Les États-Unis profitent de leur culture de la réussite

La perspective d’une baisse des taux d’intérêt aux États-Unis s’éloigne. La vigueur de l’économie américaine sans reprise de l’inflation justifie pour l’instant le maintien du coût de l’argent à son niveau actuel.

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Par Jacques de Panisse Publié le 14 avril 2024 à 8h30
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10%Depuis mi-mars, les cours du pétrole ont progressé de plus de 10%.

Les dernières statistiques révèlent une accélération des créations d’emplois du secteur privé en mars. Simultanément, la croissance du salaire moyen continue de fléchir, à 4,1%, son plus bas niveau depuis presque trois ans. Ainsi, le principal facteur susceptible de réveiller l’inflation future semble maîtrisé.

En Europe, la situation est plus fragile et il semblerait que la BCE soit sans doute contrainte d’intervenir avant la FED. En effet, l’inflation ne cesse de refluer tandis que l’activité économique demeure dans l’ensemble bien médiocre, malgré des améliorations récentes qui mériteraient d’être confirmées. Christine Lagarde devra cependant convaincre ses collègues allemands, très attentifs au moindre risque de résurgence inflationniste. Or, depuis mi-mars, les cours du pétrole ont progressé de plus de 10%. De plus, une diminution des taux directeurs européens devrait déclencher un affaiblissement de l’euro face au dollar, augmentant de ce fait le coût de l’énergie importée et plus généralement des matières premières, le plus souvent réglées en dollars. La modération ou la poursuite de la tendance haussière du pétrole, du cuivre, de l’aluminium…, dans les semaines qui viennent, devrait encourager ou repousser la décision de baisse des taux directeurs européens.

Un troisième acteur mondial interfère dans ces jeux d’équilibre, la Chine. Le consommateur chinois ne s’est jamais vraiment remis de la crise du Covid. Cette demande domestique amoindrie se manifeste alors que l’industrie chinoise - portée par l’élan de la décennie 2010 - bénéficie de capacités de production inégalées, financées par des investissements considérables dans des secteurs souvent liés à des technologies récentes. Tout naturellement, la production manufacturée chinoise, dotée de prix particulièrement compétitifs, après avoir saturé un marché intérieur plutôt réticent, s’est orientée vers l’exportation et plus précisément vers l’Europe. Les voitures électriques et les panneaux solaires chinois – parmi d’autres - viennent nourrir une désinflation européenne qui réconforte les instances politiques et financières. Malheureusement, dans le même temps, ces importations chinoises asphyxient sans vergogne l’industrie du vieux continent.

Non seulement l’Europe n’a pas su inciter ses entreprises à investir, par une fiscalité appropriée, des charges sociales moins lourdes et des normes moins complexes, mais elle a ouvert ses marchés aux produits importés qu’elle exonère des contraintes imposées à ses propres membres. Dans certains pays très endettés, la sanction pourrait être double. En bridant leurs investissements du fait d’une fiscalité plus élevée, les entreprises prépareront leur moindre compétitivité future tandis que le consommateur, appauvri par des prélèvements accrus, favorisera les produits les moins chers, fabriqués hors d’Europe. Face à des puissances comme les États-Unis ou la Chine qui savent faire preuve de pragmatisme économique, l’Europe s’enlise dans l’idéologie de la bonne conscience.

Aux États-Unis, l’aide massive fournie à l’investissement par l’IRA (Inflation Reduction Act) dynamise l’activité et permet de renforcer une productivité grandissante. L’avance technologique américaine est dominante, le privilège de la monnaie de référence mondiale est un atout considérable qui demeure et facilite l’acceptation du niveau très élevé de la dette. Le monde politique américain, malgré des opinions qui paraissent divergentes, adhère à cette volonté de maintenir une suprématie mondiale. Deux constantes se retrouvent : la culture de la réussite et la perspective économique en toile de fond.

La cohérence des objectifs et la cohésion des acteurs sont des garanties de performance dans la durée. C’est ce qui explique la confiance de Wall Street et l’intérêt d’Optigestion pour le marché américain.

Jdpanisse

Jacques de Panisse est président du directoire, gérant et associé d'Optigestion. Après un début de carrière dans le marketing grande consommation, chez Jacques Vabre puis Kellog's, il s’oriente dès 1987 vers la gestion d’actifs financiers. Après avoir passé 7 ans au CCF, comme responsable de la gestion de portefeuilles à l’agence centrale, puis gérant à la BPI (section grands comptes du groupe), Jacques de Panisse choisit de rejoindre Optigestion en 1996.

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