Roaming data à l’étranger : les pratiques trompeuses de Red by SFR

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 6 août 2021 à 11h04
Boost Data Redbysfr 2
15 Go ?Chez Red by SFR, 15 Go de data supplémentaires à l'international dégomment en réalité l'enveloppe de data existante du client.

Quand vous commandez et payez pour un supplément salami sur une pizza, on ne vous retire pas un autre ingrédient en douce. Chez Red by SFR : si. Les clients de l'opérateur qui ont choisi la nouvelle option "Boost Data International + 15 Go" pour cet été ont eu la surprise de découvrir... qu'ils n'avaient pas vraiment 15 Go de data en plus !

Et pourtant, l'intitulé de la fiche de présentation de l'option est sans équivoque possible. "Bénéficiez toute l'année des appels, SMS/MMS illmités, et de 15 Go/mois d'nternet supplémentaires utilisable depuis et vers de nombreuses destinations".

Tout client normalement constitué, c'est à dire ayant de la langue française une pratique standard, comprend bien évidemment que ces "15 Go supplémentaires" s'ajoutent à son forfait data international actuel. Sachant que l'enveloppe de Go disponible à l'international est différente, selon le forfait dont on dispose, on comprend aisément que les gens du marketing de Red by SFR aient choisi un descriptif simple et compréhensible.

Chez Red by SFR, 15 Go d'Internet supplémentaires ne font pas 15 Go

Mais la réalité est toute autre. L'option payante (5 euros par mois, ce qui n'est pas très cher, mais à comparer au tarif des forfaits de l'opérateur, qui vont de 8 à 20 euros, selon le forfait dont on a pu bénéficier, Red by SFR étant spécialiste des promotions coup de poing) n'ajoute en réalité pas 15 Go au forfait data international de ses clients, mais seulement une fraction !

Ainsi, le client qui dispose d'une enveloppe de 9 Go de data à l"étranger, en souscrivant à l'offre Boost Data de Red by SFR, va non pas obtenir un total de 24 Go, comme l'intitulé de l'offre commerciale le promet sans équivoque possible, mais disposer au final de... 15 Go ! Croyant acheter 15 Go en plus (supplémentaires), il achète en réalité 6 Go, sans le savoir.

Les 15 Go de data supplémentaires des forfaits Red remplacent le forfait habituel

En réalité, les 15 Go de data supplémentaires promis par l'offre "Boost International" remplacent le forfait data à l'étranger des clients. Celui qui décide de prendre 15 Go "supplémentaires" en prévision d'un éventuel dépassement, et se croit "large", aura donc la mauvaise surprise de découvrir que son forfait data n'a pas beaucoup augmenté. Ainsi, le client qui dispose de 12 Go à l'étranger, payera 5 euros pour 3 Go supplémentaires, ce qui n'est pas extraordinairement intéressant.

Il est dommage que l'opérateur se soit ainsi mélangé les touches du clavier en rédigeant son offre, alors qu'elle est en apparence très intéressante. Il ne fait aucun doute que de nombreux clients y auront souscrit cet été, et découvriront avec étonnement que les 15 Go de data suppélementaires à l'international promis par Red by SFR ne sont pas réels, tout cela parce que quelqu'un du marketing chez l'opérateur maitrise mal la langue française, ou n'y attache pas d'importance.

Si ses profs de droit commercial avaient bien fait leur travail, ou s'il n'avait pas séché les cours, il connaîtrait pourtant le fameux arrêt condamnant la RATP dans les années 50 pour ses panneaux dans le métro "il est interdit de fumer et de cracher dans les wagons". Un voyageur fumeur facétieux avait poursuivi la régie, dont un des agents l'avait verbalisé, arguant qu'il n'avait fait que fumer, sans cracher. La justice lui avait donné pleinement raison et avait donc condamné la RATP, complétant une désormais longue et fournie jurisprudence sur le sens des mots utilisé dans la communication commerciale... 15 Go de data supplémentaires ne sauraient donc dégommer sournoisement les data existants du client, tout comme le supplément pepperoni ne dégomme ni le fromage, ni les tomates de la pizza !

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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