Portée par des ponts favorables, le retour du tourisme d’affaires et une offre élargie malgré la concurrence, la SNCF a enregistré une fréquentation record cet été. Plus de 25 millions de passagers ont voyagé en TGV ou Intercités sur les mois de juillet et août, soit une hausse de 2,4 % par rapport à 2024. L’opérateur public s’impose dans un marché ferroviaire désormais sous tension concurrentielle.
SNCF : l’été du rebond

Une fréquentation estivale au plus haut
Malgré la concurrence croissante sur les grandes lignes, la SNCF a connu un été particulièrement dense. L’opérateur ferroviaire historique annonce, par la voix de Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, avoir transporté « plus de 25 millions de passagers sur le marché domestique » en juillet et août. Cela représente une progression de 2,4 % par rapport à l’année précédente. « Il y a un appétit de trains », a-t-il résumé lors d’un point presse à Paris, précisant qu’« un TGV sur trois était complet » durant l’été.
Plusieurs facteurs ont contribué à cette dynamique. Les week-ends prolongés autour des 14 juillet et 15 août ont généré un trafic soutenu. Les déplacements professionnels, en particulier vers Paris, ont connu une hausse de 16 % par rapport à 2024, année atypique marquée par les Jeux olympiques.
Dans le détail, la demande reste forte sur les grands axes historiques. Les destinations littorales — Atlantique comme Méditerranée — concentrent toujours une part importante des flux, tandis que l’offre vers les Alpes a été renforcée. Sur la ligne Paris-Marseille, malgré l’entrée de Trenitalia en juin, la SNCF enregistre une hausse de 9 % des réservations sur la période estivale.
Un marché dynamisé par la concurrence
La montée en puissance de nouveaux opérateurs n’a pas affaibli la dynamique commerciale de la SNCF. Au contraire, l’entreprise publique affirme sa compétitivité sur les axes ouverts à la concurrence. C’est notamment le cas sur Paris-Lyon, où l’arrivée de concurrents depuis 2021 a poussé à une refonte de l’offre. Résultat : une baisse moyenne des prix de 10 %, portée par une politique tarifaire axée sur le low cost.
Ce repositionnement stratégique s’illustre par une montée en puissance continue de l’offre Ouigo, au détriment des rames Inoui sur certaines destinations. Une évolution rendue nécessaire pour capter une clientèle plus large, sensible au prix, dans un contexte d’inflation persistante. « En 2030, un TGV sur trois sera un Ouigo », anticipe d’ailleurs Christophe Fanichet.
Sur les lignes régionales, la concurrence s’intensifie également. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la SNCF a remporté plusieurs appels d’offres, notamment autour de Nice. Le nombre de trains y a bondi de 75 %, sans dégradation de la ponctualité. Mais l’opérateur doit désormais composer avec Transdev, présent sur l’axe Nice-Marseille, et attend les résultats d’un troisième lot de lignes régionales à forte visibilité.
Tarification, digital et continuité territoriale
Pour conserver son avantage dans un secteur libéralisé, la SNCF mise aussi sur son arsenal technologique. L’entreprise a conservé la gestion centralisée de la billetterie régionale via l’application SNCF Connect. Celle-ci continuera d’assurer la vente de billets pour « tous les trajets liés au trafic régional », y compris ceux opérés par des concurrents. « Il faut garantir la continuité territoriale », a insisté Christophe Fanichet.
L’équilibre est délicat : maintenir une couverture nationale tout en adaptant l’offre aux exigences du marché, notamment en matière de tarification différenciée et de digitalisation des services. L’été 2025 marque en tout cas une séquence favorable pour l’opérateur historique, qui parvient à conjuguer croissance du trafic, ajustement tarifaire et montée en gamme de ses services.