La flambée mondiale du prix des noisettes bouleverse la chaîne agroalimentaire. De la Turquie à l’Italie, l’offre s’effondre, tandis que l’industrie, de Ferrero à la chocolaterie artisanale, tente de contenir l’impact sur les prix à la consommation. Mais la hausse paraît inévitable : les noisettes deviennent le nouveau symbole de la fragilité agricole face au climat.
Nutella, gianduia… le prix des noisettes flambe, vous allez payer plus cher

Les noisettes au cœur d’un déséquilibre agricole mondial
Depuis le printemps 2025, les producteurs de noisettes traversent une crise sans précédent. En Turquie, premier producteur mondial, la récolte est estimée à 441 000 tonnes, contre 717 000 tonnes l’an dernier, soit une baisse de 38 %, selon EFA News. Ce recul brutal est attribué à des gelées tardives et à une sécheresse prolongée dans les régions de la mer Noire, principales zones de production.
Le gouvernement turc a d’ailleurs réagi en fixant un prix d’achat minimum à 200 livres turques par kilogramme (environ 4,83 dollars le kilo), soit 50 % de plus qu’en 2024, indique Novethic. Cette décision traduit une tension exceptionnelle sur les marchés, d’autant que la Turquie fournit près de 70 % des noisettes consommées dans le monde.
En Italie, deuxième producteur mondial, les vergers du Piémont et du Latium subissent eux aussi des pertes dramatiques. La production italienne recule de 50 % à 70 % selon les zones, sous l’effet combiné de la chaleur estivale et de la prolifération de la punaise marmorata brune. Les producteurs signalent une « année catastrophique », et certains estiment que le prix des noisettes pourrait « simplement doubler cette année », d’après Economie Matin.
L’industrie agroalimentaire sous pression : Nutella, gianduia et chocolat en première ligne
Face à cette flambée des prix des noisettes, les industriels réorganisent leurs chaînes d’approvisionnement. Ferrero, principal acheteur mondial, a suspendu temporairement ses achats de noisettes turques, estimant les prix « inabordables », selon Cronache di Gusto. L’entreprise cherche désormais à sécuriser ses approvisionnements en Italie, au Chili et aux États-Unis. Cette décision stratégique traduit une tension extrême sur la filière, qui voit les cours des noisettes décortiquées grimper de 9 000 dollars à 18 000 dollars la tonne.
Le phénomène dépasse Ferrero : dans les chocolateries piémontaises, le coût des ingrédients explose. Corriere della Sera Torino rapporte des hausses de 40 % sur les gianduiotti, ces chocolats emblématiques à base de noisettes. Les artisans confirment que les prix de détail ne peuvent plus absorber l’augmentation des coûts de matière première. « Nous n’avons jamais connu une telle tension sur les noisettes », a déclaré un producteur à Turin, cité par le quotidien italien.
Selon Foodcom Experts, la demande mondiale de fruits à coque, notamment de noisettes, reste très soutenue, tirée par la confiserie et la boulangerie. Or, les coûts de production élevés et les cycles de plantation longs ralentissent toute expansion rapide de l’offre. La hausse des prix s’inscrit donc dans une dynamique structurelle : pénurie climatique, lenteur agricole, spéculation commerciale.
Le consommateur face à la répercussion : quand les noisettes renchérissent la gourmandise
Cette tension sur les noisettes se répercute déjà sur les prix à la consommation. Selon Connecting Region, le prix d’un pot de 450 g de Nutella a augmenté de 27 % depuis 2022. Azernews observe également des hausses comprises entre 27 % et 65 % pour les produits à base de noisettes dans plusieurs pays européens.
Les consommateurs constatent que leurs tablettes, pâtes à tartiner et biscuits deviennent plus chers, parfois en silence : certains fabricants réduisent les formats pour limiter la hausse visible des prix. Le retour de la célèbre shrinkflation.
