18 000 suppressions de postes : Microsoft à bout de souffle ?

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 17 juillet 2014 à 14h32

Les salariés de Nokia n'étaient pas dupes : lors du rachat sauvetage de leur société l'an dernier, ils se doutaient bien que le géant du logiciel mondial ne jouerait pas les mécènes en soutenant à bout de bras l'ancienne gloire des télécoms. Mais tout de même : 18000 licenciements, dont 12 500 chez le seul ex-finlandais, c'est dur à avaler. C'est pourtant ce que le nouveau patron de Microsoft, Satya Nadella, vient d'annoncer dans un courrier aux salariés.

Dur à avaler, car la division mobile de Nokia, au moment du rachat, employait encore 25 000 personnes. Or le plan de licenciement de Microsoft propose tout simplement de supprimer la moitié des postes ! Pourtant, cette annonce est cohérente avec le plan de reprise de Nokia annoncé lors du rachat. Microsoft avait expliqué aux analystes financiers, en avril dernier, qu'il réaliserait 600 millions d'euros d'économies de fonctionnement en 18 mois chez Nokia.

Néanmoins, le plan de licenciement annoncé ne concerne pas que les ex-Nokia. 6000 salariés de Microsoft dans le monde (sur un total de 127 000, Nokia compris) voient aussi leur emploi menacé à court terme, d'ici six mois, comme l'explique Satya Nadella dans son courrier, mais cette fois sans en expliquer les motifs. Tout au plus explique-t-il qu'il veut "des couches de management en moins", et affirme aussi que "nous éliminons des postes dans certains domaines, mais nous en ajoutons dans d'autres, plus stratégiques". Sauf que le solde création suppression est bel et bien négatif à la fin de l'opération...

Est ce le signe que le modèle Microsoft s'essouffle ? Le géant de Redmond -comme on appelle le père de Windows dans le monde de l'informatique - n'a pas réussi à percer dans le mobile et les tablettes. Nokia, quasiment le seul constructeur à proposer des appareils utilisant Windows Mobile, a été sauvé par Microsoft... pour sauver Windows Mobile, il faut être clair. Windows 7 et Windows 8 n'ont pas fait d'étincelles à leur lancement, la tablette Surface de Microsoft ne perce pas. Reste Office 365, qui, grâce à la position dominante de Word, Excel et Powerpoint dans l'univers des logiciels bureautiques, tire encore le navire, mais fait le pari de changer de modèle économique, en passant de l'achat d'une licence à un abonnement annuel à un service en ligne, toujours à jour.

Microsoft, à la recherche d'un nouveau souffle ? Sans aucun doute, mais ce n'est pas Nokia qui le lui aura insufflé...

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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