Et si la Finlande était la première à quitter l’euro ?

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Par JOL Press Modifié le 16 juillet 2012 à 16h34

Une déclaration qui aurait pu passer inaperçue. Vendredi 7 juillet, la ministre finlandaise des Finances, la social-démocrate Jutta Urpilainen a affirmé au quotidien financier Kauppalehti que son pays refusait de payer les dettes des autres pays de la zone euro et s’opposait à la responsabilité collective face aux difficultés rencontrées par certains Etats. Selon le quotidien Kauppalehti, cette déclaration de la ministre pourrait signifier que la Finlande « ne s'accrochera pas à l'euro à n'importe quel prix et est prête à tous les scénarios », y compris à abandonner la monnaie unique européenne.

Un porte-parole de la ministre, Matti Hirvola, a cependant démenti cette analyse du quotidien en déclarant que « toute affirmation selon laquelle la Finlande allait quitter l'euro est simplement fausse ». Dans son interview de vendredi, Jutta Urpilainen souligne d'ailleurs que « la Finlande s'est engagée à être un membre de la zone euro » et que « l'euro est bénéfique pour la Finlande ».

Dans le quotidien Helsingin Sanomat de la veille, la même Jutta Urpilainen avait toutefois reconnu que la Finlande « représentait une ligne dure » à l'égard des plans d'aides financières. L'an dernier, Helsinki avait exigé et obtenu, lors du deuxième plan d'aide à la Grèce, de conclure un accord bilatéral avec Athènes lui garantissant de récupérer les sommes avancées. Récemment, la Finlande a annoncé l'ouverture prochaine de négociations bilatérales avec l'Espagne pour l'obtention du même type de garanties en échange de sa participation au plan de sauvetage des banques ibériques.

La stabilité des finances publiques est devenue une part essentielle de la culture économique finlandaise après la terrible crise du début des années 1990. L’effondrement de l’URSS donne un coup d’arrêt brutal à la croissance : la Finlande était la porte des produits soviétiques vers l’ouest et l’arrêt du commerce avec l’ancien bloc communiste entraîne des faillites qui fragilisent les banques. Ces dernières cessent de prêter et la croissance passe de 5,4 % en 1989 à - 6,1 % deux ans plus tard. Rapidement, les excès du secteur financier durant les années 1980 rendent sa survie impossible.

L’Etat doit venir à la rescousse. Les comptes publics passent d'un excédent de 6 % en 1989 à un déficit de 8 % en 1993. Cette même année, la Finlande perd son triple A et est dégradée de deux crans. Le gouvernement d’Helsinki décide alors de prendre des mesures énergiques : c’est le fameux plan du printemps 1995 qui a réduit notamment l’indemnisation du chômage et réformé le système de retraite, tout en augmentant les impôts.

En 1997, la Finlande se qualifiait pour l’euro, la méthode avait fonctionné. Mais le souvenir de ces années rigoureuses reste fort à Helsinki. Du coup, le pays, un des plus vertueux de la zone euro avec un déficit public en 2011 de 0,5 % du PIB, veut absolument éviter le retour du risque bancaire et souverain.

Un exemple qui montre, une fois de plus, l’importance des histoires et cultures nationales dans la réaction aux épisodes économiques que traversent les pays européens.

Par Franck Guillory

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