L’annonce de la suppression des aides à l’achat de vélos, prévue pour le 14 février 2025, suscite de vives inquiétudes au sein du secteur du cycle. Moins de trois mois après le prolongement de ces aides, qui devait court jusqu’en 2027, le décret n° 2024-1084 met un terme à une politique jugée efficace en matière d'écologie et de mobilité. Cette décision pourrait avoir des conséquences profondes tant sur le pouvoir d’achat des Français que sur l’industrie du vélo.
Des aides qui ont porté leurs fruits
Jusqu’à présent, le système d’aides à l’achat de vélos, comprenant le bonus écologique et la prime à la conversion, a été un véritable moteur pour les ventes. Alors que le bonus variait de 150 à 2 000 euros selon les typologies de vélos et les ressources des ménages, il a assuré un soutien significatif pour un grand nombre de consommateurs. En 2023, les aides à l’achat ont représenté un montant global de 40 millions d'euros.
Ce cadre de soutien a été instauré dans le cadre du Plan Vélo et Marche 2023-2027, dont l’objectif principal était d’encourager l’adoption du vélo à travers une aide financière accessible à tous. Maxime Le Hyaric, représentant de l’Alliance pour le vélo, témoigne de cette dynamique : « Les aides de l'État à l'achat d'un vélo étaient un signal fort de soutien au développement du vélo. » Cependant, avec la suppression imminente des aides, ces efforts pourraient être désormais voués à l'échec.
Une politique remise en question
La décision de l’État de rayer ces régimes d’aides va à l’encontre des engagements pris l’année dernière, où le prolongement du bonus vélo avait été accompagné de l'introduction d'aides supplémentaires pour l’achat de vélos d’occasion. L’Alliance pour le vélo souligne que cette rupture remet en cause les avancées réalisées, tant en matière d’accessibilité financière qu’en termes de transition écologique.
L’industrie du cycle, déjà éprouvée par une baisse de 24 % de la production de vélos en France par rapport à 2022 et un recul de 13 % des ventes, se trouve face à une situation alarmante. La fin des aides risque de démotiver les acheteurs potentiels, alors même que les véhicules électriques continuent de bénéficier de mesures incitatives. Ce risque d'invisibilité pourrait exacerber le déclin d’un secteur qui se battait pour sa pérennité en adaptant ses offres et ses services à un public de plus en plus large.
Les plus vulnérables en première ligne
Le retrait des aides à l’achat de vélos se traduira également par une exclusion accrue des personnes en situation de précarité ou de handicap. En effet, ces aides étaient particulièrement avantageuses pour les ménages à faibles revenus, souvent les premiers bénéficiaires de ces dispositifs. « En plus de laisser tomber le vélo, l’État abandonne les plus modestes, premiers bénéficiaires ! » affirme Le Hyaric. Les cycles adaptés ont des coûts prohibitifs, ce qui rend leur accessibilité encore plus difficile pour ces populations vulnérables.
La recentralisation des aides envisageait d'encourager l'inclusivité et l'accessibilité via le vélo, mais cette suppression pourrait freiner ces ambitions. Dans un contexte de crise écologique et de hausse des inégalités, l’abandon d’un soutien public à cette échelle semble contradictoire avec les objectifs de transition écologique et d’équité sociale que le gouvernement prétend défendre.
Conclusion
La fin des aides à l’achat de vélos prévue pour février prochain s’annonce comme un tournant inquiétant pour la mobilité douce en France. Alors que le gouvernement met en avant la nécessité de réduire la dette publique, les acteurs du secteur du cycle et de l'inclusivité ne peuvent que déplorer une gestion sans concertation d'une politique qui avait prouvé son efficacité. L'accompagnement du vélo, modalité de transport de plus en plus prisée, pourrait ainsi être sérieusement entravé, précarisant un peu plus un secteur déjà en difficulté et nuisant aux plus fragiles de notre société.
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