Coworkers : qui sont-ils et qui ne sont-ils pas ?

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Par Hélène Betoux Publié le 25 avril 2018 à 5h00
Coworking Developpement Mode Travail Bureaux
18 900On compte près de 18 900 espaces de coworking dans le monde.

Espaces de coworking et coworkers sont de plus en plus hype. Pourtant, vous imaginez qu'ils pullulent uniquement de geeks barbus et que vous n'y avez pas votre place ? Vous devriez peut-être y repenser à deux fois. Voici un tour d'horizon des professions les plus représentées dans les espaces de coworking... et de celles relayées sur le banc de touche.

Les espaces de coworking ont décidément le vent en poupe. Depuis 2015, le nombre d'espaces de coworking implantés aux quatre coins du globe est passé du simple à plus du double (de 8900 à 18900 aujourd'hui). Quant aux aficionados de ce nouveau genre de bureaux partagés, ils représentent désormais une communauté impressionnante constituée de près d'un million sept cent mille personnes. Véritables opportunités de partage et d'enrichissement intellectuel, ces espaces présentent notamment l'intérêt de faire cohabiter des métiers très variés. Mais quelles sont donc ces professions qui se côtoient en parfaite harmonie... et plus encore, qui sont les vilains petits canards des « tiers-lieux », ces métiers incompatibles avec la politique du coworking ?

Une success story à la sauce freelance

En matière de statut, le plus représenté est indubitablement celui des travailleurs indépendants et des freelances, qui trouvent dans ces open-spaces une occasion inespérée de rompre l'isolement et la solitude et de se tisser un réseau professionnel. Néanmoins, le taux de présence de ces derniers ne cesse de décroître au profit de salariés d'entreprises de tailles diverses et de membres d'associations.

Haro sur les stéréotypes ?

Les créatifs trustent la pole position des métiers les plus en vogue dans les espaces de coworking : graphistes, blogueurs, designers, développeurs, écrivains, architectes web et autres talents artistiques ont largement élu domicile dans ces bureaux, parmi lesquels les professionnels de la technologie se taillent une place de choix, tant et si bien que l'image d'un repaire fourmillant de programmeurs et d'adeptes des nouvelles technologies demeure l'un des stéréotypes (à raison ?) les plus répandus parmi les non adeptes du coworking. Mais peut-on y trouver matière à étonnement, dans la mesure où ces bureaux se targuent de proposer des lieux de travail aérés et au design résolument millimétré, propices à la concentration et à la germination d'idées ? En effet, courant 2010, une étude psychologique réalisée par Craig Knight démontrait qu'un bon aménagement des locaux booste considérablement la créativité et la productivité des employés. Du reste, les secteurs de la vente, de la communication et du marketing ne manquent pas non plus de représentants, avec près de 14% des coworkers. On dénombre aussi de nombreux consultants intervenant régulièrement auprès des prospects.

Des limites de la privacy

Malgré leur incontestable succès, force est de constater que les espaces de coworking n'ont pas le statut de panacée et que certaines professions s'en trouvent, par essence, écartées. Le principe même des « tiers-lieux » étant de faire la part belle aux interactions et aux synergies, au partage et à la confiance mutuelle, les activités étant tenues au secret professionnel (représentants du culte religieux ou des services sociaux, médecins, membres des forces de l'ordre, etc.), ou tout du moins soumises à une certaine confidentialité, risquent fort de ne pas y trouver leur compte. Pensons notamment aux avocats, qui devront s'assurer que l'espace choisi assure le respect de leur déontologie.

Pas question de laisser traîner ses notes n'importe où, de naviguer sur internet sans avoir recours à un VPN, de laisser son ordinateur ouvert sans surveillance ou de tolérer un voisin un peu trop enclin à zieuter votre écran. Tout aussi louable que puisse être l'initiative de créer des espaces dédiés aux échanges professionnels, certains membres n'hésiteront pas à abuser d'une confiance ingénument accordée pour soutirer des informations sensibles ou mettre la main sur un projet innovant. La concurrence entre représentants d'une même profession se volatilise rarement au passage de la porte d'entrée du coworking au profit d'une bienveillance aveugle :« business is business »... De même, si vous souhaitez recevoir un client ou prospect dans les locaux de l'espace fréquenté, il vous sera difficile de trouver un coin suffisamment isolé pour vous garantir des négociations intégralement confidentielles ; s'impose alors la nécessité de quitter les lieux pour mener à bien la discussion, au risque d'exploser votre budget de repas professionnels...

La place et le coût : des inconvénients de taille

De même, bien que les coworkings s'étirent sur des surfaces généralement généreuses, ils restent soumis à la politique du partage. Pour les start-up ou les professionnels démarrant leur activité, le pari demeure intéressant. Toutefois, à mesure que votre entreprise croît et que vos effectifs augmentent, la fréquentation de bureaux partagés risque à terme de se révéler contraignante, tant en matière de surface à votre disposition qu'en matière de coût (rappelons qu'il faut généralement compter autour de 300€ par mois pour un membre). Dans ces conditions, il vous sera sans doute plus profitable de migrer vers d'autres stratégies d'hébergement.

Les nouveaux ovni du coworking

De manière générale, il reste souhaitable que l'activité soit dématérialisée. A priori, on imagine mal une profession ayant trait à l'activité manuelle et requérant un matériel spécifique, coûteux et/ou encombrant, ou encore un gérant de brick and mortar investir les lieux d'un espace de coworking pour y entreposer son stock...

Mais depuis peu, en réponse à cette limite, l'on voit fleurir des bureaux partagés entièrement consacrés à des métiers évoluant dans des secteurs bien précis. À Lyon, par exemple, le « Georges Center » mise sur un espace de travail partagé agrémenté de services de logistique pour permettre aux membres d'entreposer leurs produits. Dans la capitale « We Art From Paris » propose à ses coworkers des bureaux spécifiquement pensés pour les artistes et créatifs, agrémentés de studios photos et vidéos, de studios d'enregistrement et même d'une salle de spectacle. On observe un projet similaire à Nantes avec « Le 67 », qui accueille actuellement une trentaine d'artistes dans des ateliers, isolés pour une concentration totale, ou en open-space pour profiter des stimuli de la communauté. Plus insoupçonnable encore, à Paris, « L'Office » met 260m2 à disposition des professionnels de la restauration et de la gastronomie ; ici, pas de bureaux, mais une cuisine de la taille d'un hangar pour que tous les amateurs de bonne chère puissent exercer leur art avec tout le matériel nécessaire et s'enrichir de l'expérience culinaire de leurs voisins coworkers.

Des espaces (presque) pour tous

Il semble donc de la tendance soit de proposer des espaces de coworking de moins en moins généralisés pour toucher un public de professionnels de plus en plus vaste, tant et si bien qu'une majorité de métiers peuvent prétendre à fréquenter ces vastes espaces de bouillonnement intellectuel... même ceux qui, justement, sont sans profession (demandeurs d'emploi, en reconversion ou encore étudiants), qui trouveront indubitablement d'excellents conseils, voire des appuis considérables, auprès des membres actifs.

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Hélène Betoux est rédactrice web chez Atome.green.

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