Symbole de l’innovation domestique depuis deux décennies, le robot aspirateur Roomba traverse aujourd’hui une tempête financière sans précédent. Le fabricant iRobot lutte pour sa survie après la rupture des dernières négociations de rachat, laissant planer la menace d’une faillite imminente.
iRobot : le créateur du Roomba va-t-il faire faillite ?

Le 28 octobre 2025, iRobot Corporation a confirmé la fin des discussions avec son dernier acquéreur potentiel, plongeant le titre en Bourse et ravivant les inquiétudes autour du destin de la marque Roomba. Les pertes s’accumulent alors que l’entreprise peine à se relever de l’échec du rachat avorté par Amazon. Sur les marchés financiers, le scénario d’une faillite semble désormais de plus en plus plausible pour le pionnier américain du robot aspirateur.
iRobot en crise : du succès du Roomba à la spirale financière
L’histoire d’iRobot illustre le destin contrarié d’une entreprise passée du leadership à la survie. Créée en 1990 par d’anciens ingénieurs du MIT, la société s’était imposée avec le Roomba, premier robot aspirateur grand public. Cependant, depuis 2020, le groupe a vu ses revenus chuter de 1,6 milliard de dollars à 681 millions de dollars, et la prévision pour 2025 ne dépasse pas 525 millions de dollars, selon DDay.it.
La direction d’iRobot reconnaît que sa situation financière s’est « considérablement détériorée ». Simply Wall St note que « le retrait du dernier acquéreur a rendu la liquidité de l’entreprise encore plus critique, plaçant sa survie à court terme au centre des préoccupations ». Et les effets ne se sont pas fait attendre : La Stampa rapporte que le titre iRobot a perdu jusqu’à 33 % à Wall Street après l’annonce du retrait du repreneur. Ce recul brutal découle d’une dépendance excessive au segment du Roomba, alors que la concurrence asiatique a conquis le marché avec des produits moins chers et souvent plus performants. Le cycle d’innovation d’iRobot, jadis rapide et rentable, s’est essoufflé.
Endettement, renégociations et ultimatum bancaire
Face à cette situation, iRobot tente de gagner du temps. Le groupe a obtenu une sixième extension de son accord de prêt garanti, prolongeant le « waiver » de ses engagements financiers jusqu’au 1er décembre 2025, selon Investing.com. Cette clause lui évite temporairement le non-respect de certains covenants bancaires, mais souligne sa dépendance totale à l’égard de ses créanciers.
La situation est critique : au 28 juin 2025, la trésorerie disponible ne s’élevait qu’à 40,6 millions de dollars, tandis que la dette principale atteignait 203,2 millions de dollars. Ce déséquilibre financier structurel alimente la crainte d’un dépôt de bilan imminent. Dans son dernier rapport à la SEC, la société a reconnu qu’« en l’absence d’un nouvel investisseur ou d’un refinancement, elle pourrait être contrainte de cesser une partie ou la totalité de ses opérations et de demander la protection du tribunal des faillites ».
Un rachat manqué, un marché sceptique, et un futur incertain pour Roomba
La perspective d’un rachat devait pourtant sauver iRobot. Après l’échec du rachat par Amazon début 2024, le groupe avait lancé un nouvel appel d’offres confidentiel auprès de plusieurs investisseurs industriels et fonds d’investissement. Selon StreetInsider.com, « le dernier acquéreur potentiel a proposé un prix nettement inférieur au cours moyen de l’action sur les derniers mois ». La direction a refusé, estimant l’offre « trop basse pour refléter la valeur du portefeuille de brevets et de la marque Roomba ».
Mais cette décision s’est retournée contre elle. Quelques heures après l’annonce, le titre a dévissé de 36 %. Les investisseurs, lassés par les promesses non tenues de restructuration, redoutent désormais un effondrement total.
Le marché du robot aspirateur, lui, reste porteur : selon l’institut Statista, il dépassera 13 milliards de dollars d’ici 2028. Mais iRobot, pionnier historique, n’en profite plus. Son modèle haut de gamme est désormais concurrencé par Roborock, Dreame, et Ecovacs, qui gagnent des parts de marché à coup de prix agressifs. Pour certains analystes, seule une reprise par un acteur industriel, capable de redéployer la marque Roomba sous une nouvelle structure financière, pourrait éviter la disparition pure et simple du groupe.
