FED : le nouveau mensonge (1/2)

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Par Brendan Brown Publié le 18 septembre 2020 à 5h41
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2%L'inflation jugée idéale pour les économies avancées est de 2% par an.

La Fed nous joue une comédie bien longue… et qui ne fait rire personne. Au contraire, avec ses stratégies maladroites et ses outils imprécis, elle accentue les déséquilibres économiques.

Les habits neufs de l'empereur de la Fed est une comédie sans fin qui ne fait rire personne. Le dernier acte était particulièrement mauvais.

Les spectateurs sont habitués à ce que le président de la Fed et son conseil des gouverneurs prononcent des discours solennels au sujet des objectifs de leur politique - un taux d'inflation modéré, le plein-emploi et la stabilité du système financier.

Ces hauts fonctionnaires jouent leur rôle en suivant scrupuleusement le script qui leur est donné. Ils n'expliquent jamais comment ils comptent respecter leurs promesses - ils ne font que prononcer de belles paroles creuses.

Les courtisans rassemblés, notamment les représentants des médias financiers qui constituent une partie importante de la machine à propagande de la Fed, ne posent jamais de questions difficiles. Ceux qui seraient enclins au scepticisme n'osent pas prendre le risque de dévoiler leur propre manque de connaissances ou de perdre leur emploi.

Dans un récent épisode, le président Powell a révélé que la Fed se donne maintenant pour objectif d'atteindre un taux d'inflation moyen de 2% à moyen et long terme, ce qui signifie qu'elle n'hésitera pas à « pousser » l'inflation au-dessus de ce niveau si nécessaire pour compenser une période au cours de laquelle l'inflation y serait restée inférieure.

Des instruments bruts et imprécis

Pourtant, dans le système monétaire contemporain qui n'est adossé à rien, il n'existe aucun agrégat monétaire sous le contrôle direct de la banque centrale dont la croissance déterminerait précisément les limites de la trajectoire à long terme des prix des biens et services.

A la place, la Fed cherche à atteindre son objectif en utilisant les instruments bruts et extrêmement imprécis dont elle dispose pour manipuler les taux d'intérêt, tout en comptant sur le phénomène d'inertie de l'inflation et des anticipations d'inflation. C'est toujours la même recette à l'origine de l'instabilité de l'économie et du système financier.

En substance, la révision de politique générale dévoilée par le président Powell implique que la Fed sera plus lente qu'au cours des cycles économiques récents à employer cet instrument pour réagir à une aggravation des symptômes de l'inflation monétaire sur le marché des biens et services.

Par conséquent, le danger d'une accélération de l'inflation dans le futur s'est aggravé. Une récession grave et prolongée dans le contexte de la pandémie actuelle et au-delà aurait pour effet de retarder le moment où ce redémarrage de l'inflation se produira.

Les spéculations autour d'un ajustement de la politique de la Fed sont allées bon train au cours des derniers mois. Des changements similaires ont également eu lieu à l'étranger, en particulier en Europe et au Japon.

La réalité, cependant, c'est que les armées d'économistes de la Fed n'ont jamais pu montrer à l'aide de recherches économétriques qu'il existerait un lien solide entre la trajectoire des taux d'intérêt manipulés par la banque centrale et le niveau général des prix sur le long terme.

En fait, le président Powell a annoncé que son équipe d'économistes avait finalement retiré l'une des théories de référence de leur cadre d'analyse, la célèbre courbe de Phillips (qui prétend établir un lien entre taux de chômage et le niveau de l'inflation), sans la remplacer par une nouvelle.

Powell s'est également moqué des fameux indicateurs « r » et « u » (qui représentent les estimations du taux d'intérêt neutre et du taux naturel de chômage), autrefois très utilisés dans les calculs économétriques de la Fed, en particulier dans le cadre de l'application de la célèbre « règle de Taylor ».

Attention aux libertés individuelles…

Nous sommes déjà nombreux à être tellement désabusés vis-à-vis des banquiers centraux dirigés par la Fed hégémonique que nous préférons tout simplement ignorer leurs mises en scène quotidiennes, hebdomadaire ou mensuelles - sauf pour ceux qui cherchent à tirer profit des fluctuations des cours des actifs que les annonces des banquiers centraux peuvent entrainer sur le court terme.

Cependant, notre refus d'assister à ces mises en scène ne devrait pas nous faire oublier l'impact délétère de ces décisions de politique monétaire, aussi bien en termes d'érosion de nos libertés individuelles que de nos espoirs de prospérité économique.

En ce qui concerne nos libertés, les révisions de politique monétaire dévoilées à Jackson Hole représentent un nouveau coup de canif dans les garde-fous constitutionnels qui sont supposés garantir le droit des citoyens de pouvoir bénéficier d'une monnaie saine.

Bien sûr, ces garde-fous ont déjà été sévèrement endommagées il y a quasiment un siècle, lorsque la Cour suprême a fini par approuver les mesures radicales de l'administration Roosevelt en matière monétaire. Mais à présent, nous pouvons observer la Réserve fédérale prolonger et imposer son nouveau standard d'inflation à 2% sans la moindre opposition, aussi bien de la part du Congrès US, vis-à-vis duquel la Fed est supposée devoir « rendre des comptes », que du pouvoir judiciaire.

Concernant la menace qui pèse sur la prospérité économique, il faut mesurer la situation unique dans laquelle nous nous trouvons, historiquement, avec une véritable frénésie sur les marchés financiers et la distribution de crédit alimentée par la Fed, en parallèle d'un choc d'offre considérable induit par la pandémie.

Les dégâts pourraient se traduire par une nouvelle récession particulièrement grave, en dépit du rebond récent de certains agrégats économiques qui s'explique par la levée des mesures de confinement.

La suite dès demain.

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Brendan Brown est l’un des associés fondateurs de Macro Hedge Advisors et chercheur au Hudson Institute. En tant qu’économiste spécialiste des questions monétaires et financières internationales, consultant, et auteur, il a notamment occupé le poste de directeur de la recherche économique chez Mitsubishi UFJ Financial Group. Il est également chercheur associé au Mises Institute et auteur de plusieurs ouvrages.

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