La taxe sur l’air existe !

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 16 juillet 2014 à 13h03

On en parle on en parle, on plaisante avec dans les diners et bam : un jour, cela arrive vraiment. Le mérite de l'invention de la taxe sur l'air ne revient pas à un jeune énarque de Bercy, mais à l'administration de l'aéroport de Caracas au Venezuela. Désormais, les passagers doivent s'acquitter de la coquette somme de 127 bolivars (soit environ 15 euros) pour... financer le système de climatisation de l'aéroport.

Pourtant, il ne fait pas spécialement étouffant à Caracas : 28 degrés aujourd'hui au plus chaud de la journée. Mais ce n'est pas tant pour rafraîchir l'air ambiant que pour l'assainir qu'un système de climatisation ultra- moderne, capable de filtrer l'air et d'éliminer poussières et microbes aurait été installé. Un système apparamment couteux, puisqu'il fonctionne à l'ozone, un gaz à très fort potentiel désinfectant mais qui ne doit absolument pas se retrouver dans l'air respiré, car il est irritant et même toxique...

Les compagnies aériennes étrangères fuient le Vénézuéla

Mais CNN qui rapporte l'affaire souligne qu'il y a sans doute une autre raison à l'établissement de cette taxe élevée : le contrôle des changes, qui pénalise fortement les compagnies aériennes étrangères, qui perdent énormément d'argent en assurant la desserte du Vénézuéla. Les passagers achetant leurs billets en monnaie locale, les compagnies aériennes se retrouvent piégées par les lois protectionnistes du pays empêchant la conversion en devises, ou alors à un taux de change officiel, très éloigné de la parité réelle des monnaies entre elles... Le taux de change officiel entre le bolivar vénézuélien et le dollar américain est ainsi de 1 dollar pour 6,3 bolivars, mais dans les faits, la parité réelle entre les deux monnaies serait de 1 dollar pour 8,5 ou 10 bolivars.

Résultat, la taxe prélevée par l'aéroport pour la climatisation serait en quelque sorte une indemnisation déguisée pour tenter de retenir les compagnies étrangères qui fuient le pays. La taxe payée par les passagers servirait alors à réduire les taxes d'aéroport payées par les compagnies, alors que plusieurs d'entre elles ont annoncé une suspension des vols ou une forte réduction des rotations à la rentrée. Cela sera-t-il suffisant pour sauver l'aéroport de Caracas ? Réponse à la rentrée, quand les compagnies étrangères appliqueront leurs nouveaux programmes de vol.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).