On devrait se réjouir de la nouvelle. Malheureusement, la baisse du nombre de défaillances d'entreprises au 1er juillet 2014, -4,1 % établie par le cabinet Altares-D&B, n'est pas un si bon signe. Elle révèle surtout que les entreprises les plus fragiles ont succombé à la crise au cours des cinq dernières années, et que le volume de "malades" commence à se réduire parce que les autres sont déjà morts !
Le nombre de défaillances depuis 2008 en est la preuve : Ainsi, en 2008, au 1er juillet, "seules" 12 412 entreprises étaient soit en procédure de sauvegarde (le moins grave des stades de la défaillance) soit en redressement judiciaire, soit avaient fait l'objet d'une liquidation directe. Mais dès 2009, avec la crise des subprimes qui contractait le crédit aux entreprises et faisait s'effondrer la consommation et le PIB, 15 265 entreprises étaient en difficulté, dont 10 171 en liquidation. 2000 de plus qu'en 2008 ! Ce n'est qu'en 2012 qu'un reflux significatif a été observé : 2012, année de la sortie de crise autoproclamée. Le nombre de défaillances atteignait 13 722 cette année là, et "seulement" 9 146 liquidations judiciaires. Or, dès 2013, ces statistiques sont reparties à la hausse : 15 008 entreprises en difficulté, 10 296 liquidations. 2014, avec 14 386 entreprises en difficulté et 9812 liquidations directes affiche donc un léger mieux par rapport à 2013, en apparence, mais les apparences sont trompeuses.
En effet, dans le lot d'entreprises en difficulté, si le nombre de PME de moins de 50 salariés reflue légèrement, le nombre de TPE, les plus "souples" en période de crise (dans les petites structures, on peut plus aisément réduire les coûts, faire de la trésorerie sur le paiement des salaires, à commencer celui du patron et de la famille salariée), explose ! Les TPE comportant 1 ou 2 salariés sont plus de 5200 à être en cessation de paiement, soit 19 % de plus qu'en 2013.
Les victimes sont bien sûr les commerces de détail : habillement, bars-restaurants, restauration rapide, victime de la baisse de la consommation des ménages dans ces secteurs. Les débit des boissons en particulier trinquent : les liquidations judiciaires ont progressé de 68 % dans ce secteur en un an ! + 29 % pour les boutiques, notamment d'habillement. Autre victime identifiée : le bâtiment, ou les petites entreprises de maçonnerie ou de second oeuvre souffrent de la crise du logement, avec 1363 liquidations, soit 10 % de plus qu'en 2013.
Nul besoin d'être un grand économiste pour comprendre ce qui est en train de se passer : il suffit de se promener en périphérie de ville, dans les zones commerciales, et de compter le nombre d'enseignes qui ont tiré le rideau. Même chose en centre-ville, dans les rues jouxtant les axes les plus commerçants : des boutiques qui profitaient de la chalandise des voies les plus passantes ont dû fermer, faute de volume de clientèle suffisant. Même chose pour les petits restaurants, ou fast-foods indépendants. Or, ces grandes surfaces thématiques, ces petites boutiques, une fois fermées, ne sont pas remplacées par d'autres. La preuve : le nombre de créations d'entreprises a encore chuté en mai dernier de 1,4 %...