Taux variables pour les crédits immobilier : non, la BCE ne veut pas les imposer

Les crédits immobiliers subissent de plein fouet la situation tendue liée à l’augmentation des taux directeurs de la BCE. Les banques augmentent leurs taux d’intérêt pour les clients les quels se retrouvent coincés par le taux d’usure qu’il est interdit de dépasser. Mais une rumeur aurait eu de quoi inquiéter les futurs emprunteurs : l’obligation de prendre un crédit à taux variables…

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 23 mars 2023 à 10h02
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3,05%Le taux d'usure en France est passé à 3,05% au 1er octobre 2022.

Taux variables vs taux fixes : deux pratiques très différentes

Dans le secteur du crédit immobilier, il y a deux écoles : celle du taux variable et celle du taux fixe. En France, c’est la deuxième qui prévaut largement : l’emprunteur sait dès la signature du crédit quel est le taux d’intérêt qui sera appliqué. Le taux étant fixe, les mensualités ne bougent que de quelques euros sur la durée et peuvent être calculées avec précision du début à la fin du crédit. Ainsi, l’emprunteur sait exactement combien d’argent il devra mettre chaque mois pour payer sa maison… ce qui est rassurant et pratique.

Mais dans d’autres pays européens, les taux variables sont bien plus utilisés. Or ceux-ci présentent des avantages et des risques, le taux d’intérêt évoluant en fonction notamment des taux directeurs. Lorsque le taux du crédit immobilier augmente, forcément, les mensualités augmentent en conséquence ; lorsque le taux baisse, elles baissent.

De fait, avec les taux variables, l’emprunteur peut se retrouver à la fin du crédit à avoir payé plus ou moins que prévu, mais sans pouvoir l’anticiper.

La BCE veut-elle imposer les taux variables en France ?

Selon un article du Parisien publié le 22 novembre 2022, la BCE aurait eu en projet d’imposer les taux variables aux banques françaises, en vertu des « accords de Bâle ». Ceux-ci, explique le journal, impliquent que les banques doivent mieux sécuriser leurs fonds. Les taux variables faisant porter le risque du crédit sur le client et non sur la banque, ils auraient pu être généralisés.

Or, les taux variables sont une véritable épée de Damoclès sur les emprunteurs : si en cours de crédit le taux augmente de manière trop élevée, l’emprunteur peut se retrouver dans l’impossibilité de payer ses mensualités.

Le taux variable est d’ailleurs une des raisons qui ont conduit à la crise des subprimes en 2008. Les emprunteurs ont vu leurs taux, et donc leurs mensualités, exploser à cause de malversations financières des banques. Une vague de faillites personnelles a frappé le secteur immobilier conduisant à la chute de la banque Lehman Brothers et à la grande crise économique des années 2010.

Les banques pourront toujours faire ce qu’elles veulent

L’inquiétude a bondi à la suite de l’article du Parisien : la France allait-elle se retrouver dans une situation où le secteur immobilier devenait instable ? Surtout qu’avec la hausse des taux directeurs, les taux variables auraient eu tendance à augmenter, et donc à mettre en difficulté les emprunteurs.

Finalement, il semblerait que les inquiétudes sont infondées. Interrogée par Ouest-France le 24 novembre 2022, l’institution bancaire européenne assure : « elle n’a pas l’intention d’imposer aux banques l’utilisation de taux variables ». La BCE rappelle qu’elle n’a pas « à interférer » entre la banque et son client.

De fait, si la part des taux variables sur le marché du crédit immobilier français augmente dans les mois et années à venir, ce ne sera pas le fait de la BCE. Ce seront les banques elles-mêmes qui seront à l’origine de ce changement de paradigme.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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