Croissance et environnement : un vrai « dilemme » !

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Par Jacques Martineau Publié le 4 janvier 2019 à 6h42
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2La consommation de matières premières devrait être multipliée par deux dans le monde d'ici une quarantaine d'années.

Peut-on parler de « dilemme » quand il s'agit de favoriser simultanément croissance et environnement ? Les enjeux ultimes pour l'humanité seront les mêmes : préserver et protéger la planète dans son développement. Comme le laisse entendre le sens du mot, il s'agit bien là d'un « dilemme ». C'est-à-dire que l'objectif est le même ! Les chemins pour y parvenir sont différents et leur compatibilité est-elle possible ?

De la Cop 21 à la Cop 24, tous les pays signataires (195) se sont engagés à réduire dans un premier temps les émissions de gaz à effet de serre et à limiter par tous les moyens le réchauffement climatique. En octobre 2018, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), au travers d’une analyse scientifique élaborée, lance un message d’alerte sur le danger du réchauffement climatique estimé à 1,5°C (en 2040) et 2°C (en 2075).

Quels enjeux pour la croissance économique et la préservation de l’environnement ?

Cette mise en garde, dans la mesure où l’ensemble des pays en prendra conscience, aura inévitablement un impact sur les comportements en termes de croissance économique et influera sur les marchés. Les contraintes pour le climat occupent une place prépondérante. Les efforts sont désordonnés. Et la plupart des pays apprécient, chacun à leur façon ces nouvelles dispositions.

Parler d’environnement et de sauvegarde de la planète ne peut pas se limiter au problème posé par le réchauffement climatique. Le dernier rapport de l’OCDE attire notre attention. Une brève synthèse rappelle que si l’expansion économique est uniquement basée sur la croissance, les ressources en matières premières finiront par manquer avec de lourdes conséquences sur l’environnement et pour les populations.

La consommation de matières premières devrait doubler dans le monde d’ici une quarantaine d’années. Avec plus de 10 milliards d’habitants, cette prévision est confortée par l’accélération de l’expansion de l’économie mondiale. Les besoins en énergie sont considérables. La croissance sera entretenue par un besoin permanent de progrès.

Pénurie de matières premières, pollutions multiples et réchauffement climatique...

L’alerte est sérieuse. Elle est confirmée par les différentes recherches prospectives sur le sujet. Un rapport sert de référence (The Global Material Resource Outlook to 2060). L’accroissement prévu de l’extraction et du traitement de matières premières comme la biomasse, les combustibles fossiles, les métaux et les minerais non métalliques, va augmenter la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Ceci ne peut se faire sans des conséquences sérieuses sur l’acidification, la pollution de l’air, des sols et la toxicité de l’eau. Tout ceci influera lourdement sur la santé humaine.

Cette publication insiste sur un autre aspect critique, celui de la pénurie prévisible de nombreuses matières premières essentielles. Tous les efforts pour diminuer progressivement leur consommation pour l’industrie au profit d’autres activités seront insuffisants. Les projections prennent en compte un certain nombre d’hypothèses, y compris celle d’une possible stabilisation de la consommation pour éviter tout scénario catastrophe.

La fragilité des engagements planétaires !

Émissions de gaz à effet de serre, croissance économique et manque prévu de matières premières confirment la difficulté d’espérer maîtriser le réchauffement climatique dans les années à venir. Contrôler la transition écologique n’a de sens qu’au niveau de la planète.

Un des paradoxes, c’est que les plus gros pollueurs comme la Chine, l’Inde, la Russie et les États-Unis, pour ne citer qu’eux, sont aussi les plus grands consommateurs d’énergie et de matières premières. Déjà absents du débat climatique, ils ne se préoccupent pas du devenir de ces ressources. La croissance reste leur « leitmotiv ». Ils espèrent que l’innovation et la créativité permettront d’ici quelques dizaines d’années de pallier toutes ces insuffisances et maîtriser une grande partie des risques. Un simple constat souligne la fragilité des engagements planétaires !

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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