Élections municipales et Covid-19 : journal d’une bataille avant la guerre

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Par Sandra Ramalho Publié le 25 juin 2020 à 8h26
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5.423Le 15 mars 2020, la France comptait 5.423 cas de Covid-19.

La crise sanitaire est arrivée chez nous, en France, et le Président Macron nous annonce « la guerre ». Pourtant, le premier tour des élections municipales est maintenu, et les mairies sont chargées de mettre en place un protocole complexe et inédit pour garantir la sécurité des électeurs.

J’étais assesseur dans l’un des trois bureaux de vote dans la commune de Mandeure, le dimanche 15 mars au matin. Les consignes de marquage au sol, de distanciation sociale, de lavage des mains ont bien été mises en place. La porte s’ouvre automatiquement pour accueillir les électeurs, il est même recommandé d’apporter son stylo ; tout est fait pour rassurer les citoyens.

En revanche, et c’est là où le bât blesse, le maire sortant brave tous les interdits et se paie le luxe d’accueillir personnellement les électeurs. Il en salue certains en leur serrant la main, il vérifie les cartes d’électeurs et/ou d’identité à l’entrée du bureau de vote. Il a même le culot de conserver ces cartes dans ses mains nues tout en conseillant fortement aux détenteurs d’utiliser du gel hydroalcoolique !

La journée s’écoule sans autre incident majeur, jusqu’au dépouillement… La mairie est prise d’assaut par les colistiers des 5 candidats et par des citoyens, et on dénombre entre 80 et 100 personnes (et certainement plus) à la mairie au moment de la proclamation des résultats. Le maire ne semble pas au fait qu’un virus assassin circule dans les rues, car il ne prend aucune mesure pour limiter le nombre de personnes dans la salle.

Au lendemain du scrutin, le maire a dû prendre connaissance des critiques quant à sa mauvaise gestion de l’organisation du 1er tour. Nul doute que rien n’a été fait pour n’autoriser l’accès au bureau de vote qu’aux têtes de liste, personnel communal et autres scrutateurs. Peut-être aurait-il dû consulter ses anciens compagnons d’armes, certains exerçant dans le domaine de la santé. Sans doute que oui. Mais il faut reconnaître que techniquement, sur le terrain, les consignes sanitaires ont été respectées. C’est humainement où nous avons péché. Chacun voulait être au plus proche des tables de dépouillement, tous les regards étaient braqués sur les bâtonnages et chacun pouvait y aller de son pronostic. Avait-on vraiment conscience de la dangerosité de la Covid-19 et de son coefficient de propagation ? Aurions-nous pu faire mieux ?

Toujours est-il que le maire a dû en tirer des leçons puisque des mesures sanitaires plus strictes seront mises en place pour le second tour (port du masque obligatoire pour les membres des bureaux de vote et le personnel communal, port du masque fortement recommandé pour les électeurs, nombre limité d’électeurs dans le bureau de vote en même temps, dépouillement par un nombre limité mais suffisant de personnes…) et ces consignes ont été communiquées à la population, afin de les inciter à venir voter. Si tout est respecté et si le maire montre l’exemple en se cantonnant à tenir l’urne, nul doute que la population sera bien moins en danger en venant remplir son devoir d’électeur qu’en allant faire ses courses dans un centre commercial ou qu’en allant prendre un verre sur une terrasse. Nous serons fixés dimanche...

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Préparatrice en pharmacie, Sandra Ramalho est conseillère municipale de Mandeure (Doubs) dans la majorité depuis 2014, membre du CA du CCAS (Centre Communal d’Actions Sociales), des commissions permanentes du CCAS, et des commissions Enseignement et Jeunesse/Petite Enfance. Aujourd’hui en dissidence, elle a réuni une équipe et brigue la mairie de Mandeure aux élections municipales 2020.

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