Retraites : pas de rupture avec la méthode Fillon

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Par Guy Fischer Publié le 9 septembre 2013 à 4h40

Avant l'été, le rapport Moreau avait préparé l'opinion publique aux solutions les plus radicales en matière de réforme des retraites. A l'issue des négociations avec les partenaires sociaux, le Premier ministre vient d'annoncer des mesures en apparence moins rudes, mais en réalité tout aussi injustes, suivant la méthode bien rôdée du « moindre mal ».

Je suis consterné de constater que le projet du gouvernement socialiste, avec essentiellement l'allongement de la durée de cotisations et l'augmentation des cotisations retraite, ne marque aucune rupture avec la réforme Fillon de 2010 ! Pis encore, après avoir fait 20 milliards de cadeaux aux entreprises avec le fameux « crédit d'impôt compétitivité », le Premier ministre annonce que la légère augmentation des cotisations et l'effort sur la pénibilité demandés au patronat seraient « compensés » (on parle de 34 milliards) ! De qui se moque-t-on ? A l'évidence, des salariés, des précaires, des chômeurs, des retraités.

L'allongement de l'espérance de vie, argument essentiel mis en avant par Ayrault comme par Fillon est la conséquence des conquêtes sociales et syndicales qui ont permis aux salariés de faire respecter leurs droits et d'en gagner de nouveaux. Pourtant, malgré ces avancées, le nombre des victimes d'accidents du travail et de maladies professionnelles ne cesse de croître. L'espérance de vie d'un ouvrier demeure largement inférieure à celle d'un cadre. Quant à l'espérance de vie en bonne santé, elle tend à se réduire, en raison de la dégradation des conditions de travail liée au stress, ou encore aux cadences.

La précédente réforme des retraites avait accentué des inégalités insoutenables

Elle va entraîner, avec les décotes, une baisse du niveau des pensions pour les salariés les plus âgés et les plus usés physiquement, dont nombre d'entreprises se séparent sans scrupule. Elle va prolonger l'activité d'autres salariés et le maintien des chômeurs âgés en dessous du seuil de pauvreté, tout en freinant l'entrée des jeunes dans la vie professionnelle.

Quant à l'argument du gouvernement selon lequel les retraités seraient ménagés par la nouvelle réforme, c'est un mensonge. Voici ce que m'écrit un retraité, décomposant, chiffres à l'appui, la baisse de son pouvoir d'achat sur les six dernières années : Impôt sur le revenu : + 14,72 % ; taxe foncière : + 31,12 % ; taxe d'habitation : + 16,15 % ; prélèvements sociaux : + 68,50 % ; complémentaire santé : + 38,30 %. Face à ces chiffres, sa retraite a augmenté de 7,21 %.

Si la situation des comptes sociaux exige réellement une réforme du financement des retraites

Cette réforme ne peut se faire contre les salariés, contre les retraités eux-mêmes ; ces derniers ne sont pas le problème : ils sont la solution car ils cotisent !

Oui, il est temps que le capital et l'argent de la spéculation, qui, aujourd'hui, détruisent plus d'emplois qu'ils n'en créent, soient enfin mis à contribution pour une réforme des retraites juste et viable, prenant l'argent là où il est et garantissant le droit à la retraite à 60 ans sans décote ni nouvel allongement de la durée de cotisation !

Rien qu'en taxant le capital au même niveau que le travail, il serait immédiatement possible de dégager annuellement 20 milliards d'euros de recettes pour le financement des retraites ! Ce sont ces propositions que, fidèle aux positions qu'il a toujours soutenues, le groupe "Communiste, Républicain et Citoyen" défendra sur cette nouvelle réforme des retraites, en déplorant que ces pistes économiquement viables et socialement justes soient purement et simplement rejetées par le Gouvernement.

Pour toutes ces raisons, je serai le 10 septembre aux côtés des syndicats de salariés et et de retraités qui manifesteront pour une réforme alternative du financement des retraites et de l'ensemble de la protection sociale.

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Instituteur de formation, Guy Fischer est élu sénateur PCF du Rhônen 1995. Il est élu vice-président du Sénat en 2001, réélu en 2004.

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