Attendez-vous à une « taxe sur le cash »

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Par Brian Maher Publié le 13 décembre 2016 à 5h00
Guerre Cash Inde Interdiction Billets Roupies
500L'Inde vient d'interdire les billets de 500 et 1000 roupies, pourtant très utilisés.

Un nouveau front s’est ouvert dans la guerre contre le cash… L’Inde a d’ores et déjà interdit les billets de 500 et 1 000 roupies, très utilisés dans le pays. Comme l’explique Jim Rickards :

« Les entreprises se sont retrouvées totalement paralysées car les vendeurs refusaient le cash en échange de biens de première nécessité comme l’essence et les matières premières. Puis la nourriture est venue à manquer lorsque les pêcheurs et les agriculteurs n’ont plus pu acheminer leurs marchandises sur les marchés. Les banques et les distributeurs de billets ont été fermés et des émeutes ont éclaté à certains endroits. »

Mais si vous pensez que l’exemple indien pourrait faire réfléchir à deux fois les élites sur la guerre contre le cash, passez votre chemin… La réponse de Larry Summers, ancien Secrétaire au Trésor, économiste à Harvard et haute figure de la guerre contre le cash ? Donnez-leur de la brioche : « Tout bien considéré, rien dans l’expérience indienne ne nous dissuade d’interdire les billets à grosse dénomination aux Etats-Unis, en Europe et à travers le monde. »

Toutefois, toute proposition d’interdire du jour au lendemain le cash aux Etats-Unis provoquerait un soulèvement populaire. Dans ce cas, pourquoi pas une manière plus subtile de vous éloigner de votre cash ? Pour dissuader l’utilisation d’argent liquide, les banques grecques proposent à présent d’instaurer une taxe spéciale sur tous les retraits de cash. Interdire le cash tout simplement provoquerait des émeutes. Il suffit donc de faire en sorte que cela devienne source de tracasseries en imposant une pénalité sur son utilisation. « Bien sûr que tu peux avoir ton cash, manant. Il faut juste que tu paies ta taxe. »

Cela pourrait commencer par de petites choses, histoire d’habituer la grenouille à l’eau de la casserole qui vient d’être mise sur le feu. Et puis la taxe, tout comme la chaleur, monte… monte… jusqu’à la fin inévitable. Naturellement, la lutte contre la fraude est l’excuse officielle. On estime l’économie souterraine grecque à environ 40 milliards d’euros, et la perte en recettes fiscales à environ 15 milliards d’euros.

Mais pourquoi les banques s’intéresseraient-elles aux taxes ? En fait, cela ne les intéresse pas mais la solvabilité oui. Comme l’explique Graham Summers :

« Si le cash reste sous forme électronique, un système bancaire peut le manipuler sans « perte de capital. » Certes, techniquement, l’argent quitte une banque pour aller vers une autre mais étant donné qu’elle le fait sous forme électronique, les banques se débrouillent via leur banque centrale. En revanche, si quelqu’un retire son argent d’une banque grecque en cash, primo, la banque doit fournir l’argent et deusio, ce capital quitte le système bancaire grec. »

Or, elles ne veulent pas que le capital quitte le système bancaire grec. Tout comme les banques américaines ne veulent pas que le capital quitte le système bancaire américain. Ou les banques européennes, en général. Mais il est beaucoup plus facile de faire passer la pilule lorsque vous dites que vous luttez contre la corruption et le marché noir. La Grèce est le premier pays à aller vers une taxe sur l’argent physique. Mais comme l’observe Graham Summers :

« Ce ne sera pas le dernier. Cette politique circule dans les cercles des banquiers centraux depuis des années. Le fait qu’elle est à présent ouvertement encouragée ne fait que prouver à quel point les élites sont désespérées au vu de l’état actuel du système financier. »

Et Graham Summers de conclure : « Surveillez le moment où la situation deviendra catastrophique aux Etats-Unis. Des propositions similaires commenceront alors à arriver ici également. » Comptez là dessus.

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Brian Maher est le directeur de la rédaction du Daily Reckoning. Il a consacré sa carrière à couvrir l’économie, la politique et les affaires sociales en tant qu’investigateur indépendant, notamment pour Asian Times. Il est titulaire d’un mastère Defense & Strategic Studies.

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