Viande rouge et grosses cylindrées : quand la virilité devient un fardeau climatique

En France, les hommes affichent une empreinte carbone bien plus élevée que les femmes, principalement à cause de leurs choix en matière d’alimentation et de mobilité. Une récente étude éclaire les liens entre consommation, genre et pollution, en montrant que nos gestes quotidiens ne sont jamais neutres.

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 19 mai 2025 11h30
Viande rouge et grosses cylindrées : quand la virilité devient un fardeau climatique
Viande rouge et grosses cylindrées : quand la virilité devient un fardeau climatique - © Economie Matin
26%Chez les femmes, l'alimentation et les déplacements occasionnent 26% d'émission de CO2 de moins que chez les hommes.

Les hommes consomment plus… et polluent plus

Une étude publiée le 14 mai 2025 par le Grantham Research Institute (qui fait partie de la London School of Economics) et le Center for research in Economics and Statistics (CREST), réalisée auprès de 2.100 Français, révèle que les hommes émettent en moyenne 26% de CO₂ de plus que les femmes, à dépenses égales. Cette différence provient majoritairement de deux postes-clés : la viande rouge et la voiture. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5,3 tonnes de dioxyde de carbone pour les hommes contre 3,9 pour les femmes, uniquement pour les transports et l’alimentation. Deux secteurs qui représentent à eux seuls la moitié de l’empreinte carbone moyenne des ménages.

Ce n’est pas une question d’appétit ni d’obligations professionnelles, mais de préférences ancrées. La voiture reste perçue comme un attribut de puissance, et la viande rouge comme un symbole de virilité. Les chercheurs parlent de « normes de genre » qui influencent fortement les habitudes. À titre d’exemple, les hommes passent plus de temps derrière un volant, optent plus souvent pour des véhicules individuels, et privilégient des régimes riches en protéines animales, souvent au détriment de l’environnement.

Quand la vie de couple modifie (ou aggrave) les pratiques

Les femmes seules affichent une empreinte carbone plus faible. Mais une fois en couple, la tendance s’inverse : elles consomment davantage de viande rouge et adoptent des habitudes alimentaires similaires à celles de leurs partenaires masculins. Les repas sont partagés, les courses faites à deux… et les bons gestes écologiques s’estompent. Les données de l’étude montrent une convergence vers des choix plus carbonés au sein des foyers bi-adultes.

Côté mobilité, les écarts se creusent dans l’autre sens. Les hommes en couple, surtout avec enfants, continuent à assumer la majorité des trajets professionnels longs. Ces déplacements en voiture alourdissent considérablement leur bilan carbone. Pendant ce temps, leurs conjointes travaillent souvent plus près de chez elles, ou réduisent leurs trajets, parfois par choix, parfois par nécessité. Une répartition inégalitaire des rôles domestiques qui, elle aussi, pèse sur les émissions.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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