Quand il prend la plume, il ne sait plus s’arrêter. Alexis Tsípras, Premier ministre de la Grèce et chef de file du parti de gauche radicale Syriza, a publié une tribune fleuve dans Le Monde. Et pour cause : aujourd’hui s’ouvre une semaine clef pour son pays, celle de la dernière chance. L'occasion pour lui de "rétablir la vérité et informer de manière responsable l'opinion publique européenne et mondiale sur les intentions et les positions réelles du nouveau gouvernement grec".
Une semaine décisive
D’énièmes, et ultimes négociations, doivent avoir lieu cette semaine entre la Grèce et ses créanciers, c’est-à-dire les Etats ou les institutions à qui elle doit de l’argent. Beaucoup d’argent.
Le premier ministre grec commence par rappeler que "les erreurs du passé ont été payées cher par le peuple grec. En cinq ans, le chômage a grimpé à 28 % (60 % pour les jeunes) et le revenu moyen a diminué de 40 %, tandis que la Grèce est devenue l’Etat de l’Union européenne ayant l’indicateur d’inégalité sociale le plus élevé".
Il poursuit la description de la descente aux enfers de son pays : "l'économie grecque, malgré les grands sacrifices de son peuple, est toujours piégée dans un climat d'incertitude continue engendrée par les objectifs non réalisables de la doctrine de l'équilibre financier qui l’astreignent à rester dans un cercle vicieux d'austérité et de récession".
Grexit, clap de fin ?
Et c’est là que lui intervient, afin de "mettre fin à ce cercle vicieux et à cette incertitude".
Une incertitude dont tout le monde pâtit, et qui empêche, selon lui, l’Europe d’avancer, en laissant toujours planer le risque d’une sortie de la Grèce de l’Europe, le fameux "Grexit".
Alors il propose de conclure un "accord mutuellement bénéfique".
Parmi ses engagements, il cite notamment la réalisation d’excédents primaires et la hausse des recettes publiques "par le biais de la redistribution des charges à partir des citoyens à revenus moyens et faibles vers ceux qui ont des revenus élevés et qui jusqu'à présent s'abstiennent de payer leur part pour affronter la crise".
Il prévient : "les oligarques, qui étaient habitués à être protégés par le système politique, ont toutes les raisons de perdre leur sommeil".
Et de conclure : "Quelle stratégie pourrait l’emporter ? Celle d’une Europe de la solidarité, de l’égalité et de la démocratie ou bien celle de la rupture et finalement de la division ?"