Votre eau potable coûte de plus en plus cher

Pouvez-vous boire votre eau potable ? Oui, mais cela coûte de plus en plus cher à votre ville. L’UFC-Que-Choisir vient de publier une étude montrant que les traitements dépollution sont de plus en plus coûteux, ce qui alourdit d’autant la facture pour les collectivités territoriales déjà à l’os.

Ade Costume Droit
By Adélaïde Motte Last modified on 18 novembre 2025 16h54
Votre Eau Potable Coute De Plus En Plus Cher
Votre eau potable coûte de plus en plus cher - © Economie Matin

Le 18 novembre 2025 marque une nouvelle alerte sur l’eau potable en France : les données publiées montrent une hausse vertigineuse des dépenses de dépollution, alors même que le taux de conformité des réseaux chute à 85 %. L’eau potable devient un sujet économique majeur, et les collectivités, confrontées à des pollutions multiples, voient leurs coûts exploser sous l’effet cumulé des pesticides, des nitrates et des nouvelles normes.

Une dépollution toujours plus coûteuse pour les collectivités

La dépollution de l’eau potable atteint désormais des montants inédits. Les chiffres disponibles montrent que les dépenses supportées par les collectivités étaient déjà estimées à 13 milliards d’euros fin 2024, tandis que plus de 1 milliard d’euros par an est engagé rien que pour les traitements liés aux pesticides et aux nitrates. Ce coût massif repose encore « presque exclusivement sur les consommateurs », d’après l’UFC-Que Choisir. De plus, la hausse du prix moyen du mètre cube atteint +16 % en deux ans et demi, ce qui alourdit inévitablement la facture des ménages. Ainsi, malgré les efforts des collectivités, l’eau potable devient un service plus coûteux, car les installations doivent intégrer des procédés de dépollution toujours plus exigeants et plus onéreux.

Les exigences réglementaires contribuent également à la hausse du coût de l’eau potable. Les nouvelles règles imposent des traitements renforcés pour éliminer pesticides, nitrates et micropolluants. Les techniques de filtration membranaire, par exemple, peuvent coûter « jusqu’à quatre fois plus » que les traitements classiques pour les petites collectivités, indique l’UFC-Que Choisir. Par ailleurs, les Agences de l’eau rappellent que la réforme de 2025 impose un affichage spécifique des redevances liées à la pollution non domestique, renchérissant la facture finale. Ces contraintes techniques et financières s’additionnent et expliquent pourquoi la dépollution devient un défi économique majeur, en particulier pour les petites communes qui doivent moderniser des infrastructures coûteuses pour garantir une eau potable conforme.

Une qualité d’eau potable sous pression mais sans danger pour les consommateurs

La qualité de l’eau potable en France reste globalement bonne, mais les indicateurs témoignent d’une dégradation préoccupante. En 2025, seuls 85 % des réseaux étaient conformes aux normes réglementaires, un recul de 10 points par rapport à 2021. Cette non-conformité croissante concerne principalement les traces de pesticides et de nitrates, dont la présence augmente dans certaines nappes phréatiques : l’UFC-Que Choisir estime que plus de 30 % des nappes présentent des teneurs préoccupantes. Ces chiffres s’expliquent par des pressions agricoles persistantes et par une pollution diffuse qui évolue plus vite que la capacité des infrastructures à se moderniser. Toutefois, malgré cette détérioration relative, les experts soulignent que les seuils mesurés restent très éloignés des niveaux réellement dangereux pour la santé.

Malgré l’inquiétude suscitée par l’explosion des coûts, il est essentiel de rappeler que l’eau potable reste sûre pour la très grande majorité des consommateurs. « Est-ce que je peux continuer à boire mon eau ? La réponse est oui, dans la très grande majorité des cas », affirme ainsi Olivier Andrault, chargé de mission alimentation-nutrition à l’UFC-Que Choisir. Les dépassements observés portent souvent sur des seuils réglementaires très bas, conçus pour garantir la meilleure qualité possible. En pratique, les marges de sécurité restent extrêmement importantes. Les réseaux contrôlés comme non conformes ne sont pas systématiquement dangereux : ils nécessitent des ajustements techniques, mais pas d’interdiction de consommation. Ainsi, malgré l’augmentation du coût de l’eau potable, les utilisateurs peuvent continuer à la boire en confiance, car les contrôles sont nombreux, stricts et activés en continu.

Pourquoi la facture de l’eau potable va continuer à augmenter

Si les coûts explosent aujourd’hui, c’est parce que les pollutions accumulées depuis plusieurs décennies touchent désormais les nappes les plus utilisées. Nitrates, pesticides anciens et nouveaux, résidus de molécules retirées du marché : tout converge pour rendre les traitements plus complexes. Les collectivités sont « en première ligne » pour absorber ces hausses. Étant donné que certaines technologies sont coûteuses et que leur installation nécessite un investissement durable, la facture ne peut qu’augmenter. Les collectivités doivent également multiplier les analyses, renforcer la surveillance et moderniser les réseaux pour rester conformes. Ce contexte pèse directement sur le prix de l’eau potable, qui continuera à progresser à mesure que les traitements doivent s’intensifier.

Les communes, surtout les plus petites, sont particulièrement exposées : elles doivent financer des équipements sophistiqués alors que leur base d’usagers est limitée. L’UFC-Que Choisir rappelle ainsi que certaines installations peuvent coûter jusqu’à quatre fois plus lorsque la station dessert peu d’habitants. À cela s’ajoute le fait que les consommateurs supportent encore l’essentiel du coût de la dépollution, alors que les pollueurs sont très peu mis à contribution. Cette situation conduit l’UFC à réclamer une application stricte du principe du « pollueur-payeur ». Dans l’état actuel du modèle, la facture de l’eau potable continuera donc d’augmenter. Les experts, les collectivités et les associations s’accordent sur un constat : la dépollution est devenue indispensable, complexe et coûteuse, et cette réalité a désormais un prix pour l’ensemble des usagers.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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