Et si la France devenait… le parc d’attractions du monde ?

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 21 mai 2014 à 2h24

Soyons justes : la désindustrialisation de la France n'a pas débuté le 6 mai 2012 avec l'élection de François Hollande. Sur les trois dernières années, plus de 120 000 emplois ont été détruits dans ce secteur, mais surtout plus d'un mililon en vingt ans ! La France est le pays de la zone euro dont la part de la valeur ajoutée dans l'industrie manufacturière pèse le moins dans le PIB. Elle est passée sous la barre des 10 % en 2010, à 9,3 %, là ou l'industrie allemande pèse plus du double dans son PIB, à 18,7 %. Même des pays sinistrés par la crise comme l'Espagne (12,1 %) et le Portugal (11,8 %) font mieux que la France.

L'affaire Alstom, qui est prêt à se vendre au plus offrant des candidats au rachat pourvu qu'il soit étranger, afin d'assurer son avenir, n'est qu'un triste et dur rappel à la réalité. Le cimentier Lafarge est parti discrétement pour la Suisse. Arcelor, racheté par Mittal, n'est plus que l'ombre du grand groupe de l'acier qu'il était autrefois. Alcatel ? La pépite, qui avait atteint les sommets du CAC 40 au tournant des années 2000, n'est plus que l'ombre du grand groupe d'antan. Si vous achetez un smartphone Alcatel One Touch en pensant acheter français, cest en fait chinois que vous consommez : la marque a été cédée à TCL en... 2004. TCL, cela ne vous rappelle rien ? Mais si, c'est aussi TCL qui a repris... Thomson. mort.

La liste est longue de ces groupes et marques célèbres qui ont connu leur heure de gloire non seulement dans l'Hexagone, mais souvent en Europe voire dans le monde. Mais tout cela est bel et bien terminé. Peugeot a désormais des actionnaires chinois, Renault est bien plus roumain (Dacia) et japonais (Nissan) qu'il n'est français. Même le constructeur du mythique TGV (Alstom) menace de jeter l'éponge.

Il y a bien quelques petites start-up tricolores qui marquent des points : Withings cartonne dans les objets intelligents (balances et tensiomètres connectés), SigFox lève des fonds pour déployer son réseau de communication ultra bas débit ultra grande portée en Angleterre après avoir couvert la France, et et, euh.. je cherche un nom m'est passé en tête puis à disparu aussitôt. Pas d'Amazon en France, ni non plus d'Apple ou de Google. Nous avions bien Criteo, mais comme Sigfox ou même Withings, il n'y a pas d'usine derrière, pas, ou très peu d'emplois en France. Un bout de la R&D, des designers, des communicants et des marketeurs, et basta.

Ne nous leurons pas : il faudrait vingt ans, trente ans, pour parvenir à réindustrialiser significativement la France. Sauf à ce que du jour au lendemain, les transports internationaux de marchandises et produits finis deviennent économiquement ou politiquement compliqués, ou impossibles, la concurrence des pays à bas coûts continuera durablement à jouer en notre défaveur. Mais s'il n'y avait que ça ? Bill Gates comme Jacques Attali en sont convaincus : le prochain défi à relever pour l'homo industrialis sera le déferlement des robots dans les usines. 35 000 aujourd'hui en France, 150 000 en Allemagne. Mais demain, quand ils seront des centaines de milliers, voire des milions, capables de remplacer un ouvrier qualifié dans ses moindres faits et gestes (pauses café pipi déjeuner et grèves en moins), quid ? Bill et Jacques sont formels : ce sont des millions d'emplois faiblement qualifiés qui vont disparaître de manière inéluctable dans les vingt prochaines années, et pas seulement dans les usines : les caissières ont des cheveux blancs à se faire.

Ramer contre le courant ne semble donc pas la bonne solution. Reste la grande dépression ou... la valorisation des talents ou des dons naturels qui sont les nôtres : La France est, qu'on le veuille ou non, le plus beau pays du monde, doté avec l'Italie du plus grand nombre de lieux façonnés par l'homme dignes d'intérêt, auxquels s'ajoutent ses milliers de kilomètres de plages, ses paysages de montagne, ses lacs ses rivières ses gorges ses vallées ses villages bref, la beauté à l'état pur.

Dans la plupart des pays du monde, le voyage à Paris et par extension en France est présenté... Pour lire la suite de l'article cliquer ici

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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