Voiture électrique : l’UE est au bord de l’impasse

La Cour des comptes européenne a publié, le lundi 22 avril 2024, un rapport sur la transition vers la voiture électrique. Les conclusions de ce dernier sont loin d’être optimistes. Sans un sursaut de la part des 27 pays membres de l’Union européenne, l’objectif de neutralité carbone ne sera pas atteint, et son pari d’interdire les véhicules thermiques en 2035 pourrait s’avérer désastreux pour les consommateurs.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 23 avril 2024 à 19h00
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Les voitures thermiques polluent toujours autant

L'Union européenne s'est fixé comme objectif ambitieux d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Pourtant, selon un rapport de la Cour des comptes européenne publié lundi 21 avril 2024, les avancées actuelles ne sont clairement pas à la hauteur des ambitions du Vieux Continent. Le premier échec de l'Union européenne qui est souligné par le rapport de la Cour des Comptes européenne concerne les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre des véhicules à moteurs thermiques. Comme le précise Nikolaos Milionis, l'un des auteurs du rapport, « malgré des ambitions fortes et des exigences strictes, la plupart des voitures thermiques actuelles émettent toujours la même quantité de CO2 qu'il y a 12 ans ». Autrement dit, bien qu'il y ait eu des progrès technologiques, ces derniers n'ont finalement aucun effet, puisque les nouveaux moteurs sont plus lourds et consomment par conséquent plus que les anciens. Et cette tendance n'épargne pas les véhicules hybrides rechargeables. Toujours selon le rapport, ces types de véhicules, bien qu'ils soient généralement classés comme faibles émetteurs, affichent en réalité un écart de 250 % entre les émissions en laboratoire et celles constatées sur route.

Deuxième échec pointé du doigt par la Cour des comptes européenne : le développement des carburants alternatifs tels que les biocarburants et l'hydrogène. Selon les conclusions du rapport, la production de biocarburants, en plus d'être désordonnée, leur production n'est « pas viable à grande échelle », et elle leur pose des dilemmes éthiques, notamment en ce qui concerne la préservation de l'environnement.

L'Europe en passe de rater sa transition vers la voiture électrique

Avec l'interdiction des ventes de voitures thermiques prévue en 2035, les deux éléments évoqués plus haut pourraient avoir une importance moindre, puisque l'objectif de neutralité carbone repose ainsi sur la voiture électrique. Mais là aussi, selon le rapport de la Cour des Comptes européenne, le Vieux Continent est plus qu'à la traîne. Premier écueil à la transition vers la voiture électrique : le manque de bornes de recharge. Comme le souligne le rapport, 70 % des points de recharge sur le Vieux Continent sont concentrés dans seulement 3 pays sur 27 : la France, l'Allemagne et les Pays-Bas. Second obstacle, et non des moindres : la production de batteries. Le rapport de la Cour des comptes européenne alerte ainsi sur la « dépendance extrême » de l'Europe « aux importations de ressources en provenance de pays tiers » et il rappelle par la même occasion qu'elle « ne dispose pas d'accords commerciaux satisfaisants » avec ces derniers, ce qui représente « des risques géopolitiques pour son autonomie stratégique ». L'Europe importe en effet « 87 % de son lithium brut d'Australie, 80 % de son manganèse d'Afrique du Sud et du Gabon, 68 % de son cobalt de la République démocratique du Congo et 40 % de son graphite de Chine ». De ce fait, le Vieux continent n'est en capacité de produire que 10 % de la production mondiale de batteries, tandis que la Chine peut se targuer de produire 76 % de la production globale.

Conséquence : le coût de production d'une seule batterie pour une voiture électrique européenne peut grimper jusqu'à 15.000 euros. Les voitures électriques, qui se vendent surtout grâce aux aides publiques, pourraient bientôt être inabordables. Cette éventualité est d'autant plus préoccupante que plusieurs pays, tels que l'Allemagne ou la France, envisagent de réduire les aides publiques. Conclusions du rapport de la Cour des Comptes européenne ? La transition vers la voiture électrique demeure le seul moyen d'atteindre la neutralité carbone, mais sans un engagement ferme des pays membres de l'Union européenne, cet objectif ne sera qu'un mirage, et la mobilité pourrait s'imposer comme un nouveau marqueur social.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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1 commentaire on «Voiture électrique : l’UE est au bord de l’impasse»

  • Je l’ai dit hier dans un précédent commentaire : la voiture électrique est en train de dévoiler ce qu’elle est : une abyssale arnaque. J’ajoute qu’elle est une absurdité au plan technologique et financier. Il faut cesser cela tout de suite. Puisque l’UE a le curseur bloqué sur, à terme, la « neutralité carbone » (absurde en soi puisque les autres pays des autres continents s’en moquent éperdument or l’atmosphère terrestre n’est pas « sécable ») il vaut mieux qu’elle porte tous ses efforts sur le carburant hydrogène qui est plus facile et moins cher à produire et est nettement moins nocif pour l’environnement que le nucléaire, le photovoltaïque et l’éolien. L’UE et la finance est purement et simplement en train de faire dépérir la planète. Qui paie ses gabegies et qui paiera ses erreurs dans ses choix en matière énergétique et technologique ? L’avenir proche nous le dira sans tarder.

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