Une dette peut être allégée, différée, gérée mais, à la fin, il faut payer

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Par Charles Sannat Modifié le 7 octobre 2020 à 12h30
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6.500 eurosSelon les calculs de la Cour des comptes, les mesures économiques et sanitaires prises pour juguler l'impact de la crise ont contribué à une augmentation de la dette française de l?ordre de 6.500 euros par habitant.

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Pierre Moscovici, ancien mamamouchi à l’économie de notre grand pays et aussi ancien grand mamamouchi de la Commission Européenne où il était commissaire, a rejoint il y a quelques mois la Cour des Comptes pour en prendre la tête. Il surveille donc les comptes de la nation, et ceux qui dépensent les deniers publics après les avoir creusés (les comptes de la nation) et les avoir dépensés… les deniers publics !

Et voilà ce que titre le Capital qui reprend l’interview de notre grand Moscovici dans Le Parisien, journal que l’on peut encore lire dans un restaurant mais plus accoudé dans un bar !

Dette française : Moscovici tire la sonnette d’alarme

Pierre Moscovici, dans l’une des fulgurances analytiques dont il a lui seul le secret, nous livre donc une conclusion précieuse : « la dette a autant augmenté en quelques mois qu’au cours des dix années précédentes »… Nous serons tous d’accord avec ce terrible constat financier. Il faut dire qu’une pandémie mondiale où l’on nous confine tous pendant deux mois, cela n’aide pas à créer de la richesse, du PIB, des rentrées fiscales et à payer les dettes…

Mais notre ami Pierrot va encore plus loin… « Sans un retour à une maîtrise de la dépense publique, la dette française pourrait à terme atteindre 140% du PIB annuel »… Côté retour à la normale, pour le moment ce n’est pas gagné. Nous allons vraisemblablement plutôt continuer à creuser le trou. Plus on reconfine, plus il faut indemniser et donc payer avec de l’argent que nous n’avons pas.

Puis un petit blabla sans intérêt et bien dégoulinant de démagogie … « Un facteur de vulnérabilité pour notre économie et qui risque de peser sur les prochaines générations, notamment sur la jeunesse déjà durement éprouvée ». Je ne vois pas en quoi notre jeunesse est durement éprouvée, elle se bat contre coronavirus un verre de coca dans un main, un iPhone dans l’autre et une console de jeux greffée dans le cerveau, sans oublier Netflix pour les longues journées de confinement. Rien à voir avec les épreuves de la jeunesse de 14/18 qui était dans les tranchées de Verdun et d’ailleurs. Sachons ne pas tomber dans l’outrance, tout reste relatif.

Mais Pierrot, qui ne s’arrête jamais, a même fait un calcul scientifique d’une grande puissance mathématique. Il a calculé que « les mesures économiques et sanitaires prises pour juguler l’impact de la crise ont contribué à une augmentation de la dette de l’ordre de 6.500 euros par Français selon les calculs de la Cour des comptes »…. Super et donc ? Ce chiffre est censé vous faire peur, il est censé vous parler, car vous n’êtes que des gueux abrutis et avinés fumant des clopes et puant le gasoil. Si on vous parle en milliards vous ne comprendrez rien. Non le lecteur du Parisien accoudé à son bar est un imbécile à qui ont doit dire que lui personnellement va devoir payer 6.500 euros, histoire de bien lui faire peur, qu’il se sente concerné. C’est sa dette !

Dans tout ce blabla sans intérêt, il se cache un message intéressant ….

Face à ceux qui rêvent d’une annulation de la dette publique, notamment à gauche, le patron de la Cour des comptes met en garde : « Cela entraînerait des pertes considérables pour les épargnants ». Quant à la monétisation de la dette par la BCE – il faut être conscient des limites de son mandat et de ses ressources – ou sa mutualisation à l’échelle européenne, Pierre Moscovici invite à ne pas verser dans de faux espoirs : « Les Françaises et les Français, qui ont du bon sens, le savent. Une dette peut être allégée, différée, gérée mais, à la fin, il faut bien qu’elle soit remboursée ».

Peut-être qu’il faudra la rembourser à la fin mais ce qui est certain, c’est qu’il faudra l’alléger, la différer, ou encore la gérer beaucoup, parce que s’imaginer que nous allons pouvoir la rembourser en l’état sans étouffer notre économie qui croule déjà sous les impôts est totalement illusoire.

Le fond de ma pensée est qu’il ne faut pas écouter Moscovici. Il ne peut pas dire autre chose que le fait que la France va payer ses dettes et quand bien même il pense l’inverse, le dire déclencherait une crise de la dette souveraine et une crise politique au sein de la zone euro. Alors on va « officiellement payer » la dette.

Pourtant pendant ce temps, certains parlent de grand « reset », de grande remise à zéro. D’autres à la BCE parlent d’euro numérique au cas où…

Nous ne paierons pas la dette parce qu’elle n’est plus remboursable en France qui est l’arbre qui cache la forêt… la forêt où il y a l’Espagne, la Grèce ou l’Italie. C’est étrange comme plus personne ne veut parler de la dette italienne… Les vrais sujets sont ceux, souvent, dont on ne parle pas.

La dette italienne, quel vaste sujet. Alors j’ai juste une suggestion gratuite et bienveillante à vous faire. Lorsque Pierre Moscovici déclare que « face à ceux qui rêvent d’une annulation de la dette publique cela entraînerait des pertes considérables pour les épargnants », et bien je vous invite à ne pas être épargnant !! Cela vous évitera des pertes considérables.

Plus précisément, vous ne devez pas être épargnant n’importe comment !

Vous pouvez avoir un peu de sous à la banque, mais vous avez intérêt à ne pas détenir de titres de dette française ou italienne ou espagnole ou de tout autre pays endetté jusqu’à plus soif.

Privilégiez les titres de propriétés aux titres de dettes.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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