Calvitie : un sérum taïwanais redonne espoir

Source de complexe pour des millions d’hommes, la calvitie pourrait bientôt perdre de son fatalisme. Des chercheurs taïwanais ont développé un sérum expérimental capable de relancer la pousse des cheveux, suscitant un espoir mesuré mais réel dans la lutte contre la calvitie.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Last modified on 30 octobre 2025 17h01
Calvitie : un sérum taïwanais redonne espoir
Calvitie : un sérum taïwanais redonne espoir - © Economie Matin

Un sérum de l’Université nationale de Taïwan permettrait d’obtenir une repousse capillaire visible chez la souris. Présentée comme une avancée majeure, cette recherche ravive les espoirs d’une solution durable contre la calvitie, un phénomène touchant plus de 40 % des hommes avant 45 ans. Si les résultats sont prometteurs, la prudence reste de mise avant d’envisager une application clinique chez l’humain.

Un mécanisme biologique inattendu derrière la calvitie

À Taïwan, l’équipe dirigée par le professeur Sung-Jan Lin s’est penchée sur un phénomène observé lors de précédentes études : la taille des cellules graisseuses situées sous le cuir chevelu varie avant le redémarrage du cycle capillaire. Chez la souris, ces adipocytes diminuent de volume juste avant que les follicules pileux ne passent en phase de croissance. Selon les chercheurs, qui ont publié leurs résultats dans Cell Metabolism, cette transformation jouerait un rôle clé dans la stimulation des cheveux.

Pour tester cette hypothèse, les scientifiques ont appliqué sur la peau de souris rasées un composé irritant provoquant une réaction comparable à une dermatite. Les follicules pileux sont entrés en phase de croissance active au bout de dix jours, un délai remarquablement court. Ce phénomène suggère que le stress inflammatoire local pourrait déclencher une réponse biologique bénéfique à la repousse.

Un sérum riche en acides gras qui relance la croissance

À partir de ces observations, l’équipe taïwanaise a mis au point un sérum composé d’acides gras mono-insaturés, notamment d’acide oléique et d’acide palmitoléique, dissous dans de l’alcool. Appliqué sur des follicules humains en laboratoire, ce mélange a montré des signes de stimulation du cycle capillaire. D’après TF1 Info, les résultats obtenus in vitro ont été jugés « prometteurs », sans toutefois constituer une preuve clinique. L’expérience la plus frappante reste celle menée sur les souris : selon Numerama, les zones traitées avec le sérum ont présenté une repousse visible en seulement vingt jours.

Une performance que Sung-Jan Lin attribue à la libération d’acides gras par les cellules graisseuses cutanées : « Nous avons émis l’hypothèse que les adipocytes pourraient libérer des acides gras par un processus appelé lipolyse afin d’alimenter la repousse des cheveux », a-t-il déclaré à New Scientist. Cette approche biologique diffère des traitements classiques de la calvitie, tels que le minoxidil ou le finastéride, qui agissent principalement sur la circulation sanguine ou sur la régulation hormonale. Ici, le cœur de la recherche repose sur la modulation du métabolisme lipidique au niveau du cuir chevelu, une voie encore peu explorée.

Des résultats encourageants, mais encore loin du cuir chevelu humain

Si les performances observées chez la souris impressionnent, leur extrapolation à l’homme doit être nuancée. Les cycles capillaires diffèrent fortement entre les deux espèces, et la calvitie masculine – ou alopécie androgénétique – résulte avant tout d’une sensibilité hormonale des follicules aux androgènes, plus que d’un déséquilibre lipidique. Les chercheurs eux-mêmes appellent à la prudence : aucun essai clinique n’a encore été conduit sur l’homme. Le sérum n’a pour l’instant été testé qu’en laboratoire et sur des animaux, dans des conditions strictement contrôlées.

Selon un expert du King’s College London cité par TF1 Info, « les modèles animaux peuvent se révéler très différents dans leur réaction aux stimuli cutanés, notamment en matière de croissance capillaire ». Cependant, cette recherche ouvre une perspective nouvelle dans la compréhension de la calvitie : le rôle des adipocytes, longtemps ignorés, pourrait s’avérer déterminant dans la régénération folliculaire. En ciblant la couche graisseuse du derme, ce sérum introduit une piste de traitement complémentaire aux approches hormonales actuelles.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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