Inflation des actifs ?

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Par Stéphane Déo Publié le 1 juillet 2020 à 13h51
Bce Activite Prets Taux 2
1.308 MILLIARDS €Le TLTRO de la BCE est de 1308 milliards d'euros.

Les chiffres de l'épidémie aux Etats-Unis continuent d'inquiéter, même si une analyse état par état confirme qu'il s'agit d'une première vague retardée et non d'une seconde vague. L'Allemagne prend aujourd'hui la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne ; en termes de négociations pour le plan européen cela peut constituer un accélérateur. Pour l'anecdote mais surtout pour rappeler l'ampleur sans précédent du stimulus monétaire mis en place, il faut regarder l'évolution du bilan de la BCE : 600 milliards en une semaine. Pharaonique !

Point de marché : « the only game in town » ?

Le livre de Mohamed El-Erian « The only game in town » développait l'idée que les banques centrales étaient de loin le principal élément qui expliquait l'évolution des marchés. Le graphique ci-dessous montre que l'évolution des indices boursiers mondiaux est effectivement étroitement liée à la progression de la masse monétaire mondiale.

Il faut se méfier de ces graphiques, les propriétés statistiques des deux séries peuvent conduire à des fausses conclusions (en termes d'économétrie, la corrélation est « spurious »). Il n'en demeure pas moins que le niveau de stimulus monétaire sans précédent est indiscutablement une des raisons du rebond des marchés et de la reprise boursière très rapide que nous avons connue. Il faut aussi penser qu'une inflation des actifs financiers est un moyen pour les banques centrales de créer un effet richesse et donc d'aider à la reprise économique.
La progression de la masse monétaire, qui s'accélère dans le monde, suggère que cette inflation des actifs pourrait continuer.

Coronavirus, une mise à jour

Malheureusement l'évolution de la maladie reste toujours sur la même tendance aux Etats-Unis avec une partie anxiogène, le nombre de cas qui accélère à un niveau élevé, et une parie plus rassurante, le nombre de décès qui reste modéré.
Dans le graphique ci-dessous nous proposons une lecture un peu différente des chiffres. Nous créons deux groupes d'états américains. Un premier groupe constitué de 25 états touchés très tôt par la maladie, un second constitué des 25 états touché le plus récemment.
Le premier groupe a un profil très similaire à ce qui a été observé en Europe avec une accélération initiale, suivi d'un pic en avril-mai, et une décrue continue depuis. Le second groupe a une accélération beaucoup plus récente et pour l'instant ininterrompue.

L'idée de présenter les chiffres de cette manière ? Montrer qu'il ne s'agit pas d'une seconde vague de coronavirus, la ré-accélération actuelle est pour l'instant bel et bien une première vague retardée dans certains états.

Peu d'avancées européennes

La réunion entre Angela Merkel en Emmanuel Macron sur le plan de relance européen n'a rien donné. Même si les blocages européens ne semblent pas insurmontables, les progrès restent pour l'instant limités et la proposition de la Commission, qui constitue la base de la négociation, n'a toujours pas évolué dans un sens qui permettrait d'envisager un accord.
Il faudra attendre la réunion des chefs de gouvernement les 17 et 18 juillet pour avoir plus de visibilité.
En attendant il est important de souligner un détail qui n'en est certainement pas un : la présidence du Conseil de l'Union européenne, est une présidence tournante avec un changement tous les semestres. La Croatie a donc passé le flambeau hier soir à l'Allemagne qui obtient une place importante. En termes de négociations pour le plan européen cela peut certainement constituer un accélérateur.

Le bilan de la BCE s'envole

Pour l'anecdote mais aussi pour rappeler l'ampleur sans précédent du stimulus monétaire mis en place, il faut regarder l'évolution du bilan de la BCE sur la dernière semaine. Après le TLTRO de 1 308 milliards le bilan a gagné presque 600 milliards en une semaine.
Pharaonique!

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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