Le malaise des postiers n’est pas nouveau

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Par Laurent Auzeméry Publié le 8 décembre 2016 à 5h02
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260 000260 000 facteurs travaillent à La Poste.

Cela fait des années qu’à SUD et à Solidaires la question de la souffrance au travail revient régulièrement à l’ordre du jour. C’est une réalité bien présente à la Poste et dans toutes les branches du groupe.

Le rythme effréné des restructurations et les méthodes managériales directement inspirées par les théories du Lean Management et du toyotisme ont instauré un climat délétère. Le nombre de collègues qui ont recours à des moyens artificiels pour tenir le choc (antidépresseurs, calmants…), les arrêts maladie et les gestes désespérés ont fortement augmenté. Les suppressions massives de postes dues au non remplacement des départs en dispositif de fin de carrière ou en retraite, à la suppression de tournées de facteurs ou encore à la fermeture de bureaux de poste sont devenues la variable d’ajustement de la direction.

La productivité se fait sur l’humain,. et le personnel doit s’adapter en permanence à l’outil de travail alors que la logique voudrait que ce soit l’inverse qui soit appliqué ; adapter l’outil de travail au salarié afin de lui offrir des conditions de travail digne de ce nom reste malheureusement une utopie… Au manque d’effectifs, La Poste répond par une précarisation de plus en plus importante avec un recours massif à l’intérim et une exploitation des apprentis notamment à la distribution du courrier.

La mission de service public est attaquée de toute part et se restreint à sa plus simple expression. Tous les petits services que pouvaient rendre un facteur par le passé sont interdits et La Poste les propose aujourd’hui contre rémunération. L’augmentation de la charge de travail, les fermetures ou transformations de bureaux de poste en agences postales communalesont pour seule conséquence de restreindre l’accès au service public postal pour une partie des usagers. Seul le commercial, accompagné de son long cortège de pressions dont sont victimes chargés de clientèle (guichetiers) et conseillers bancaires, compte pour la direction qui prépare ainsi l’ouverture au capital.

A toutes ces pressions, s’ajoute une répression syndicale sans précédent, un durcissement de la réglementation et des sanctions disciplinaires. Ce que souhaite le personnel aujourd’hui, comme par exemple le comblement des postes vacants, l’arrêt des réorganisations systématiques tous les 24 voire 18 mois ou encore un management plus humain, la direction refuse de l’entendre. Au contraire, beaucoup pensent même qu’elle prépare un plan social qui pourrait se dessiner à l’horizon 2020.

Ce sentiment ne peut que se renforcer quand on étudie de près le contenu de l’accord que la Poste propose à la distribution suite à la courte trêve qu’elle a accepté dans sa course aux restructurations. Il est évident que ce texte était prêt depuis longtemps et que le siège attendait le moment opportun pour le poser sur la table. Lors de la dernière réunion avec les organisations syndicales, SUD, après avoir fait une déclaration préalable, a quitté la séance, suivi par la majorité des autres syndicats présents. C’est à la suite de cette instance que face au refus de la Poste de geler toutes les réorganisations en cours et d’ouvrir de véritables négociations qui déboucheraient sur de véritables améliorations des conditions de travail que la CGT, l’UNSA et SUD ont décidé d’appeler à la grève le jeudi 8 décembre.

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Laurent Auzeméry est Secrétaire régional du syndicat des postiers SUD PTT Limousin.

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