Volkswagen se tourne vers la Chine pour sauver ses usines européennes 

Entre la stagnation des ventes de voitures électriques, la pression des coûts et la montée en puissance des concurrents asiatiques, le constructeur allemand Volkswagen est contraint de revoir ses priorités. Officiellement, le groupe vise quatre milliards d’euros d’économies. Mais en coulisses, un plan bien plus stratégique se dessine : s’ouvrir aux investissements chinois pour garantir la survie de ses sites de production.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 29 janvier 2025 à 14h55
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Volkswagen se tourne vers la Chine pour sauver ses usines européennes  - © Economie Matin

Volkswagen s'ouvre aux partenaires chinois pour sa survie

L'idée d'une collaboration sino-allemande n'est pas nouvelle, mais elle prend une tournure plus urgente pour Volkswagen. Le constructeur, en surcapacité en Europe, cherche à rentabiliser ses usines sous-utilisées et voit dans les investisseurs chinois une solution potentielle. Selon le Financial Times, des discussions auraient déjà eu lieu avec un constructeur automobile chinois pour produire sur le sol européen.
D’après Gernot Döllner, directeur général d’Audi, cette coopération pourrait permettre de contourner les taxes douanières imposées aux marques chinoises en Europe. David Powels, directeur financier de Volkswagen, adopte une posture pragmatique : « Dans un monde dynamique, il faut garder toutes les options ouvertes. »

Deux sites de production allemands sont au cœur de ces tractations : Osnabrück et Dresde.

  • L’usine de Dresde, où est fabriquée la Volkswagen ID.3, ne dispose d’aucune garantie au-delà de fin 2025.
  • Osnabrück, qui assemble actuellement le cabriolet T-Roc, voit son horizon s’assombrir à partir de 2027.

Ces sites sont des candidats naturels pour un partenariat avec des acteurs chinois cherchant à produire directement en Europe. Toutefois, les Chinois seront-ils intéressés par ces usines, malgré des coûts de production plus élevés qu’en Asie ?
Le 20 décembre 2024, Volkswagen a annoncé 35 000 suppressions de postes en Allemagne et la revente possible de son usine d’Osnabrück. Une option alternative est désormais sur la table : confier tout ou partie de la production à un constructeur chinois.

Un pari risqué pour l’industrie allemande

Historiquement, Volkswagen a prospéré en Chine, réalisant jusqu’à 50 % de ses bénéfices sur ce marché. Mais aujourd’hui, la donne change. Les consommateurs chinois privilégient désormais les constructeurs locaux, plus avancés sur le segment électrique. L'an dernier, les ventes du groupe allemand y ont chuté de 10 %.

Volkswagen entretient déjà des liens solides avec plusieurs groupes chinois :

  • SAIC, son partenaire historique, qui contrôle la marque MG.
  • FAW, autre acteur clé avec qui Audi collabore sur des modèles électriques.
  • Xpeng, une start-up dans laquelle Volkswagen a investi pour tenter de rattraper son retard technologique.

Le constructeur explore donc une nouvelle voie : attirer ces partenaires chinois en Allemagne pour rentabiliser ses infrastructures tout en garantissant un minimum de production locale.

Si cette stratégie permettrait de préserver des emplois et d’éviter des fermetures d’usines, elle soulève plusieurs questions :

  • Une perte de souveraineté industrielle ? L'Allemagne a déjà refusé par le passé des acquisitions chinoises dans des secteurs stratégiques (comme l'achat du roboticien Kuka en 2016).
  • Une dépendance renforcée ? Face à une Chine toujours plus agressive sur le marché automobile, Volkswagen risque d’accélérer l’influence de Pékin en Europe.
  • Des barrières politiques ? Des figures politiques allemandes, comme Friedrich Merz, mettent en garde contre un trop grand rapprochement avec la Chine.

Toutefois, les syndicats et les milieux économiques se montrent moins réticents. « Nous avons des constructeurs américains depuis longtemps en Allemagne. Pourquoi les Chinois ne seraient-ils pas aussi les bienvenus ? » déclarait récemment Jürgen Kerner, de la fédération IG Metall.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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