Vers un marché européen de la finance participative

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Par Florian Darras Publié le 7 mai 2018 à 5h00
Crowdfunding Immobilier Risques Investissement Pierre
100 millions d'eurosUne plateforme de financement participatif doit avoir levé au moins 100 millions d'euros afin de devenir rentable.

L’Union européenne envisage d’unifier les règles régissant la finance participative, ce qui permettra aux investisseurs d’élargir leur territoire de chasse.

Plus de 1 000 milliards de dollars pourraient être levés dans le monde d’ici à 2020 grâce au financement participatif. Ce mode de financement hors bourse permet aux entreprises de lever du capital ou d’emprunter. La Chine et les Etats-Unis caracolent en tête de ce marché, loin devant les pays de l’Union européenne et le reste du monde.

Le Royaume-Uni domine largement le marché européen, avec plus de 1,9 Md£ levés par des PME anglosaxonnes sur l’année 2017. La plateforme leader, Funding Circle (environ 3,2 Mds£ prêtés depuis sa création en 2010) n’a pas hésité à s’internationaliser aux Etats-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas. Selon la Commission européenne, le retard de l’Union européenne (UE) pourrait être comblé en uniformisant les règles qui régissent le secteur entre les différents Etats-membres, ce qui favoriserait l’émergence d’acteurs continentaux de la finance participative. Ceci permettrait aux prêteurs d’agrandir leur territoire de chasse aux bonnes opportunités en finançant facilement à des entreprises allemandes, belges, espagnoles…c’est pourquoi cet aspect bureaucratique nous intéresse.

L’ambition n’est pas nouvelle. En 2014, la Commission s’était déjà penchée sur la question dans une note au titre évocateur : « Libérer le potentiel du financement participatif dans l’Union européenne ». Ce document faisait l’état des lieux de la législation européenne applicable au crowdfunding : la lutte contre le blanchiment d’argent, la protection des consommateurs, de la propriété intellectuelle, etc.

La réglementation est vue comme un obstacle à franchir, une frontière de l’UE

On y relève aussi quelques chiffres intéressants : « 38% seulement des plateformes avec rémunération financières […] exercent des activités transfrontalières alors que près de la moitié d’entre elles aimeraient étendre leurs activités à d’autres pays de l’Union. »

Les législations nationales apparaissent comme un frein : « 27% d’entre elles citent les coûts élevés d’agrément dans un autre Etat-membre comme raison pour limiter leurs opérations au territoire national. »

Depuis 2014, la finance participative a connu un bel essor en Europe, mais les extensions transfrontalières sont encore timides. Les principaux freins sont la législation et le coût des agréments qui y sont liés.

« Le marché y est fragmenté, car l’expansion dans d’autres pays de l’UE est actuellement difficile pour de nombreuses plateformes » souligne la Commission européenne qui, le 8 mars 2017, dévoilait son plan d’action visant à proposer une réglementation européenne. L’option retenue serait la création d’un label européen, « pour réduire les difficultés administratives et la complexité qu’elles rencontrent, lorsqu’elles souhaitent étendre leurs activités en Europe. » (financeparticipative.org) Un cadre législatif plus général et moins de contraintes administratives… Voilà qui arrangerait bien nos affaires et celles des sites intermédiaires qui ont intérêt à conquérir de nouveaux marchés.

L’intérêt pour les intermédiaires de sortir du cadre national

A l’heure actuelle, le défi pour les intermédiaires est d’atteindre le seuil de rentabilité. C’est particulièrement vrai dans le domaine du prêt participatif où, dit-on, les plateformes devraient pouvoir lever 100 M€ par an afin de devenir rentables.

Les intermédiaires se rémunèrent à la commission : entre 3% et 5% sur le montant emprunté et un prélèvement annuel. Pour faire du chiffre, un intermédiaire en financement participatif a donc deux leviers d’actions :

- Proposer plus de projets

- Augmenter le montant des levées de fonds

Pour avoir interrogé les intermédiaires, ce ne sont pas les prêteurs qui manquent, mais bien les emprunteurs.

Or, en lâchant du lest sur les critères de sélection, le risque est que des dossiers moins bons soient présentés… et qui dit emprunteurs de moindre qualité, dit risques de défauts de remboursement accentués. La réputation de la plateforme est certes en jeu, mais c’est le prêteur qui en subira les conséquences financières de plein fouet.

Augmenter le montant des levées de fonds dépendra de la volonté de l’entreprise et d’un plafond légal (2,5 M€ qui peut aller au-delà sous conditions). Une entreprise trop gourmande dans son emprunt peut se mettre en danger et peiner à rembourser les échéances. Dès lors, une autre solution est d’élargir son marché en dehors des frontières nationales pour trouver de nouvelles entreprises en manque de financement

Pour le prêteur c’est l’opportunité de diversifier son portefeuille, mais il aura sans doute plus de difficultés à appréhender un marché étranger qu’il connait moins.

Pour plus d’informations et de conseils, c’est ici et c’est gratuit

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Florian Darras est diplômé d’un master de droit des affaires et d’un master administration des entreprises (MAE). Au sein des Publications Agora, il travaille aux côtés de Simone Wapler pour fournir solutions fiables et informations utiles aux épargnants français.

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