Les additifs alimentaires sont partout, des sauces aux sodas. Une nouvelle étude de l’Inserm suggère que certains mélanges pourraient accroître le risque de diabète de type 2. Une mise en garde qui relance la question de la régulation.
Diabète de type 2 : alerte aux additifs dans l’alimentation de tous les jours

Les « additifs », reviennent au cœur de l’actualité scientifique. Le 8 avril 2025, une étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) alerte sur le rôle potentiel de certains mélanges d’additifs alimentaires dans l’apparition du diabète de type 2. Pour la première fois, ce ne sont pas les effets isolés des substances qui sont pointés du doigt, mais bien leur interaction dans les produits transformés que consomment chaque jour des millions de Français.
Additif après additif : le piège de la combinaison
L’étude s’appuie sur les données de santé de 108 643 adultes suivis pendant près de huit ans dans le cadre de la cohorte NutriNet-Santé. Les chercheurs ont évalué l’exposition de ces participants à divers groupes d’additifs alimentaires, classés par familles chimiques et par fréquence de consommation. Résultat : sur cinq groupes étudiés, deux présentent une association significative avec un risque accru de diabète de type 2.
Premier groupe concerné : un mélange de colorants, conservateurs et émulsifiants, composé entre autres de curcumine, de sorbate de potassium, d’amidons modifiés, de pectine, de gomme de guar, de carraghénanes et de gomme xanthane. On les retrouve dans des produits courants : bouillons déshydratés, sauces, desserts lactés, matières grasses industrielles.
Le second mélange problématique cible les sodas et les boissons édulcorées. Il contient des acidifiants comme l’acide citrique ou l’acide phosphorique, des édulcorants (aspartame, sucralose, acésulfame-K), des colorants (caramel au sulfite d’ammonium, anthocyanes), et même un agent d’enrobage : la cire de carnauba.
Selon l’Inserm, ce sont précisément les effets de synergie ou d’antagonisme entre ces substances qui pourraient expliquer leur impact renforcé sur le métabolisme. Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm, précise dans Franceinfo : « D’autres études sont nécessaires afin d’élucider les mécanismes sous-jacents et approfondir la compréhension des synergies et des antagonismes potentiels entre ces additifs alimentaires. »
Ces produits du quotidien à la loupe
Les aliments concernés par ces mélanges sont familiers : sauces prêtes à l’emploi, crèmes dessert, bouillons cubes, sodas light… Autant de produits accessibles, parfois considérés comme anodins, mais souvent composés d’une liste complexe d’additifs alimentaires. L’étude ne remet pas en cause chaque substance individuellement, mais dénonce l’absence d’évaluation de leur combinaison, pourtant omniprésente dans l’alimentation moderne.
Marie Payen de la Garanderie, doctorante à l’Inserm et première autrice des travaux, souligne dans Santé Magazine : « Les résultats suggèrent que plusieurs additifs emblématiques présents dans de nombreux produits sont souvent consommés ensemble et que certains mélanges seraient associés à un risque plus élevé de cette pathologie. »
Le caractère observationnel de l’étude ne permet pas d’affirmer un lien de cause à effet, mais il justifie des mesures de précaution immédiates, selon les chercheurs. En clair, éviter autant que possible les produits ultratransformés, dont la formulation repose précisément sur ces mélanges complexes.
Une réglementation encore inadaptée
Aujourd’hui, les autorités sanitaires évaluent les additifs de manière isolée, en testant leur innocuité chacun de leur côté. Une pratique que cette étude remet frontalement en question. À ce jour, aucun cadre réglementaire ne prend en compte l’effet cocktail de ces substances lorsqu’elles sont combinées dans un même produit.
Pour l’Inserm, il est impératif de revoir cette approche. Dans l’attente d’un éventuel changement, les chercheurs encouragent les consommateurs à privilégier des aliments simples, peu transformés, aux listes d’ingrédients courtes et compréhensibles. Une attitude de bon sens face à une industrie agroalimentaire qui peine à reconnaître l’étendue du problème.
Alors que le diabète de type 2 touche près de 6 % des adultes en France, ces nouvelles données posent une question de fond : la réglementation actuelle protège-t-elle vraiment les consommateurs ?
