Élection présidentielle : les enjeux de mobilité urbaine sont-ils sous-estimés ?

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Par Olivier Reppert Publié le 20 avril 2022 à 5h27
Voiture Electrique Vente Progression Marche
9,8%En 2021, les voitures électriques représentaient 9,8% du marché.

A la suite du premier tour, l’élection présidentielle entre dans sa dernière ligne droite. Tout au long de cette élection le décryptage des programmes de chaque candidat a fait état d’une volonté générale d’accompagner les citoyens vers l’adoption de voitures propres. S’il s’agit d’un bon départ, ces mesures sont-elles suffisantes pour faire face aux problématiques de nos villes ?

La crise environnementale et les challenges que rencontrent les grandes villes françaises devraient nous urger à repenser la mobilité dans son ensemble. Pollution de l’air, inconvénients sonores, embouteillages ou encore pénurie de places de parking… Les problématiques sont nombreuses et délétères, aussi bien pour l’environnement que pour les citoyens. Les candidats à l’élection présidentielle adressent à différents niveaux les enjeux de mobilité, mais une question demeure : quelles autres actions doivent-être mises en place pour répondre à ces enjeux à temps et rendre nos villes plus vivables ?

Nous sommes sur la bonne voie, mais il faut repenser la mobilité plus largement

Parmi les propositions des candidats, nous avons observé une volonté de mettre fin à l’ère du thermique dans l’automobile pour entrer dans celle des voitures propres. C’est indéniable, les voitures électriques sont le futur de la mobilité urbaine durable et les investissements colossaux dans ce secteur permettent de continuer d’innover et d’améliorer les véhicules. Mais quelques zones d’ombres persistent, d’abord en raison du manque d’infrastructures de chargement au vu de l’augmentation du nombre de véhicules électriques, mais également car il ne s’agit ici que d’une vision à court-terme en matière de villes vivables.“. Remplacer l’ensemble des véhicules thermiques par des véhicules propres ne ferait que déplacer la problématique de la mobilité urbaine, sans résoudre les problématiques liées à la congestion des villes.

Selon plusieurs études, un véhicule personnel reste à l’arrêt en moyenne 23 heures par jour. Les frais liés à la maintenance d’une voiture et la faible utilisation de cette dernière amène de nombreux urbains à remettre en question la possession même d’un véhicule. De fait, repenser la mobilité nous pousse à y inclure la notion de partage pour permettre à chacun de se déplacer de manière flexible en accédant. Déjà adopté par certaines villes françaises, l’autopartage a fait ses preuves, en moyenne un véhicule est déplacé six fois plus fréquemment qu’une voiture individuelle et les utilisateurs de ces services alternent plus fréquemment entre différents modes de transport, conduisent moins de kilomètres que les automobilistes classiques.

La démotorisation et le mix de mobilités comme fer de lance

La démotorisation des citoyens, en zones urbaines à forte densité, est un impératif pour répondre aux enjeux actuels de nos villes, soutenir la lutte environnementale et améliorer la qualité de vie de chacun. Pour ce faire, le futur chef d’État et l’écosystème de mobilité devront proposer aux citoyens un mix de mobilités fiable, permettant de répondre à l’ensemble des besoins de manière flexible et simple au travers des mobilités douces, des transports publics mais aussi de services complémentaires de mobilité partagée. Seule cette flexibilité sera en mesure de convaincre les citoyens de changer leurs habitudes de déplacements.

Certains candidats ont abordé ces enjeux dans leurs programmes en prônant le développement des mobilités douces (marche, vélos, trottinettes, etc.), en proposant l’augmentation du Forfait Mobilité Durable ou encore en investissant dans le transport ferroviaire du quotidien. Mais pour convaincre les automobilistes de se séparer de leur véhicule personnel, des mesures supplémentaires et dédiées sont indispensables, comme la mise à disposition de places de stationnement dédiées à l’autopartage ou encore l’implémentation d’incitations financières pour l’utilisation de ce type de service, comme c’est le cas à Madrid.

Il est rassurant de voir que les candidats ont compris l’urgence d’agir en matière de mobilité urbaine. Mais les voitures électriques, mises en lumière dans nombre de programme des candidats ne sont qu’une partie de la solution, nécessaires pour les automobilistes ayant un usage intensif de leur véhicule. En prenant la problématique de la mobilité urbaine à la racine et en se basant sur les usages, le mix de mobilités et la mobilité partagée offrent des solutions adéquates pour répondre aux enjeux de mobilité profondément ancrés dans nos villes. Le moment est venu de repenser la mobilité dans son ensemble et de se poser la question suivante : que pouvons-nous faire de plus pour relever tous ces défis à temps et rendre nos villes plus vivables ?

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Olivier Reppert est PDG de SHARE NOW, un opérateur de l’autopartage flexible.

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