L’ultimatum de la France à l’Allemagne sur l’euro. Historique

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Par Charles Sannat Modifié le 17 mai 2018 à 8h50
France Sortie Zone Euro Allemagne
19Mis en circulation le 1er janvier 2002 sous sa forme fiduciaire, l'euro est la monnaie de 19 États membres de l'Union européenne.

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

L’ultimatum de la France à l’Allemagne, Charles, vous racontez n’importe quoi, ni TF1, ni France 2 et encore moins BFM n’en ont parlé… Vous délirez ! Hélas, non. D’ailleurs, cela ne doit pas vous faire trembler de peur. Ce ne sera pas la fin du monde.

Mais revenons à ce titre qui, encore une fois, n’est pas de moi, mais des très européistes journalistes du site Euractiv. L’ultimatum de la France à l’Allemagne sur l’euro. Sacrée information tout de même, passée (presque) sous silence parce que personne ne sait vraiment comment traiter une telle information.

N’imaginez pas que notre grande presse ne le sache pas, ou ne veuille que vous manipuler. Les choses sont parfois un tout petit peu plus complexes. En l’espèce, on ne vous annoncera pas comme cela la fin de l’euro. Il y aura une forme de travail préparatoire, il faudra que le système se mette d’accord sur la manière de gérer cette fin si elle se passe en bon ordre et pas sous forme d’un effondrement brutal lié à une crise. Dans le cadre d’une annonce, le système médiatique se verra attribuer un rôle qu’il remplira avec efficacité et « responsabilité ».

Ne sachant pas pour le moment quoi faire ou quoi dire, ni quel est son rôle, il est mutique. C’est une réaction parfaitement normale. N’attendez pas autre chose.

Pour autant, ce qui doit advenir adviendra.
Ce qui est inéluctable se produira.

Les choses, au bout du compte, sont toujours assez simples. L’euro ne fait pas exception à ces évidences.

Cet article est un article forcément plus long que d’habitude, mais il contient quelques perles dont vous devez absolument prendre connaissance, car cela va venir renforcer vos convictions et vos raisonnements sur ce qu’il convient de faire… ou ne pas ou ne plus faire.

Mal construit, et mal utilisé, il pose désormais nettement plus de problèmes qu’il ne peut apporter de réponses, et comme disait le Général de Gaulle…

« Quand on est couillonné, on dit je suis couillonné et je fous le camp !! »

Et c’est peut-être ce que s’apprêteraient à comprendre et à faire nos mamamouchis nationaux et pour une fois, je dois bien l’avouer que si tel était le cas, j’applaudirais presque des deux mains… Je dis presque, car j’ai (presque) du mal à croire que l’on y arrive enfin…

Laissons la parole à Euractiv, notre « Pravda » européenne pour que vous puissiez juger par vous-mêmes !

« Budget propre ou fin de la zone euro : l’ultimatum de la France à l’Allemagne » (par Aline Robert du site Euractiv donc)

« La zone euro ne survivra pas à l’absence de réforme, assure le ministre de l’Économie français, faisant monter la pression sur l’Allemagne à quelques semaines d’un Conseil européen crucial.

Une longue journée de travail attend les ministres de l’Économie français et allemand, à Berlin, mercredi 16 mai. L’objet, la feuille de route pour la zone euro de demain qui doit être présentée fin juin lors du Conseil européen, est devenu une pomme de discorde entre la France et l’Allemagne. La France tente de jeter tout son poids politique dans la balance, et ce dans un langage de plus en plus cru.

« La zone euro ne résistera pas aux divergences économiques entre ses États-membres. Les différences fiscales sont devenues trop importantes pour une union monétaire », affirmait ainsi le 14 mai Bruno Le Maire, lors d’une rencontre avec des journalistes à Bercy…

Ouaaah… Je n’aurais pas mieux dit. Enfin si, mais là, l’important c’est de participer comme on dit, et de la bouche de notre ministre de l’Économie, ce n’est tout de même pas rien. Ne soyons donc pas trop exigeants !!

« Pour la France, l’urgence de la réforme est dictée par la succession d’alertes électorales qui transfigure l’Europe politique en raison de la montée des forces centripètes. Le Brexit, les élections en Italie et la montée des extrêmes un peu partout devrait, selon l’équipe Macron, entraîner une réaction rapide pour donner des gages aux citoyens. Et ce, avant les élections européennes de 2019, pour se prémunir d’une prochaine crise à laquelle l’euro pourrait ne pas résister »…

Ouaaah… Vous savez l’euro qui est « irréversible » mais qui pourrait quand même ne pas résister…

« C’est maintenant, ou jamais » résume le ministre français, en faisant référence à l’étroite fenêtre de tir qu’il reste : 5 semaines de discussion avant le Conseil européen des 28 et 29 juin. Il sera ensuite trop tard avant l’échéance électorale des européennes, en mai 2019.

Or, les discussions achoppent. « Réveillez-vous ! La France a changé », avait déjà prévenu Emmanuel Macron, le 10 mai à Aix-la-Chapelle, tout en insistant sur le fait qu’ « en Allemagne, il ne peut y avoir un fétichisme perpétuel pour les excédents budgétaires et commerciaux, car ils sont faits aux dépens des autres ».

Ouaaah… En disant cela, Macron n’a pas voulu dire que le bon élève qui travaille bien obtient ses bonnes notes au détriment des autres. Il a dit qu’en économie, et dans une zone monétaire unique et sans mécanisme d’ajustement monétaire, les bons seront encore meilleurs naturellement et les mauvais de plus en plus mauvais… naturellement.

« Une analyse largement partagée par son ministre de l’Économie, qui reconnaît que les efforts de compétitivité représentent le premier lieu de convergence économique, mais qu’ils ne suffiront pas tant l’Allemagne a pris une longueur d’avance. »

Ouaaah… Relisez cet aveu fondamental et essentiel. Les efforts de compétitivité ne suffiront pas. C’est fini, c’est terminé, et c’est ce que je vous explique depuis des années sur les crétineries du type les « chocs de compétitivité », puisque la compétitivité est une chose relative.

Il faut donc soit beaucoup plus d’Europe, soit plus d’Europe du tout !!

« Un sujet sur lequel il n’y a guère de débat de fond : les économistes s’accordent sur le fait que dans une zone monétaire intégrée, les excédents de l’un pèsent sur la capacité des autres à les rattraper, notamment parce que les financements vont en priorité aux profils moins risqués. Un cercle vicieux qui fait que l’Allemagne ne peut qu’améliorer ses performances économiques, en investissant plus et en exportant toujours plus, alors que les autres qui ne peuvent user de l’outil monétaire pour améliorer leur compétitivité ne font que rester à la traîne »…

Eh oui, l’euro c’est, depuis le départ, l’outil de domination des Allemands en Europe. Nous leur avons livré sur un plateau notre soumission économique.

« Je ne ménagerai aucun effort pour parvenir à un accord fin juin pour une feuille de route pour la zone euro », insiste donc Bruno Le Maire, recruté au poste de ministre de l’Économie il y a un an par Emmanuel Macron pour sa germanophonie et germanophilie.

« Est-ce que l’Europe a la volonté politique d’affirmer sa souveraineté, politique, économique, financière ? Notre réponse est un oui massif », affirme-t-il, tout en interrogeant en creux la motivation allemande.

Le ministre insiste aussi sur la nécessaire réforme de la fiscalité internationale, alors que l’Allemagne hésite face à la proposition de la Commission européenne de taxer le chiffre d’affaires de GAFA actuellement en discussion.

« L’Europe est-elle capable de définir elle-même les règles qu’elle croit justes ou efficaces, ou doit-elle attendre pour le faire » interroge le ministre allemand qui refuse « la vassalisation de l’Europe » aux intérêts américains. Un sujet là encore sensible outre-Rhin, dont les exportations sont très dépendantes des États-Unis »…

L’Allemagne a-t-elle intérêt à plus d’Europe ? Non, elle va avoir intérêt à tuer l’euro

Cela va créer de nouvelles fragilités pour un temps chez les plus faibles et permettre à l’Allemagne de gagner encore 10 ans de domination économique de l’Europe, le temps que nous nous remettions de cette terrible tragédie qu’aura été cette aventure monétaire qui ne pouvait pas marcher, comme l’ensemble de toutes les autres unions monétaires de l’histoire de l’humanité qui ont toutes, sans exception, toujours et systématiquement échoué.

Je me souviens. Nous étions en 1997. Et mon projet de fin d’études portait justement sur la mise en place de l’euro et l’histoire des unions monétaires précédentes. Ma conclusion était qu’aucune n’avait jamais fonctionné… et que l’espérance moyenne d’une monnaie est de 18 ans. Une union monétaire moins de 10 ans…

L’enfer est toujours ou presque pavé de bonnes intentions.

L’euro est condamné. L’euro va échouer. J’ai tout un dossier consacré à ce sujet (« Comment survivre à l’€urocalypse » soit le dossier seul ici, soit le dossier avec en plus l’abonnement complet à la lettre STRATÉGIES et tous les dossiers déjà édités ici) pour ceux qui veulent aller plus loin afin de se prémunir et se protéger concrètement.

L’Allemagne essaiera encore de gagner un peu de temps pour profiter de sa rente de situation le plus longtemps possible. Le véritable courage politique pour Macron et sa clique sera de nous sortir de ce guêpier et justement de savoir dire non à l’Allemagne. C’est loin d’être gagné, et tout cela risque d’accoucher de décisions encore mi-chèvre, mi-chou.

Il n’en demeure pas moins que tous ceux qui sont objectifs savent que la situation ne sera pas durable en l’état.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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