Le durcissement du cadre réglementaire et l’évolution des marchés de l’énergie vont peser lourdement sur les équilibres budgétaires des ménages français en 2026. Facteurs de coût, arbitrages politiques et tensions de marché se combinent pour provoquer une hausse significative des dépenses liées à l’électricité et au gaz.
Énergie : comment la réforme des tarifs du gaz et de l’électricité va peser sur l’économie des ménages

Depuis plusieurs mois, les signaux d’alerte s’accumulent sur le front énergétique. Le 1ᵉʳ janvier 2026 marquera une inflexion tarifaire majeure, alors que l’énergie s’impose de plus en plus comme un poste de dépense stratégique pour les foyers. Cette évolution résulte de choix économiques structurels et d’une volonté politique affirmée d’accélérer la transition énergétique, avec à la clé un renchérissement durable des coûts.
Une dynamique inflationniste structurée autour de l’énergie
La progression des coûts énergétiques en France ne résulte pas d’un phénomène conjoncturel isolé. Elle s’inscrit dans une logique économique qui combine contraintes réglementaires, fin des dispositifs amortisseurs, et revalorisation des prix de gros.
Au cœur de cette dynamique, le mécanisme des Certificats d’économies d’énergie (CEE) va être fortement renforcé. Concrètement, les fournisseurs devront financer davantage d’actions d’efficacité énergétique, un coût qu’ils répercuteront intégralement sur les factures. Comme le souligne France Info dans son analyse du 28 novembre 2025, cette évolution générera une hausse d’environ 50 euros par an dès 2026 pour chaque contrat de fourniture, tous vecteurs confondus. Cette mesure ne concerne pas uniquement les particuliers : elle affecte aussi les entreprises, avec un effet de second tour sur l’ensemble des biens énergivores.
Autre levier : la réforme du calcul du tarif réglementé de l’électricité. Selon UFC-Que Choisir, si cette réforme avait été appliquée dès 2025, le coût d’approvisionnement aurait bondi de 44 %, passant de 81,37 à 117,29 €/MWh. Cela reflète une indexation plus étroite sur les prix de marché et traduit un désengagement de l’État dans la régulation des tarifs. Cette orientation vise à libéraliser davantage le secteur, mais au prix d’une volatilité accrue pour les consommateurs.
Électricité et gaz : quelles projections pour les budgets des ménages ?
Sur le plan microéconomique, les incidences pour les foyers sont déjà estimées. Selon 20 Minutes, la hausse des charges liées à l’énergie pourrait atteindre 50 à 60 euros par an pour un ménage chauffé au gaz. Un foyer combinant électricité et gaz verrait sa facture majorée jusqu’à 150 euros par an. La disparité selon les profils de consommation est frappante : les petits consommateurs, souvent modestes, sont plus sensibles aux variations de la part fixe, tandis que les gros consommateurs pâtissent de la hausse des volumes.
Cette évolution modifie les équilibres internes du marché. D’un côté, les fournisseurs anticipent une montée des impayés et des demandes d’étalement. De l’autre, certains acteurs institutionnels redoutent une montée des tensions sociales, à l’instar de la crise de l’hiver 2022. Dans ce contexte, le régulateur (la CRE) pourrait être amené à moduler certains paramètres, mais sans remettre en cause l’architecture économique du système.
Les arbitrages budgétaires des ménages vont donc être directement affectés. En l’absence de compensation ciblée, notamment pour les classes moyennes, le poids relatif de l’énergie dans la consommation des ménages pourrait augmenter de 0,3 à 0,5 point de revenu disponible, selon l’analyse de Selectra publiée le 1er décembre 2025.
Vers une nouvelle architecture des prix de l’énergie
L’unification des mécanismes tarifaires autour d’un prix de marché vise à rationaliser les signaux économiques adressés aux consommateurs. L’objectif affiché : inciter à la sobriété énergétique et à l’investissement dans des équipements moins énergivores. Pourtant, cette logique d’incitation s’appuie sur un transfert explicite de charges : ce sont bien les ménages qui financent l’évolution.
Sur le moyen terme, cette bascule tarifaire pourrait favoriser un rééquilibrage du mix énergétique national, en particulier via une électrification accrue des usages (mobilité, chauffage). Toutefois, en l’absence de baisse rapide des prix sur les marchés spot, le risque inflationniste demeure. L’AFP, relayée par Connaissance des Énergies, estime que cette nouvelle régulation risque de maintenir une forte exposition aux tensions internationales (pétrole, gaz naturel liquéfié, quotas carbone).
Enfin, la transformation du système des CEE illustre un changement profond de paradigme : le financement de la transition ne passera plus prioritairement par l’impôt, mais par le marché. Ce choix — assumé politiquement — redéfinit les responsabilités économiques entre l’État, les opérateurs et les consommateurs.