L’autodestruction à la française : le cas de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

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Par Beat Bürgenmeier Modifié le 29 novembre 2022 à 10h11

Le manque de continuité dans les dynamiques économiques ne cesse d’être souligné par l’OCDE comme étant un des freins à la croissance française. L’incapacité à poursuivre et à approfondir les choix et les politiques des équipes précédentes, quelles qu’elles soient, pose question, surtout à un moment où les marges de manœuvre se réduisent. Cette curieuse inclinaison culturelle, conduit la France, au pire à l’autodestruction, au mieux à l’immobilisme. Nous allons prendre comme cas d’école, la déchéance étonnante de la jeune Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ).

Depuis sa création, à la fin des années 1980, l’UVSQ a connu une croissance continue grâce au volontarisme et à l’esprit d’initiative des équipes successives qui l’ont dirigées. Professeur Sylvie Faucheux, qui la préside pendant 10 ans (Déc. 2002-Mars 2012), sur deux mandats successifs, emboîte le pas de ses prédécesseurs (Michel Garnier le président fondateur ; et, Dominique Gentile) en faisant prospérer cet établissement. Lorsque lui succède son plus proche collaborateur, Jean Luc Vayssière, qui a été son directeur de cabinet de 2003 à 2007, puis son premier Vice-président jusqu’en 2012, autant dire qu’il apparaît pour tous comme le président de la continuité. L’UVSQ semble prête à poursuivre sa trajectoire pour devenir un acteur incontournable dans son territoire, sur le plan national et, sur la scène internationale. Néanmoins, le vieux démon français de l’éternelle autodestruction n’a pas dit son dernier mot, et la nouvelle équipe va finir par y succomber. Au fil des mois, celle-ci n’aura de cesse de se démarquer progressivement des grands choix stratégiques mis en place durant les périodes antérieures et cela, même si elle avait pourtant largement contribué à leur élaboration. Le prix à payer est rude pour cette université qui, après avoir caracolé dans tous les meilleurs classements nationaux et internationaux, est aujourd’hui dans l’incapacité d’établir un budget équilibré.

Un développement et des résultats exceptionnels

Jusqu’en Mars 2012, l’UVSQ connaît un développement hors du commun. Pourtant, cette université, comme d’ailleurs la plupart des universités nouvelles, est loin de bénéficier d’une situation privilégié, souffrant notamment d’un déficit structurel d’emplois. Malgré tout, elle prend son destin en main et déploie une stratégie de dynamique des initiatives dans une relation partenariale forte avec son territoire.

Sur la période 2006-2012, l’UVSQ voit ses effectifs étudiants croître de près de 40 %. Elle obtient (et conserve aujourd’hui encore) le meilleur score national en termes de réussite en licence et des taux d’insertion professionnelle très supérieurs à la moyenne nationale[1]. Elle fournit un effort significatif en recherche et figure à deux reprises, en 2010 et 2011, au fameux classement de Shanghai. Une performance notable pour une université nouvelle qui fête alors ses vingt années ! L’UVSQ gagne la confiance de ses tutelles qui lui confie une faculté de médecine (Paris Ile de France Ouest et de ses CHU) et une dizaine de laboratoires en recherche médicale. Est créé en son sein, en partenariat avec le CNRS, un Observatoire des Sciences de l’Univers, où, entre autres, elle aide à regrouper deux prestigieux laboratoires spécialisés sur le changement climatique et l’analyse spatiale. La vie étudiante connait un véritable essor avec la détermination des dirigeants qui parviennent à mobiliser les moyens suffisants auprès de la Région Ile de France et des collectivités territoriales pour la construction de deux bibliothèques emblématiques et pour celles de logements étudiants qui faisaient cruellement défaut. Les conditions de travail des personnels s’améliorent en 2006 grâce à la négociation réussie avec le Conseil Général des Yvelines. Celui-ci met à disposition gracieusement des locaux à Versailles pour le siège de l’Université, confiné jusqu’alors dans des préfabriqués. Les implantations territoriales secondaires (Mantes, Rambouillet) se voient aussi dotées de bâtiments et d’équipements à la hauteur de leurs besoins.

Au total, grâce à sa capacité de montage de dossiers, sa force de conviction et sa réputation, l’équipe dirigeante de l’UVSQ réussit, en quelques années, à réunir près de 250 millions d’euros en subventions auprès des collectivités et de l’Etat pour l’accroissement de son parc immobilier.


La mobilisation des dispositifs et des acteurs en totale concertation

Jusqu’en 2012, l’UVSQ recourt à tous les instruments que lui propose sa tutelle pour atteindre ses objectifs. Elle figure aussi, puisque sa gestion budgétaire, financière et en termes de RH, est jugée de bonne qualité par l’IGAENR[2], dans la vague des universités passant aux RCE (responsabilités et compétences élargies des universités) en 2010.

Elle est, dans cette logique, parmi les premières universités à proposer deux fondations partenariales, s’appuyant pour cela sur ses domaines de compétences reconnus. Le but de ces fondations, nées au moment de l’autonomie des universités, est de favoriser les échanges entre chercheurs et industriels, vœu exprimé de longue date par les ministres successivement en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La première, Fondaterra (fondation européenne pour les territoires durables), est créée en 2009 et son programme d’action s’articule autour de la transition écologique et énergétique. La plupart des groupes français de l’énergie et de la construction en sont membres. Elle s’impose rapidement comme une référence et, à partir d‘une culture projet, noue des partenariats, non seulement avec des institutions comme la CPU (Conférence des Présidents d’Université), la CDC (Caisse des Dépôts et Consignation) ou encore l’ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) ; mais aussi avec des collectivités territoriales comme la Région Ile de France, la CASQY (Communauté d’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines)… En bref cette structure est capable de fédérer les acteurs et d’offrir à l’UVSQ une relation directe et concrète avec le tissu social et économique. Elle déploie en un temps record des programmes d’action financés, par exemple, par la Commission Européenne, le Commissariat aux investissements d’avenir, l’ANR (Agence Nationale de la Recherche). Elle initie et soutient des montages de formations professionnelles, qu’il s’agisse de licences et de masters professionnels par alternance ou de formations continue.

La seconde fondation est Mov’eoTEC[3], créée en 2010. L’UVSQ, en s’appuyant sur ses relations privilégiées avec le pôle de compétitivité MoVeo[4], entraîne dans son sillage les groupes de la filière automobile ainsi que des grands organismes comme l’IFFSTAR[5] ou des écoles d’ingénieurs comme l’ESTACA, autour de la thématique de la mobilité durable. Cette fondation constitue un véritable avantage comparatif pour remporter la labellisation IEED[6] relative aux investissements d’avenir et porter le fameux VeDeCom[7].

Cinq chaires industrielles voient le jour entre 2008 et 2012 avec les plus grands groupes français qui, jusqu’à présent réservaient ce type de dispositif aux écoles d’ingénieur et de commerce. Outre la notoriété, ces chaires apportent, en ressources propres supplémentaires à l’Université, 8 millions d’euros.

Sont également conçus des diplômes de formation internationaux, relevant souvent de la formation continue et dans le cadre de dispositifs novateurs, comme des doctorats exécutifs franco-chinois avec la prestigieuse université de Tsinghua ou des partenariats franco-américains avec les universités d’Albion et de Georgetown. C‘est à chaque fois l’UVSQ qui en est l’instigatrice et qui bénéficie de retombées en termes d’image internationale et de ressources propres de plusieurs centaines de milliers d’euros.

Sur les conseils de sa tutelle, l’UVSQ recourt à deux Partenariats Public Privé (PPP) présentés à partir de 2006, y compris par la MAPPP (Mission d’Appui au Partenariat Public Privé) de Bercy, comme des montages financiers innovants adaptés à l’immobilier universitaire dans la mesure où ils permettent d’offrir une palette de services, en plus de la construction et du gros entretien des infrastructures comme le gardiennage, le nettoyage, l’entretien, etc…

Le premier de ces PPP répond aux besoins immobiliers de la faculté de médecine Paris Île de France Ouest, rattachée à l’UVSQ en 2004 mais sans réelle solution pour l’accueillir. Les enseignements de première année de médecine sont jusqu’alors dispensés dans des locaux préfabriqués et les laboratoires de recherche éparpillés dans toute l’Ile de France. L’UVSQ décide de planifier la construction d’un bâtiment dédié à l’étude et à la recherche pour cette faculté parmi les mieux classées. En accord avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, qui conditionne son soutien financier au recours à un tel dispositif, l’UVSQ s’engage dans la constitution d’un partenariat public privé. En moins de deux ans, un magnifique bâtiment voit le jour à Saint-Quentin-en-Yvelines, et dès 2012 il est capable d’accueillir l’ensemble de ses étudiants et des équipes de recherche en médecine. De fait, il s’agit de la seule faculté des sciences de la santé présentes physiquement sur le territoire de l’Opération d’Intérêt National de Paris-Saclay. Le tout, sans le moindre surcoût pour le budget ordinaire de l’UVSQ qui a réussi à obtenir les terrains et des subventions des collectivités territoriales ainsi que la prise en charge du loyer annuel par l’Etat.

Suivant l’incitation réitérée de sa tutelle, l’UVSQ recourt de nouveau à l’outil PPP pour ce qui concerne l’efficience énergétique, la maintenance et l’entretien de l’ensemble de ses autres bâtiments. Depuis des années, tous les rapports d’évaluation successifs pointent la piètre qualité du gros entretien de ses infrastructures et les personnels en interne se plaignent de problèmes récurrents de ménage, ce qui implique, dans les deux cas, de faire appel à des prestataires extérieurs multiples avec des coûts élevés pour l’établissement. Par ailleurs, ses consommations énergétiques ne cessent de croître alors que l’UVSQ souhaite être en cohérence avec les plus hauts standards en termes de développement durable.

A l’issue d’un long processus de montage et de discussions, cette université se lance en 2011, dans le PPP dit efficacité énergétique qui englobe aussi toutes les prestations de service dont elle avait tant besoin. Le modèle financier est équilibré et doit devenir rentable au bout de 4 ans après la fin des travaux (qui s’achèvent fin 2013) par : (1) la réduction des coûts énergétiques, (2) la vente de certificats d’économie d’énergie, (3) l’arrêt des prestations extérieures et enfin, (4) par le reclassement des personnels dédiés au petit entretien.

Il convient d’insister que, ce type de montage ne peut se faire sans un encadrement et une supervision stricte à la fois du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et de la Mission d’Appui aux Partenariats Public-Privé (MAPPP) qui relève du Ministère de l’Economie et des Finances. Toutes les décisions et notamment en matière immobilière, indemnitaire et financière doivent être votées par le Conseil d’Administration UVSQ, l’agent comptable, le Rectorat, son Ministère de tutelle. Des instances de contrôle externes évaluent et valident ses orientations et ses aspects budgétaires et financiers : l’AERES[8], l’IGAENR[9], mais aussi des Commissaires aux Comptes (Ernst et Young pour l’UVSQ) doivent attester de la sincérité de ses budgets. Ces contrôles sont encore accrus pour les procédures de PPP : assistance indépendante à la maîtrise d’ouvrage, comité de pilotage, comité interministériel de suivi et de validation de chacune des étapes du dialogue compétitif jusqu’à leur signature.

Quand l’équipe à la tête de l’université quitte ses fonctions, en mars 2012, un consensus existe, tant au niveau interministériel, qu’au sein des collectivités territoriales, et bien évidemment en interne où, à titre d’exemple, le conseil d’administration vote à plusieurs reprises et à l’unanimité ces PPP.


Des revirements au déclin

Une fois élue en mars 2012, tout laisse présager que la nouvelle équipe, qui a bien pris soin de reprendre à son actif de campagne le bilan de ses prédécesseurs, continuera à faire fructifier cette université ou, du moins, se contentera d’engranger les bénéfices du développement qu’ils avaient su insuffler.

Tel n’est pas le cas. Une remise en cause de l’acquis se révèle et s’amplifie au fil des jours laissant nombre d’acteurs internes et externes perplexes. Une myopie contamine les équipes de direction de l’UVSQ dont les actions confinent à l’amnésie. Celles-ci condamnent ainsi la signature des PPP alors que nombre de ses membres les avaient portés et défendus, notamment auprès des conseils d’administration de la période antérieure.

L’amnésie frappe aussi l’administration qui renie ses actions passées, comme le PPP énergie. Elle prétend aujourd’hui avoir renégocié sa propre négociation antérieure alors qu’il ne s’agit que d’un abandon de prestations incluses dans ce contrat et qu’il faudra bien assumer par ailleurs (et pour quels coûts ?).

Ces revirements systématiques entraînent des choix dont on commence à mesurer l’impact négatif pour cette université qui fut jusqu’en 2012 un élément structurant de l’enseignement supérieur et de la recherche sur le territoire du grand ouest parisien.

Un signe notamment alarmant intervient avec la décision quasi irrationnelle de quitter le PRES Université Paris Grand Ouest (UPGO) en 2013. Créé en 2011, ce PRES avait pour objectif d’éviter la marginalisation de l‘UVSQ dans le grand ensemble Paris-Saclay, où celle-ci avait dû se battre et s’imposer pour être membre à part entière. Il s’agissait d’opérer un rééquilibrage territorial et de faire de l’UVSQ un trait d’union entre les deux grandes Opérations d’intérêt national Paris Saclay d’un côté et Seine Aval de l’autre. La stratégie était ambitieuse : fusionner avec l’université de Cergy-Pontoise et s’associer à un ensemble d’écoles, dont l’ESSEC, l’Estaca, le Collegium Ile de France, les Écoles Nationales d’Art de Cergy et d’Architecture de Versailles, l’Ecole Nationale du Paysage de Versailles et un grand organisme de recherche l’IFFSTAR. Le but consistait à compléter et à équilibrer l’offre d’enseignement supérieur et de recherche de la future université Paris-Saclay. Peser, en face de ce « géant » de l’ESR en Île-de-France, restait sans aucun doute le meilleur choix pour faire entendre sa voix dans la future gouvernance de l’université Paris-Saclay.

Le nouveau président et son équipe se font élire sur cette ligne. Pourtant, en 2013 le positionnement dans le PRES UPGO est abandonné sans tambour ni trompette, dans la plus grande confusion, lorsque la nouvelle équipe fait le choix unique de Saclay, sans avoir négocié la moindre contrepartie. Elle ne gagne pourtant rien de plus dans Saclay, pas même un siège au conseil d’administration, et perd en même temps ses opportunités dans le PRES UPGO qui a su créer, par exemple en 2013, un Institut d’Étude Politique à Saint Germain en Laye, le 10ème IEP en France. Le résultat est affligeant. Alors que l’UVSQ était à l’initiative de la création de cet IEP, c’est au final à l’Université de Cergy-Pontoise qu’est confiée sa destinée, même si l’UVSQ conserve la mention « en partenariat ».

L’UVSQ déclare à l’AEF en octobre 2013 que « Saclay est la nouvelle frontière de l’UVSQ" mais que peut peser une université revendiquant son déficit ? Elle n’a plus de poids suffisant pour négocier un rôle effectif dans la gouvernance de la future université Paris-Saclay, et ce malgré sa qualité scientifique indéniable. Qu’en conclure, sinon que la seule issue pour l’UVSQ est une dilution dans l’ensemble Saclay sans avoir le moindre atout de négociation en main et en abandonnant au passage tous ses territoires éloignés de Saclay, qu’il s‘agisse de Mantes ou de Rambouillet et en prenant le risque de voir ses fleurons se ruer en ordre dispersé sur cet ensemble. La belle université des Yvelines, qui a eu son heure de gloire en entrant dans le classement Shanghai en 2010 et en 2011, redeviendra, au mieux, un collège de premier cycle, au pire disparaîtra, le temps d’un mandat !

D’autres revirements fragilisent des montages réussis avec les entreprises ou plus largement générateurs de moyens propres. La chaire emblématique Econoving et le master international qui lui est adjoint, connaissent de telles obstructions que de guerre lasse, les partenaires de cette chaire s’organisent pour qu’elle rejoigne l’École Centrale. Quant à « Fondaterra », il lui est impérativement demandé à plusieurs reprises de rentrer sous le chapeau de la Fondation UVSQ, véritable coquille vide dans la mesure où les deux seuls donateurs sont l’UVSQ elle-même et la Communauté d’Agglomération de Saint Quentin en Yvelines pour quelques milliers d’euros….


Les exemples de ce type pourraient être multipliés et il est frappant de voir que les ressources propres de fonctionnement de cette université qui n’avaient fait que croître au fil des années pour atteindre 17 millions d’euros en 2011, s’effondrent soudainement à 9 millions d’euros en 2012 et encore davantage en 2013. Les pertes les plus significatives sont celles provenant des contrats avec le secteur privé auxquelles s’ajoutent celles des subventions d’investissement des collectivités territoriales qu’avaient su mobiliser les équipes dirigeantes successives par le passé. A cela s’ajoute un non recouvrement de ses créances pour un montant de 8,5 millions d’euros fin 2012.

Autre revirement, l’UVSQ pendant 2012, intensifie sa politique de recrutement et ceci en dépit de ses propres engagements antérieurs. En effet, l’UVSQ avait connu une augmentation sensible de sa masse salariale entre 2010 et 2011 afin de procéder aux recrutements indispensables pour le passage aux RCE (responsabilités et compétences élargies) et pour les besoins suscités par l’arrivée et l’installation dans leurs nouveaux bâtiments des deux nouvelle composantes de l’université (Faculté des Sciences de la Santé et, Observatoire des sciences de l’univers) ainsi que de leurs nouveaux laboratoires. Au terme de cette phase Puis, dans le cadre du vote du budget primitif 2012, lors du conseil d’administration de décembre 2011, le vice-président de l’époque, devenu depuis président, insistait sur le fait que, pour 2012, la masse salariale se stabiliserait avec une pause des recrutements !

Pourtant, en faisant fi de ses propres engagements, la nouvelle équipe de l’UVSQ poursuit activement les recrutements entre août 2012 et fin 2013. Quant aux engagements antérieurs, en matière de reclassement des ressources humaines dans le cadre du PPP énergie, ils ne sont pas davantage respectés. Le surcoût de ces dérives en matière de personnels n’est pas neutre : + 8 millions d’euros en 2012 et + 10 millions d’euros en 2013.

Les conséquences de tous ces revirements apparaissent de façon dramatique fin 2012 : l’UVSQ, pour la première fois de son existence, est en déficit de 5 millions d’euros, alors que son fonds de roulement était positif de + 6 millions d’euros fin 2011 ! Pourtant le budget primitif 2012, voté au conseil d’administration fin 2011, était prudent et sincère. C’est à partir d’avril 2012, que deux DBM lourdes sont réalisées par la nouvelle équipe, sans d’ailleurs qu’elles ne soient présentées ou votées au conseil d‘administration, avec un gonflement des recettes déclarées de l’ordre de 11 millions d’euros…

Conclusion

Depuis, l‘UVSQ n‘est toujours pas en mesure de voter un budget équilibré. En abandonnant toute dynamique de recherche et de mobilisation de ressources propres en partenariats territoriaux, industriels et internationaux, l’UVSQ se retrouve avec l’État comme seul bailleur de fonds. Choix éminemment risqué et dont on mesure les limites aujourd’hui. Ce paradoxe, dans une situation de crise budgétaire, est pourtant fièrement affiché dans toutes les communications de cette université qui s’est contentée d’exiger l’aide financière du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et de le menacer de fermeture quand celui-ci n’accède pas à ses requêtes. Menace de fermeture, par annonce rocambolesque à la veille des congés de Noël, unique dans l’histoire de l’Université en France depuis la Révolution !

De déni en reni, cette université de périphérie francilienne, qui avait réussi à entrer dans la cour des grands et dont on était fier d’appartenir, est devenue l’ombre d’elle-même. Combien d’années seront nécessaires pour regagner la confiance des acteurs ? A l’interne beaucoup l’ont quittée ou la quittent ; d’autres ne trouvent même plus les mots pour décrire ce qu’ils vivent tant ils sont déboussolés par cette chute soudaine ; nombre de partenaires industriels tournent le dos ; les collectivités territoriales essaient de s’accrocher à un rêve perdu… et chacun cherche le bouc émissaire …Mais celui-ci n’est autre que ce vieux démon français qui fait que, pour exister, les nouveaux doivent détruire les réalisations de leurs prédécesseurs.

Cet article a été écrit en collaboration avec Kleber PINTO SILVA, Maître de Conférences, Architecte et Chef de Département de Génie Civil, IUT de Mantes-en-Yvelines, UVSQ et ancien Directeur du Patrimoine UVSQ (de 2007 jusqu'à 2011) et Samir ALLAL, Maître de Conférences en Sciences économiques et Directeur de l’IUT de Mantes-en-Yvelines, UVSQ.


[1] https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid75181/reussite-et-echec-en-premier-cycle.html

[2] Source : rapport IGAENR (Inspection Générale de l’Administration de l’Education Nationale et de la Recherche), 2009

[3]https://www.uvsq.fr/mov-eotec-235281.kjsp

[4] Moveo : pôle de compétitivité « automobiles et moyens de transports avancés sûrs pour l’homme et son environnement

[5]Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux

[6] IEED : Institut d'excellence en matière d'énergies décarbonées

[7] VEDECOM : Institut IEED du Véhicule Décarboné et Communicant et de sa Mobilité

[8] Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur mise en place en 2007

[9] Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche

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Professeur en sciences économiques et, ancien doyen de la Faculté des sciences économiques et sociales, Université de Genève.

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