Début de la fin ! Le gouvernement renonce au retour à l’équilibre budgétaire

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Par Charles Sannat Modifié le 5 avril 2019 à 9h11
Equilibre
1,2%Voici les nouveaux objectifs budgétaires français pour 2022 : un déficit public ramené à 1,2% du PIB et une dette à 96,8%.

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

On est en train de sacrifier la stratégie budgétaire initiale sur l’autel des Gilets Jaunes… Faut-il s’en plaindre ou s’en féliciter ?

Je vais vous faire une véritable réponse de normand.

Ni l’un ni l’autre (dans un premier temps) !

Mais… je vais vous expliquer pourquoi !

La politique s’impose à l’économie et pas l’inverse.

Que nous ayons 96% de dettes sur PIB ou 97% en 2019 ou 2020, n’est en aucun cas le problème et n’est pas le sujet de fond.

Le véritable sujet c’est notre capacité dans la durée à maîtriser nos flux financiers.

Pour le moment évidemment le compte n’y est pas, mais il n’y est pas depuis 40 ans !! Vouloir rétablir dans le même cadre les finances publiques qui dérivent depuis 4 décennies pour des raisons multiples sans traiter chacune de ces raisons est illusoire.

Notre déficit et nos dettes sont liés aux éléments suivants :

1/ Plus de souveraineté monétaire avec l’euro donc l’impossibilité d’utiliser l’ajustement monétaire (douloureux) à travers les dévaluations.

2/ La mondialisation qui, à travers les délocalisations, a laminé l’industrie française, fait perdre nombre d’emplois industriels et donc pèse sur le niveau de chômage et donc l’absence de cotisations payées et le lourd coût du traitement social du chômage (effet ciseau de hausse des dépenses et de baisses des rentrées).

3/ L’informatisation/robotisation qui là aussi pèse sur le niveau de l’emploi. En France nous avons 10 millions de pauvres qui travaillent peu ou pas du tout.

4/ L’Union Européenne qui organise le dumping social, fiscal et environnemental entre les pays de l’Union et « légalise » quasiment la fraude fiscale à travers ce que l’on appelle pudiquement « l’optimisation fiscale ».

Voici donc les grandes raisons macro-économiques de notre échec collectif, vous avez après des raisons que je qualifie de secondaires comme la démographie défavorable qui pèse sur la croissance, la diminution des ressources disponibles, le coût de l’énergie, etc etc, la liste serait très longue.

Les conséquences de la faillite ou les conséquences de la politique nécessaire pour éviter la faillite sont sensiblement les mêmes !

C’est juste le délai qui change !

Faire faillite est brutal. Rien ne se passe tant que l’on est pas arrivé au bout du processus, mais le jour de la faillite tout cesse et c’est la catastrophe, d’où l’idée de l’ajustement budgétaire (en absence d’ajustement monétaire possible) pour éviter ou reculer le jour de la faillite. Pour cela aucun secret.

Il faut augmenter les recettes et donc la pression fiscale en diminuant parallèlement les dépenses…

Et vous obtenez les Gilets Jaunes au bout de 12 mois de cette politique !

Ce n’est ni bien ni mal. C’est.
C’est comme cela.
C’est ainsi.
C’est les faits.

Il était évident, et ce n’est pas faute de le dire depuis des années, que la France n’est pas la Grèce, et que l’Union Européenne et l’Allemagne font une très grave erreur en imaginant que ce qui était possible en Grèce pouvait être étendu à tous les autres pays de l’Union.

En Italie cela a donné le nouveau gouvernement italien… En France les Gilets Jaunes, au Royaume-Uni le Brexit… autant dire que ce n’est pas franchement une réussite brillante !!

Prudemment donc, le gouvernement vient de revoir sa copie et ses équilibres budgétaires.

Déficit public : Bercy enterre l’idée d’un retour à l’équilibre

Voilà donc ce qu’en dit cet article de Libération.

« Dans une interview aux «Echos», Bruno Le Maire et Gérald Darmanin annoncent les nouveaux objectifs budgétaires français pour 2022 : un déficit public ramené à 1,2% du PIB et une dette à 96,8%. En-deçà des objectifs initiaux.

Fini le rêve de certains membres du gouvernement de marcher dans les pas du voisin allemand et de leur sacro-saint «schwarze Null» («zéro noir», soit zéro déficit budgétaire). Envolée l’ambition de Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, de réduire le «poison» de la dette française de 5 points d’ici la fin du mandat d’Emmanuel Macron.

Alors qu’en début de quinquennat, l’exécutif promettait à Bruxelles de rétablir l’équilibre des comptes du pays à l’horizon 2022, la nouvelle trajectoire budgétaire révélée ce jour par les Echos affiche désormais l’objectif d’un déficit public de 1,2% du PIB. Il y a quelques mois, Bercy envisageait même un excédent budgétaire de +0,3%… On en est loin ! »

Grand débat ? Non grande occasion ratée !

De manière générale en économie comme en politique on gagne rarement en brutalisant. Le grand débat est une grande occasion ratée.

Il faut évidemment tout revoir dans le fonctionnement de notre pays. Généralement, cela se fait à l’occasion d’une campagne présidentielle et de la confrontation de grands projets et de grandes visions pour notre pays.

Nous ne nous en sortirons pas sans remettre notre peuple face aux complexités en lui demandant de choisir. Mais de cela ceux qui nous dirigent ne veulent en aucun cas en discuter.

Eux, savent mieux que nous ce qui serait bon pour nous. C’est évidemment la négation de la démocratie, et presque la définition du despotisme fût-il éclairé.

Tout cela crispe donc considérablement les rapports, et le gouvernement se voit contraint d’acter dans ses prévisions le ralentissement de sa tenue de cap ! Cela porte le nom de défaite. Ce n’est pas pour autant la victoire des Gilets Jaunes, car, ce qui se joue actuellement, c’est la restauration de la démocratie française pour et par le peuple, contre les tentations terribles de dépeçage de ce qui reste de notre nation au profit d’un totalitarisme marchand qui veut tout transformer en un immense marché.

Dans ce grand marché, il n’y a plus aucune place pour l’humain, la solidarité, la diversité ou la gratuité. Le totalitarisme marchand veut tuer Dieu quel que soit le nom que nous lui donnons, les croyances, les coutumes, les langues, les différences pour enfanter d’une classe unique et homogène de consommateurs décérébrés.

Ils viennent de le lever le pied. Les faire freiner c’est la prochaine étape ! Puis en troisième lieu, il faudra les faire sortir de la voiture. Comme je pouvais vous le dire dans cet article, le temps des révolutions n’est pas celui de Twitter.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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