C'était à prévoir. Le coût de la gestion administrative des demandeurs d'asile a explosé au cours des dernières années. Mais d'après la Cour des comptes, il s'agit moins de faire face à un soudain afflux de réfugiés que de dépenses mal maîtrisées.
Durant la période de 2009 à 2013, la dépense en matière de politique de droit d'asile a augmenté de 72% pour atteindre les 540 millions d'euros en 2013. Pourtant, le nombre de demandeurs d'asile a été deux fois moins rapide… Difficile donc d'attribuer cette augmentation à une vague migratoire, mais bien par des coûts administratifs qui ont tout simplement explosé.
Frais
Premier fautif, l'État, qui calcule mal les frais liés aux délais d'instruction des dossiers. De fait, les dépenses imprévues ont augmenté sur la période visée et se sont montées à 582 millions d'euros. Le taux d'exécution des obligations de quitter le territoire ne serait que de 6,8%, laissant finalement près de 96% des personnes déboutées sur le territoire français.
Peut-on leur en vouloir ? La faiblesse du droit d'asile en France s'incarne dans la longueur des délais d'instruction des dossiers. En moyenne, le traitement est de deux ans en France, contre un an pour l'Allemagne alors que le nombre de dossiers à gérer est désormais bien plus important. Pendant le temps de traitement, il faut bien loger et soigner les demandeurs d'asile : les frais liés à l'hébergement d'urgence et l'allocation temporaire d'attente grossissent donc.
Dépenses
Pour le premier, les dépenses ont augmenté de 106% à 150 millions d'euros, et de 179% pour le second dispositif à 177 millions d'euros. De fait, non seulement c'est un enjeu humanitaire, mais c'est également un défi budgétaire que d'accélérer la gestion des dossiers des demandeurs d'asile. La Cour des comptes estime ainsi qu'il serait possible d'économiser, sur chaque mois gagné sur l'attente, entre 10 et 15 millions d'euros.