Paris serre les freins sur la gratuité. Alors que les trajets à vélo électrique faisaient partie du quotidien de milliers d’abonnés, Vélib coupe court à l’avantage. Une décision tarifaire qui tombe au plus mauvais moment.
Votre abonnement Vélib va augmenter, sans services supplémentaires

Le 12 août 2025, le service de vélos en libre-service Vélib, très utilisé dans Paris et sa périphérie, connaîtra une transformation majeure. L’Agence métropolitaine des mobilités partagées (Agemob), anciennement Syndicat Autolib’-Vélib’ Métropole, a voté une nouvelle grille tarifaire, supprimant notamment un avantage emblématique des abonnés V-Max. Cette réforme intervient alors que le système est ébranlé par une vague de vols et de dégradations sans précédent.
Vélib à Paris : hausse des tarifs et fin des trajets gratuits pour les abonnés V-Max
Les 190 000 abonnés à la formule V-Max voient leur contrat modifié en profondeur. Pour un abonnement mensuel maintenu à 9,30 euros, ils bénéficiaient jusqu’ici de deux trajets gratuits par jour en vélo électrique, d’une durée maximale de 45 minutes chacun. Ce ne sera plus le cas.
Dès le 12 août, chaque trajet sera facturé 0,50 euro pour les deux premiers dans la journée, puis 2 euros à partir du troisième. Cette mesure ne s’appliquera pas aux usagers bénéficiant du tarif solidaire. Par ailleurs, les jeunes et les seniors profiteront d’une réduction de 25 % sur le coût des trajets.
Paris revoit tous les tarifs Vélib : des hausses en série
Les autres formules ne sont pas épargnées. Le tarif de l’abonnement V-Plus, réservé aux vélos mécaniques, passera de 3,10 euros à 4,30 euros par mois. Pour les utilisateurs très occasionnels, l’offre V-Libre coûtera désormais 6 euros à l’inscription, en créditant l’équivalent en minutes prépayées. Ce changement vise à responsabiliser les usagers et à assurer une meilleure couverture du service.
Le président de l’Agemob, Sylvain Raifaud (Les Écologistes), justifie cette revalorisation tarifaire par la nécessité de « financer l’amélioration de la régulation » et de réduire le nombre de stations vides ou saturées, un problème récurrent du réseau.
Une crise structurelle : 3 000 vélos disparus en un mois à Paris
Au-delà de la tarification, c’est un véritable naufrage opérationnel que traverse Vélib. Rien qu’en juillet 2025, 3 000 vélos ont disparu. Le parc devrait théoriquement compter 20 000 unités. Mais les vols et les dégradations se sont multipliés à un niveau alarmant, comme le reconnaît l’Agemob.
« Ce ne sont que quelques centaines de fraudeurs, mais ça suffit à mettre le système en l’air », alerte Sylvain Raifaud. Certains des vélos volés auraient même été repérés à l’étranger. Pendant ce temps, les stations parisiennes se vident ou laissent des carcasses inutilisables : écrans éteints, batteries vides, mécaniques défaillantes. Les Vélib deviennent l'un des symboles d'une insécurité du quotidien, où certaines personnes s'acharnent sur ce qui ne leur appartient pas et pénalisent toute une frange de la population par leur comportement.
Infrastructures en péril, opérateur sous pression
La pression s’accentue sur Smovengo, l’opérateur en charge du service jusqu’en 2032. L’échéance des élections municipales de 2026 pourrait relancer le débat sur sa gestion, alors que la rentabilité du système est remise en cause.
Pour contrer cette spirale négative, Vélib mise donc sur la hausse tarifaire, un choix assumé, bien que controversé. En parallèle, des pénalités financières sont instaurées pour les utilisateurs rendant les vélos hors station ou en mauvais état : 8 euros de pénalité, voire jusqu’à 38 euros dans certains cas. Si les pénalités appliquées aux usagers qui ne rendent pas leur Vélib correctement paraissent normales, l'augmentation de l'abonnement montre que le mauvais comportement de quelques-uns rejaillit sur tous.
La suppression des trajets gratuits et la flambée des prix s’inscrivent dans un contexte où la pérennité même du système est fragilisée. Ce tour de vis tarifaire risque de transformer durablement les usages. Vélib paie aujourd’hui au prix fort la négligence, voire la malveillance, de certains usagers et l’inefficacité d’un modèle devenu vulnérable. Les Franciliens, eux, devront désormais pédaler plus cher… et espérer que le vélo qu’ils décrochent tienne la route.
