à la pratique sportive n’est pas uniforme sur tout le territoire français. Les zones rurales et les quartiers défavorisés manquent souvent d’infrastructures adaptées, tandis que les populations les plus vulnérables sont aussi celles qui souffrent le plus de pathologies liées à l’inactivité. En mettant en place des politiques sportives ciblées et en réservant ces efforts aux citoyens français, nous répondons à un double défi : réduire les inégalités sociales et alléger la pression sur le système de santé.

Dans de nombreuses régions rurales que j’ai traversées lors de mes défis sportifs, j’ai constaté à quel point les infrastructures sportives étaient rares. Pourtant, ces territoires abritent des Français qui aspirent à rester en bonne santé, mais qui manquent des outils nécessaires pour y parvenir. En donnant la priorité à ces citoyens, nous les aidons à prévenir les maladies chroniques et à améliorer leur qualité de vie tout en soulageant notre système de santé.

3. Préserver un accès équitable pour les générations futures

L’accès universel aux soins est une fierté de notre pays, mais il est de plus en plus menacé par la hausse des dépenses de santé publique. En réduisant l’incidence des maladies évitables grâce au sport, nous garantissons que ce système restera accessible aux citoyens français, en particulier aux plus jeunes générations. C’est une question de souveraineté et de responsabilité nationale.

Chaque effort investi aujourd’hui porte ses fruits demain. Il en va de même pour notre système de santé. Investir dans la prévention par le sport, en priorité pour nos concitoyens, c’est garantir qu’ils puissent continuer à bénéficier de soins de qualité dans les décennies à venir. Cette vision à long terme est essentielle pour préserver notre modèle social face aux défis économiques et démographiques.

4. Une approche basée sur la responsabilisation et l’engagement citoyen

Prioriser les citoyens français dans les politiques de santé et de sport, ce n’est pas exclure, mais responsabiliser. C’est reconnaître l’engagement de ceux qui participent activement à la société, que ce soit par leur travail, leur contribution fiscale, ou leur implication dans la vie locale. Cette priorité n’est pas un privilège, mais un juste retour pour ceux qui œuvrent au quotidien pour la nation.
Le sport, par essence, est un acte de responsabilité. Il demande un effort personnel, un engagement envers soi-même et un respect pour les autres. En promouvant ces valeurs, nous renforçons le lien entre l’individu et la collectivité. Chaque kilomètre parcouru, chaque geste sportif est un investissement non seulement pour sa propre santé, mais aussi pour la pérennité de notre système commun.

5. Une dimension identitaire et culturelle

Le sport n’est pas seulement un moyen de prévention des maladies, c’est aussi un vecteur de transmission des valeurs françaises. En promouvant des initiatives sportives nationales, accessibles à tous nos citoyens, nous renforçons le sentiment d’appartenance à une communauté, unie par des objectifs communs de bien-être et de solidarité.

Jai pendant toute ma carrière été témoin de la capacité du sport à rassembler, à inspirer et à transmettre des valeurs. Ces valeurs – discipline, résilience, respect – sont au cœur de ce que signifie l’appartenance nationale. En mettant ces principes au service, nous renforçons notre identité collective tout en promouvant une meilleure santé publique."

En promouvant le sport et l’activité physique, nous faisons bien plus que prévenir des maladies ou réduire les coûts de santé publique. Nous investissons dans la santé, la cohésion sociale et l’avenir de notre nation. Il est de notre responsabilité de veiller à ce que les ressources de notre système de santé, construites grâce aux efforts de générations actuelles, profitent en priorité à ceux qui contribuent activement à notre société. C’est une question de justice sociale, de responsabilité collective et d’ambition nationale. Le sport peut et doit jouer un rôle central dans cet engagement.

C. La santé mentale : un enjeu de plus en plus préoccupant

Les effets de l'inactivité sur la santé mentale sont tout aussi alarmants que ses effets physiques. La dépression, l'anxiété et le stress, en constante augmentation, constituent des défis majeurs pour notre société. L'activité physique joue un rôle avéré dans la prévention de ces troubles. J'ai pu constater personnellement les effets positifs de l'exercice physique sur le mental : libération d’endorphines, sentiment de bien-être, amélioration de la confiance en soi, réduction de l’agressivité, résolution des situations conflictuelles et de la qualité du sommeil.

De nombreuses études confirment que l’activité physique régulière réduit les risques de troubles dépressifs et anxieux. Il est donc essentiel de promouvoir une nation active, pour faire face aux crises de santé mentale et pour alléger les coûts en soins psychologiques.

II. Les bienfaits prouvés du sport pour une société plus forte et en meilleure santé

A. Un rempart contre les maladies du siècle

Les bienfaits physiques du sport sont indéniables. Pratiquer une activité physique régulière réduit considérablement les risques de maladies cardiovasculaires, stabilise le poids et diminue l'incidence du diabète. J’ai vu de nombreux exemples d’athlètes qui, grâce à leur engagement dans le sport, ont réussi à maintenir une santé robuste tout au long de leur vie. L’activité physique a un impact durable et mesurable.

Les données montrent que 150 minutes d'exercice modéré par semaine peuvent réduire de 20 à 30 % les risques de maladies chroniques2. La France doit donc investir dans des programmes sportifs pour encourager la population à adopter un mode de vie plus actif, et ainsi, contribuer à la diminution de ces pathologies.

B. L'impact sur la santé mentale et le lien social

Le sport est aussi un puissant vecteur de bien-être mental. La pratique sportive favorise l'équilibre psychologique et aide à gérer le stress. En renforçant la santé mentale, le sport réduit également les besoins en traitements médicamenteux et en consultations, qui pèsent lourdement sur le budget de la Sécurité sociale.

Le sport permet également de renforcer le lien social : il crée un esprit d’équipe, développe la solidarité et inculque le respect. Ces qualités sont précieuses dans la construction d'une société forte et unie, où chaque citoyen peut trouver sa place.

C. Une école de valeurs pour la jeunesse et l’avenir de la nation

Le sport est une école de vie qui enseigne les valeurs du respect, de l'effort et de la persévérance. En tant qu’athlète, j’ai appris que la discipline et la détermination sont les clés de toute réussite, que ce soit sur le terrain ou dans la vie. En favorisant la pratique sportive dès le plus jeune âge, nous transmettons à notre jeunesse les valeurs qui forgeront une nation plus forte, capable de relever les défis à venir.

III. Une politique de prévention par le sport pour réduire les dépenses de santé publique

A. La prévention, un investissement rentable pour la France

Investir dans la prévention par le sport est rentable pour l’État. De nombreuses études démontrent qu’un euro investi dans le sport permet d’économiser jusqu’à trois euros en soins de santé. En finançant des infrastructures sportives et en soutenant les clubs de proximité, la France pourrait ainsi réduire les dépenses publiques de santé tout en améliorant la qualité de vie de ses citoyens.

B. Des exemples réussis à l’international, dans lesquels le sport est une arme de santé publique

La Finlande : un modèle de santé par le sport

La Finlande, régulièrement classée parmi les pays les plus sains au monde, a fait de l’activité physique un pilier de sa politique de santé publique. Le programme “On the Move”, lancé en 2010, cible les jeunes en intégrant l’exercice physique à leur quotidien, que ce soit à l’école ou à la maison. Les résultats parlent d’eux-mêmes : une nette diminution des troubles liés à la sédentarité, une amélioration de la concentration scolaire et une réduction des coûts de santé. Ce modèle montre qu’une politique volontaire axée sur le sport peut inverser les tendances néfastes de nos sociétés modernes.

L’Australie : le sport au service de la cohésion nationale

L’Australie, où le sport fait partie intégrante de la culture nationale, illustre comment l’activité physique peut être un outil puissant pour forger une identité collective. Les initiatives telles que “Sport Australia”, une agence gouvernementale dédiée, permettent de démocratiser l’accès au sport dans toutes les communautés, y compris les zones rurales et indigènes. Le sport y devient un langage universel, transcendant les différences sociales et culturelles. En France, une approche similaire pourrait renforcer la cohésion dans les territoires oubliés, où le sentiment d’abandon nourrit les fractures sociales.

Le Japon : l’activité physique comme enjeu économique et culturel

À l’approche des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, le Japon avait lancé le programme “Sport for Tomorrow”, visant à promouvoir le sport comme vecteur de paix et de développement durable. Au-delà des performances athlétiques, ce programme a mis l’accent sur l’éducation physique et l’intégration des seniors dans des activités sportives adaptées. Cette approche, qui conjugue santé, inclusion et diplomatie, démontre que le sport peut dépasser le simple cadre de la performance pour devenir un outil stratégique de transformation nationale.

Les Pays-Bas : une politique de mobilité active

Les Pays-Bas ont intégré le sport et l’activité physique dans leur quotidien grâce à une politique ambitieuse de mobilité active. Avec des infrastructures cyclables exemplaires, ils encouragent les habitants à adopter un mode de vie plus sain tout en réduisant les émissions de CO2. Cette approche, qui conjugue santé publique et transition écologique, devrait inspirer la France, où la voiture reste trop souvent indispensable.

L’Islande : sport et prévention chez les jeunes

L’Islande a réussi à diviser par quatre la consommation d’alcool et de drogues chez les jeunes grâce à un programme innovant intégrant des activités sportives quotidiennes après l’école. L’État subventionne largement les clubs sportifs locaux, permettant à chaque enfant d’accéder gratuitement à une activité physique.

Ce modèle pourrait être une réponse concrète aux problématiques de délinquance et de décrochage scolaire en France.

L'impact de l'activité physique sur les seniors : un enjeu physique et budgétaire majeur

L'activité physique chez les seniors représente une réponse cruciale à la double problématique du vieillissement de la population et de l’explosion des coûts de santé. Sur le plan physique, pratiquer une activité régulière permet de prévenir ou de ralentir l'apparition des pathologies liées à l'âge, comme l'ostéoporose, les maladies cardiovasculaires, et la sarcopénie (perte de masse musculaire). Ces bienfaits se traduisent par une meilleure mobilité, une réduction des chutes – principale cause d’hospitalisation chez les personnes âgées – et un maintien de l’autonomie, retardant ainsi le recours aux structures médicalisées. Sur le plan budgétaire, l’impact est tout aussi significatif : les dépenses liées aux hospitalisations, aux soins de longue durée et aux traitements médicamenteux, qui constituent une part importante des charges de la Sécurité sociale, peuvent être considérablement réduites. En investissant dans des programmes d’activité physique adaptés pour nos seniors, nous favorisons une population plus en santé et plus autonome, tout en allégeant le fardeau financier pour notre système de santé. Offrir cette opportunité aux seniors français, c’est non seulement préserver leur qualité de vie, mais aussi garantir la durabilité économique de notre modèle social.

Propositions pour une politique nationale du sport et de la santé.

A. Soutien aux clubs locaux et associations sportives

Le rôle des clubs locaux et des associations sportives est fondamental. Ces lieux sont des vecteurs de lien social et un espace où se transmettent les valeurs de discipline, d’effort et de respect. Il est crucial que l'État soutienne ces acteurs pour promouvoir une pratique sportive accessible à tous.

B. Avantages fiscaux pour le sport en entreprise et pour les particuliers

Encourager les entreprises à offrir des programmes de sport à leurs employés est un levier essentiel. L'État pourrait mettre en place des réductions fiscales pour les entreprises qui investissent dans des infrastructures sportives ou des programmes de bien-être. Ces initiatives favoriseraient une meilleure qualité de vie pour les travailleurs, tout en réduisant les arrêts maladie et les coûts de santé.

C. Accessibilité et infrastructures pour les familles

Il est essentiel de rendre le sport accessible pour toutes les familles, particulièrement dans les zones rurales où les infrastructures sportives sont moins présentes. L’État doit investir dans des équipements accessibles et bien entretenus, pour permettre à chaque famille française de pratiquer une activité physique de qualité.

Conclusion

La France a tout à gagner à investir dans le sport. Promouvoir une politique ambitieuse de prévention par l'activité physique, c'est faire le choix d'un avenir plus sain, plus solidaire et plus fort. En tant qu’ancien athlète, je sais que le sport est un levier puissant de résilience et de cohésion sociale. Pour notre pays et pour nos citoyens, il est de notre devoir de nous engager résolument en faveur d’une politique de sport pour tous, au service d’une France unie et en bonne santé.

Il nous faut repenser nos politiques publiques à travers le prisme du sport, réaffirmer ce qui fait la force de la France : la santé de ses citoyens, la vitalité de son économie, la cohésion de son peuple et son rayonnement international. Cela signifie placer le sport au cœur d’un projet global, qui valorise l’effort, le mérite et la solidarité. Le sport n’est pas un simple loisir. Il est une école de vie, un rempart contre la déliquescence sociale et un outil puissant pour construire une nation forte et souveraine. C’est le moment de redonner au sport la place qu’il mérite dans notre projet politique.

1 Source fédération des diabétiques 2022

2 Source : observatoire de la prévention 2019

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Photo Serge Girard

Maire de la Commune de Grainville-Ymauville 2020-2026 Vice-Président du Pôle Métropolitain de l’Estuaire de la Seine 2022-2026 Président de l’intercommunalité Campagne de Caux 2022-2026

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