Piketty tacle Macron : supprimer l’ISF est une faute historique

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 9 octobre 2017 à 6h42
Thomas Piketty
cc/pixabay - © Economie Matin
30%La résidence principale bénéficie de l'abattement de 30 % pour le calcul de l'IFI.

Le gouvernement, et en particulier Emmanuel Macron, s’apprête à changer radicalement la fiscalité en France. Parmi les changements la suppression de l’ISF est prévue pour 2018 : l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, payé par les plus riches, sera remplacé par un IFI, Impôt sur la Fortune Immobilière. Thomas Piketty, sur le journal Le Monde, critique vivement cette décision.

Une « faute morale économique et historique »

Dans son texte, publié sur Le Monde le 7 octobre 2017, l’économiste Thomas Piketty n’y va pas de main morte pour critiquer le projet d’Emmanuel Macron : pour lui, c’est simple : « la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF) constitue une lourde faute morale, économique et historique ». Une critique dure qui se poursuit tout le long de la chronique hebdomadaire de l’économiste.

Plusieurs points semblent, à l’économiste, erronés : à commencer par le coût de la mesure. Le remplacement de l’ISF par l’IFI devrait coûter 3 milliards d’euros puisque l’IFI ne rapporterait que 2 milliards tandis que l’ISF en rapporte 5 milliards par an. Un coût calculé par le gouvernement mais qui, pour Piketty, est absurde puisqu’il représente « 40 % du budget de l’enseignement supérieur ».

L’assiette de l’IFI encore une fois critiquée

Autre point problématique, pour Piketty, est celui vivement critiqué de l’assiette de l’IFI : ce nouvel impôt ne devrait concerner que les propriété imobilières, sauf si le gouvernement fait des changements de dernière minute. Un absurde logique pour l’économiste : il n’y a pas, selon lui, « "d'argument valable justifiant de taxer davantage les propriétaires immobiliers que les détenteurs de yachts ».

Les yachts, les voitures de luxe ou encore les jet privés sortent en effet de l’IFI alors qu’ils étaient inclus dans l’ISF. Paradoxalement, en l’état actuel de la réforme, une Bugatti Chiron à 2 millions d’euros ne serait pas taxée alors qu’un appartement parisien valant 1,3 million le serait.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio