Des millions de véhicules équipés de moteurs PureTech inquiètent leurs utilisateurs depuis des années. Pannes, surconsommation d’huile, et usure prématurée ont entraîné des pertes pour Stellantis et de nombreuses actions en justice. Mais le constructeur répond avec une plateforme d’indemnisation, des garanties étendues, et une prime à la reprise. Ces mesures suffiront-elles à regagner la confiance des automobilistes ?
Stellantis : une plateforme d’indemnisation pour les moteurs PureTech
Depuis le 16 janvier 2025, Stellantis, maison-mère de Peugeot, Citroën, DS et Opel, déploie une plateforme d'indemnisation en ligne pour les propriétaires de véhicules équipés de moteurs PureTech. Cette décision marque une étape majeure dans la gestion des retombées des défaillances techniques ayant touché des centaines de milliers de véhicules en Europe. Alors que l'action collective contre Stellantis regroupe déjà plus de 5 000 plaignants, le constructeur tente de tourner la page d'un scandale qui a terni sa réputation.
Les problèmes des moteurs PureTech : une crise technique et commerciale
Depuis leur lancement en 2012, les moteurs PureTech de 1,0 litre et 1,2 litre ont connu des problèmes récurrents. Les plaintes des automobilistes mentionnent principalement :
- Usure prématurée des courroies de distribution : Ces courroies baignant dans l'huile se désagrègent, entraînant des pannes moteur et une surconsommation d'huile.
- Risque d'accident : Une alerte de la Commission européenne en 2020 indiquait une potentielle perte d'assistance au freinage due à l'usure des courroies.
- Pannes fréquentes : Des milliers de cas rapportés sur les réseaux sociaux et auprès des concessions ont révélé des blocages moteur graves.
Selon les estimations, environ 200 000 véhicules sont directement concernés en France. La mauvaise publicité a entraîné une chute de 7 % des ventes de véhicules neufs pour Stellantis en 2024, aggravant les tensions autour de ces moteurs.
Une plateforme d'indemnisation : Stellantis tente de se racheter
Pour répondre aux plaintes, Stellantis a lancé une plateforme dédiée à l'indemnisation des propriétaires touchés. Accessible depuis le 16 janvier 2025, cette initiative couvre :
- Période concernée : Les réparations effectuées entre janvier 2022 et mars 2024.
- Conditions d’éligibilité :
- Les entretiens et réparations doivent avoir été réalisés dans le réseau agréé Stellantis.
- Les véhicules doivent avoir moins de 10 ans ou moins de 175 000 km.
- Délai de traitement des dossiers : Stellantis promet une réponse sous un mois et demi.
Cette plateforme, accessible ici https://stellantis-support.com/v2/, marque une première dans l'industrie automobile, par son caractère rétroactif et sa couverture étendue. Elle vise à restaurer la confiance des clients, notamment en France et en Espagne, avant un déploiement dans d'autres pays européens.
Une prime à la reprise : un geste marketing efficace ?
En parallèle, Peugeot propose une prime à la reprise de 700 euros, valable jusqu'à fin janvier 2025. Cette offre est conditionnée à :
- L'achat d'un véhicule hybride neuf.
- La reprise d'un véhicule équipé d’un moteur PureTech défaillant.
Cependant, cette mesure soulève des interrogations. Les nouveaux véhicules proposés sont équipés des mêmes moteurs PureTech, bien que ceux-ci aient été modifiés avec une chaîne de distribution censée résoudre les problèmes techniques. Les clients hésitent, craignant des défauts persistants.
Conditions de la prime à la reprise
Critères | Détail |
---|---|
Montant de la prime | 700 euros |
Type de véhicule repris | Moteur PureTech 1,2 litre défaillant |
Condition d'éligibilité | Achat d'un véhicule hybride neuf |
Période de validité | Jusqu’au 31 janvier 2025 |
Les garanties étendues : suffisant pour rassurer les clients ?
Stellantis a également annoncé une extension des garanties pour apaiser les craintes des automobilistes. Les nouvelles garanties couvrent :
- Durée : 10 ans ou 175 000 km pour certains moteurs.
- Éléments pris en charge : Moteur, boîte de vitesses, chaîne de traction.
- Conditions : Les réparations doivent être effectuées exclusivement dans les garages agréés.
Avec ces garanties étendues, Stellantis tente de fidéliser les clients, mais elles arrivent après des années de critiques et de dysfonctionnements massifs, ce qui pourrait largement réduire l’efficacité de cette extension.
Les limites de la réponse de Stellantis
Malgré ces mesures, plusieurs points restent en suspens :
- Action collective en cours : Plus de 5 000 automobilistes, représentés par Christophe Lèguevaques, prévoient de déposer une plainte au pénal en février 2025.
- Coût pour les automobilistes : Les réparations passées, souvent coûteuses, ne sont pas entièrement couvertes.
- Fiabilité des nouveaux modèles : Les consommateurs craignent que les moteurs PureTech, même modifiés, ne présentent encore des défauts.
Une tentative de rédemption pour Stellantis
Stellantis a pris des mesures importantes pour gérer la crise des moteurs PureTech, mais leur efficacité reste à prouver. Entre indemnisation, primes et garanties étendues, le constructeur espère tourner la page d'un scandale coûteux. Cependant, l'action collective et les réticences des clients montrent que la confiance ne sera pas regagnée du jour au lendemain.