5G : SFR et Bouygues veulent freiner, le gouvernement veut accélérer

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 5 juin 2020 à 9h50
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6 MILLIARDS €Les fréquences 5G en Allemagne ont rapporté au gouvernement 6 milliards d'euros.

Le déploiement de la 5G, la nouvelle génération de réseau mobile qui offre des débits internet mobile supérieurs et qui, surtout, permettra le lancement massif des objets connectés, est au centre de tensions entre opérateurs et gouvernement. Les premiers estiment que ce n’est plus une priorité, le deuxième juge, au contraire, que c’est plus important que jamais.

SFR et Bouygues pour un report des enchères de fréquences

Martin Bouygues, propriétaire de Bouygues Télécom, a lancé le débat le 27 mai 2020 : pour lui, le déploiement de la 5G n’est pas une priorité pour la France. Mais dans son collimateur il y a surtout les enchères pour les fréquences de diffusion, qui coûtent des milliards d’euros, que l’Arcep avait prévu de lancer le 21 avril 2020… mais qui, Covid oblige, ont pris du retard. Les reporter permettrait aux opérateurs de faire quelques économies.

L’opérateur SFR n’a pas tardé à suivre les pas de son concurrent. Le 3 juin 2020, Grégory Rabuel, son directeur général, a tenu des propos similaires : « avons-nous besoin de la 5G à court terme ? Ce n’est pas sûr. D’abord la Fibre et la 4G, même si SFR est prêt », a-t-il déclaré dans les colonnes du journal Le Figaro. Orange et Free, de leur côté, ne se sont pas prononcés sur la question.

Le gouvernement, au contraire, juge que c’est une « priorité industrielle »

Les propos des opérateurs ne semblent pas avoir fait mouche auprès du gouvernement : le 4 juin 2020, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, a déclaré au micro de France Inter qu’au contraire : la 5G est « une priorité industrielle » pour la France. « Il faut déployer la 5G le plus rapidement possible en étant efficace et en l’orientant vers les entreprises ».

Mais le gouvernement n’a pas, pour autant, le dernier mot : celui-ci revient à l’Arcep, le régulateur du secteur des télécoms. L’Arcep devra donner une nouvelle date pour les enchères, et ce sera probablement cette date qui va définir la stratégie 5G de la France : seront-elles repoussées à la fin de l’année 2020 voire à début 2021 ? Ou, au contraire, vont-elles avoir lieu avant l’été ?

Des milliards d’euros… pour soutenir les plans de relance du gouvernement

Mais la question des enchères des fréquences 5G va désormais bien plus loin que la simple question du réseau. Comme ce fut le cas pour la 4G en 2015 lors de la mise en vente des fréquences 700 MHz (anciennement dédiées à la TNT) qui avaient rapporté 2,8 milliards d’euros, les enchères pour la 5G devraient rapporter gros au gouvernement.

Fin 2019, le gouvernement avait fixé un prix de réserve de 2,17 milliards d’euros pour les fréquences 5G… mais il en espère beaucoup plus. En Allemagne, en 2019, les fréquences pour la 5G se sont arrachées auprès des opérateurs qui, à coups de surenchères, ont fini par débourser 6 milliards d’euros.

L’enjeu est donc majeur : une telle somme permettrait de financer une partie des mesures déployées pour lutter contre la crise du Covid-19 et donc de réduire, un peu, la dette de la France fin 2020 qui est attendue à 121% par le gouvernement.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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