AirBnb, Dot-coms et bonbons

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Par Bill Bonner Modifié le 13 décembre 2022 à 20h38
Airbnb Location Longue Duree 1
90 MILLIARDS $La capitalisation de AirBnb est de plus de 90 milliards de dollars.

Airbnb, DoorDash, Tesla… autant d’entreprises en perte mais que les investisseurs s’arrachent : est-il vraiment positif pour l’économie de récompenser des entreprises qui détruisent le capital ?

« On se croirait en 1999 », dit un ami. « A l’époque, c’était les dot-com qui atteignaient des prix ridicules. Aujourd’hui, c’est tout à la fois. »

Au bureau hier, le déjeuner a été livré par DoorDash. Lorsque nos amis viennent à Baltimore, ils utilisent souvent Airbnb pour trouver où se loger.

Contrairement à bon nombre des dot-com de 1999, ces nouvelles entreprises à la mode fonctionnent dans le monde réel et génèrent des revenus réels…

… Mais elles ne gagnent pas d’argent. Elles en perdent. En d’autres termes, elles détruisent de la richesse, elles n’en créent pas.

Voilà ce qui arrive quand il coûte plus cher de fournir un service ou un produit qu’on ne gagne en le vendant. Non seulement on perd de l’argent, mais le capital est gâché… et perdu pour toujours.

Nous partons de l’hypothèse que tout comme la mauvaise monnaie chasse la bonne (loi de Gresham), le mauvais capital détruit le bon (loi de Bonner).

Le capital, c’est ce qui crée la richesse. C’est la réussite d’hier. C’est l’épargne. C’est les usines, les banques, les marchés, les brevets, les machines, les autoroutes, la connaissance, les compétences, les pipelines et les entrepôts.

Le capital, c’est ce qui rend un pays riche et un autre pauvre. Et le vrai capital, c’est ce que les génies de la Réserve fédérale détruisent en ce moment.

Regardons cela de plus près…

Les parieurs gagnent

Le problème, avec Airbnb, DoorDash et des centaines d’autres, ce n’est pas simplement qu’ils perdent de l’argent… mais que leurs business models ne rapporteront probablement jamais rien.

Ils peuvent augmenter les ventes, mais s’ils tentent d’augmenter leurs marges… les concurrents leur enlèvent des parts de marché.

C’est le même problème avec Tesla et Elon Musk. L’entreprise a fait les gros titres en étant une pionnière hardie… principale sur le marché des véhicules électriques.

Mais elle ne ressemble pas à Amazon. Ceux qui veulent un nouveau grille-pain peuvent recourir à Amazon pour trouver la meilleure affaire au meilleur prix, mais ils ne peuvent pas se tourner vers Tesla pour trouver la meilleure voiture électrique.

Pour la plupart des consommateurs, acheter une voiture… ou même acheter son déjeuner… vaut la peine de passer un peu de temps à chercher le prix le plus bas.

Maintenant que les grands constructeurs produisent eux aussi des voitures électriques, Tesla n’est qu’une option parmi de nombreuses autres. Par ailleurs, elle a de nombreux désavantages concurrentiels (manque de distributeurs… réseaux de garages moins nombreux, etc.)

Cela n’empêche pas les investisseurs de croire qu’ils peuvent gagner de l’argent en achetant TSLA ou toute autre action brûlante.

Ces derniers jours, tant Airbnb que DoorDash ont vendu des actions pour lever des fonds (afin de couvrir leurs pertes). Les deux opérations ont fait grimper les cours en flèche, rapportant des milliards de dollars de profits à ceux qui s’étaient positionnés en avance.

Les parieurs ont gagné de l’argent. Mais le monde a-t-il gagné en capital ? Ou perdu ? Le monde va-t-il mieux lorsque les investisseurs fournissent des capitaux à des entreprises qui le détruisent ?

Une chute radicale

Là, nous nous tournons vers Bloomberg : tandis que les brasseurs d’argent rusés gagnent de l’argent en tradant les actions d’entreprises qui perdent du capital, le citoyen moyen, qui n’en avait pas beaucoup à la base, commence à en manquer…

« Les bas de laine des Américains se réduisent depuis des mois, particulièrement chez les ménages à bas revenus, soulignant la situation financière déjà précaire de millions de gens qui pourraient bientôt perdre leurs allocations chômage.

Le solde du compte courant d’un ménage médian avait grimpé de 65% après l’arrivée des chèques de relance en avril […], mais est en déclin constant depuis mai, selon un rapport publié mercredi par le JPMorgan Chase Institute.

[…] Le JPMorgan Chase Institute, qui fait partie de la plus grande banque américaine, estime que 9,4 millions de personnes pourraient perdre leurs allocations chômage à la fin du mois si le Congrès n’agit pas. La vaste majorité d’entre eux bénéficient de l’Assistance chômage pandémie, un programme qui verse des allocations à ceux qui ne sont pas traditionnellement éligibles, comme les travailleurs de la ‘gig economy’. »

Lorsque les allocations ne seront plus versées, que se passera-t-il ? Les dépenses « chuteront radicalement », selon les experts.

Toujours plus de fausse monnaie

Que peut-on y faire ? Pas d’inquiétude : les autorités sont sur le coup. De NBC News :

« Les législateurs tentent de parvenir à un accord d’ici vendredi, date limite pour que le Congrès adopte une législation permettant de financer le gouvernement. Les dirigeants des deux partis espèrent rattacher le plan d’aide Covid-19 à la loi de financement du gouvernement.

Nous ne partons pas, je vous l’assure. Nous ne partirons pas tant que nous n’aurons pas terminé ce plan’, a promis McConnell. »

Le « plan », évidemment, consiste à distribuer plein d’argent. Nos lecteurs nous accuseront de fouetter un cheval mort, pour employer une expression anglo-saxonne, lorsque nous soulignerons que les autorités n’ont pas d’argent à mettre dans un plan.

Mais cette haridelle n’est pas morte… de loin pas.

Elle trotte au contraire sous nos yeux… pleine de vie. Qui doute que donner de l’argent est non seulement une bonne idée… mais que c’est nécessaire ? Quel économiste ne vous dit pas que lorsque l’économie s’affaisse, on la redresse en augmentant « la demande » ?

Quel politicien ne vous dira pas qu’il fournit « une aide aux familles d’Américains qui travaillent dur » en imprimant de l’argent facile et en le distribuant par les rues de toute la ville ?

Et si ces Américains travaillent dur… pour DoorDash, disons… ou pour l’Agence des petites entreprises ?

Ou s’ils ne travaillent pas du tout ?

Comme un papy se dirigeant vers une aire de jeux, les autorités se préparent à distribuer des bonbons.

Est-ce que cela va aider les enfants ? Ou bien est-ce que cela leur donnera juste des caries ?

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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