Les titres restaurant font perdre 145 euros par an aux salariés

Les titres restaurant sont censés être une manière d’améliorer le pouvoir d’achat des salariés. Et ce grâce au paiement de plus de la moitié de la valeur de ces derniers par l’entreprise. Sauf qu’à cause de leur validité qui n’est pas éternelle, les salariés sont en réalité perdants lorsqu’ils ne les utilisent pas. Et on parle de plus de 100 euros de perdus par an.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 4 janvier 2023 à 11h31
Titres Restaurant Avantage Tickets
@shutter - © Economie Matin
13 EUROSLe plafond des titres restaurant a augmenté à 13 euros en 2023.

700 millions d’euros perdus, ou plutôt reversés, chaque année

Selon les données officielles, les titres restaurant bénéficient à 4,8 millions de salariés en France. Ils les cofinancent avec leur entreprise : cette dernière paye entre 50% et 60% de la somme, qui est ainsi défiscalisée. Le reste est à la charge de l’employé bénéficiaire. La valeur faciale, elle, est fixée par l’employeur.

Et chaque année, ce sont près de 7,5 milliards d’euros de titres restaurant qui sont émis… mais tous ne sont pas utilisés. On estime que 10% de cette somme n’est pas dépensée, en forte hausse depuis 2014 et la dématérialisation. Soit près de 700 millions d’euros. Lorsque les titres restaurant étaient sous la forme de chèque papier, seulement 0,5% des sommes n’étaient pas dépensées, soulignent Les Echos.

Or, avec l’augmentation du plafond en 2023, passé de 11,84 euros à 13 euros, les sommes non dépensées risquent d’augmenter en conséquence. Et les pertes des salariés également.

Pas de remboursement des titres restaurant non dépensés

Les titres restaurant ont en effet une date de validité : ils périment le 31 mars de l’année suivant leur émission. Soit le 31 mars 2023 pour les titres restaurant émis en 2022. Les salariés peuvent toutefois reporter les sommes, disponibles sur leur compte, d’une année sur l’autre. Une bonne nouvelle, mais elle ne conduit pas à plus de dépenses. Les montants s’accumulent alors, d’une année sur l’autre.

Or, c’est un problème : ces sommes ne peuvent pas être dépensées en une seule fois. Les titres restaurant ne peuvent permettre de payer que jusqu’à 25 euros par jour, que ce soit dans des restaurants qui les acceptent ou pour les courses. Sauf que pour 25 euros dépensés le jour J, plus de 10 euros se rajoutent. Réussir à les dépenser devient impossible. Surtout qu’avec le développement du télétravail, les salariés ne vont plus forcément au restaurant durant leur pause déjeuner… et payent moins cher leur repas en le préparant à la maison.

Les titres restaurant font perdre du pouvoir d’achat (au lieu d’en faire gagner)

Conséquence paradoxale de cette situation : le pouvoir d’achat des salariés baisse. Alors que les titres restaurant sont censés améliorer le budget du ménage, ils ont l’effet inverse.

Les 700 millions d’euros qui ne sont pas dépensés chaque année représentent 145 euros par salarié. Et sur cette somme, environ la moitié, 70 euros, sont payés de la poche de ces derniers. Les titres restaurant conduisent donc à une perte de près de 6 euros par mois, par salarié.

Les sommes non utilisées et non reportées d’une année sur l’autre, de plus, ne sont pas remboursées. Elles sont reversées comme le prévoit la législation au CSE de l’entreprise ou aux œuvres sociales de celle-ci. Ni l’entreprise ni le salarié ne récupère un seul euro.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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