Supprimer deux jours fériés ? « Niet » pour 84 % des Français

La volonté de François Bayrou de supprimer deux jours fériés pour redresser le Budget 2026 se heurte à un mur. Entre austérité assumée et refus social, l’option des jours fériés sacrifiés réveille un attachement viscéral aux congés, mais aussi une défiance politique qui menace clairement le Premier ministre.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 25 août 2025 5h05
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12 MILLIARDS €Passer de l'ISF à l'IFI a entraîné une baisse des recettes fiscales de 12 milliards d’euros entre 2017 et 2023.

Le 24 août 2025, un sondage Odoxa pour Le Parisien confirme l’ampleur du rejet : 84 % des Français refusent la suppression de deux jours fériés, mesure censée rapporter 4,2 milliards d’euros au sein d’un plan de 44 milliards d’économies. Alors que les jours fériés ciblés — le lundi de Pâques et le 8-Mai — cristallisent la controverse, le débat oppose, d’un côté, une logique de Budget et d’austérité, et, de l’autre, la défense des congés et du temps social.

« Jours fériés » contre « rigueur budgétaire » : le bornage du débat politique et du Budget

La proposition est connue et, surtout, chiffrée : supprimer deux jours fériés rapporterait 4,2 milliards d’euros, soit à peine un dixième des 44 milliards d’économies visées en 2026. Le gouvernement campe une ligne de Budget rigoureuse qu’il ne veut pas appeler « austérité » pour tenter de faire passer la pilule, et place les jours fériés dans la liste des leviers possibles. Mais, en pratique, la promesse d’un « effort collectif » se heurte au symbole : les Français ne veulent pas que l’on y touche.

L’opinion des Français ne laisse pas place au doute. D’après le sondage Odoxa pour Le Parisien publié le 24 août 2025, 84 % rejettent la suppression de deux jours fériés et 83 % celle d’un seul ; 80 % y voient un « impôt déguisé » et 66 % ne perçoivent aucun lien entre « travailler plus » et amélioration de la dette. Les jours fériés sont vécus comme un bien commun plutôt que comme une variable d’ajustement.

« Violence » ressentie et « propositions alternatives » : ce que disent sondages et responsables

Bien au-delà des courbes, la perception est frontale : « Les Français n’en veulent pas. Ils tiennent à leur équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle et cette mesure est vécue comme une violence et un préjudice », explique Gaël Sliman sur Cnews. En d’autres termes, toucher aux jours fériés revient, pour beaucoup, à rogner la respiration collective ; et cette réaction émotionnelle pèse sur l’acceptabilité d’une réforme présentée, pourtant, comme une nécessité de Budget et d’austérité.

Face à la bronca, François Bayrou ouvre une porte, sans renier l’objectif. « Les mesures peuvent toutes être discutées. C’est d’ailleurs la fonction du débat parlementaire comme des négociations sociales », assume-t-il, avant d’ajouter : « J’ai dit que j’étais prêt à entendre d’autres propositions ; sur les “jours fériés”, par exemple, peut-être d’autres dates sont-elles possibles », selon TF1 Info. En d’autres termes : François Bayrou n’est pas contre changer la date des jours fériés supprimés, mais ne semble ps enclin à faire machine arrière. Et ce alors que la réinstauration de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) supprimé par Emmanuel Macron en 2017 rapporterait à peu près la même somme. Avant sa suppression, l’ISF rapportait plus de 3 milliards d’euros de plus par an que l’Impôt sur la Fortune Immobilière qui l’a remplacé. Autre option : la taxe Zucman, qui ne cible que moins de 2000 foyers en France et qui rapporterait gros à l’État si seulement le gouvernement ne voulait pas à tout prix protéger les plus riches.

Opinion chauffée à blanc, rentrée sous tension : jusqu’à la censure ?

La polémique sur la possible suppression des jours fériés n'est que la partie émergée de l’iceberg de la grogne sociale qui attend le gouvernement en septembre 2025. À l’appel d’un collectif citoyen, la journée « Bloquons tout » est prévue le 10 septembre ; et 63 % des personnes interrogées disent y adhérer, selon un sondage Toluna-Harris pour RTL. Cet étiage résume la défiance, mais aussi l’agrégation de colères qui excèdent la technique budgétaire : les jours fériés deviennent un totem, un marqueur de la distance entre la promesse de réforme et la vie quotidienne..

Le gouvernement, minoritaire, doit défendre la trajectoire de Budget tout en évitant la censure promise par des oppositions revigorées ; et il devra trancher si les jours fériés restent la piste privilégiée, ou si l’exécutif retiendra d’autres curseurs pour préserver l’équilibre entre travail et congés.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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