Les salariés de Nokia n'étaient pas dupes : lors du rachat sauvetage de leur société l'an dernier, ils se doutaient bien que le géant du logiciel mondial ne jouerait pas les mécènes en soutenant à bout de bras l'ancienne gloire des télécoms. Mais tout de même : 18000 licenciements, dont 12 500 chez le seul ex-finlandais, c'est dur à avaler. C'est pourtant ce que le nouveau patron de Microsoft, Satya Nadella, vient d'annoncer dans un courrier aux salariés.
Dur à avaler, car la division mobile de Nokia, au moment du rachat, employait encore 25 000 personnes. Or le plan de licenciement de Microsoft propose tout simplement de supprimer la moitié des postes ! Pourtant, cette annonce est cohérente avec le plan de reprise de Nokia annoncé lors du rachat. Microsoft avait expliqué aux analystes financiers, en avril dernier, qu'il réaliserait 600 millions d'euros d'économies de fonctionnement en 18 mois chez Nokia.
Néanmoins, le plan de licenciement annoncé ne concerne pas que les ex-Nokia. 6000 salariés de Microsoft dans le monde (sur un total de 127 000, Nokia compris) voient aussi leur emploi menacé à court terme, d'ici six mois, comme l'explique Satya Nadella dans son courrier, mais cette fois sans en expliquer les motifs. Tout au plus explique-t-il qu'il veut "des couches de management en moins", et affirme aussi que "nous éliminons des postes dans certains domaines, mais nous en ajoutons dans d'autres, plus stratégiques". Sauf que le solde création suppression est bel et bien négatif à la fin de l'opération...
Est ce le signe que le modèle Microsoft s'essouffle ? Le géant de Redmond -comme on appelle le père de Windows dans le monde de l'informatique - n'a pas réussi à percer dans le mobile et les tablettes. Nokia, quasiment le seul constructeur à proposer des appareils utilisant Windows Mobile, a été sauvé par Microsoft... pour sauver Windows Mobile, il faut être clair. Windows 7 et Windows 8 n'ont pas fait d'étincelles à leur lancement, la tablette Surface de Microsoft ne perce pas. Reste Office 365, qui, grâce à la position dominante de Word, Excel et Powerpoint dans l'univers des logiciels bureautiques, tire encore le navire, mais fait le pari de changer de modèle économique, en passant de l'achat d'une licence à un abonnement annuel à un service en ligne, toujours à jour.
Microsoft, à la recherche d'un nouveau souffle ? Sans aucun doute, mais ce n'est pas Nokia qui le lui aura insufflé...