Comment faire en sorte que le monde numérique de demain soit – vraiment – plus sûr ?

Construire un monde plus sûr… en voilà une jolie promesse ! L’histoire nous a montré toutefois que la question de sécurité, de sûreté, bien que centrale, arrivait sur la table après les premiers risques, et donc les premiers soucis de sécurité. Construire un monde plus sûr serait-il alors une ambition vaine, un message marketing irréaliste ?

Bertrand Trastour High Res
Par Bertrand Trastour Publié le 30 mars 2023 à 5h01
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16%Les femmes sont payées en moyenne 16% de moins que les hommes.

Dans la mesure où il s’agit de la promesse de l’entreprise dans laquelle je travaille depuis plusieurs années, j’ai envie de dire qu’il s’agit plutôt d’un joli défi, mais qu’il n’est atteignable que si nous nous y mettons ensemble.

De qui parle-t-on quand on dit « nous » ? De tous, les institutions publiques, privées, les individus, les associations, les Etats, les entreprises…

Et de quoi parle-t-on quand on aborde la notion de sécurité ? Dans un premier temps, et en ce qui nous concerne, de sécurité au sens technique du terme. Le numérique est en pleine évolution, ses usages et ses applications aussi et lorsque l’on voit la rapidité d’adoption de ces technologies, notamment dans la médecine, demain les notions de sécurité physique et technologiques seront plus liées que ce que l’on peut aujourd’hui même envisager. Si sur ce plan les acteurs de la cybersécurité ont leur rôle à jouer en apportant des couches de sécurité et des solutions technologiques sur les différents systèmes d’informations, systèmes IoT, en sensibilisant, formant tant bien que mal les individus, ils ne peuvent agir seuls. La question de la sécurité s'inclut dès la conception même du système. Et le numérique n’ayant pas de frontières, cela nécessite un consensus sur les usages, les dérives, les autorisations, les tarifs aussi (trop cher = tentation de marché noir pour lequel les normes de sécurité ne sont pas toujours appliquées).

Vaste sujet mais qui devrait être abordé alors que l’on commence à envisager un « nouveau monde » technologique, un « méta-univers ». Il serait bénéfique de ne pas songer qu’à une reproduction « virtuelle » de la société actuelle avec ses travers, mais plutôt d’envisager à la création d’une société numérique plus vertueuse, respectueuse… et sécurisée. Tous les acteurs doivent tenir leur rôle ici, mais pour le moment il semble que les intérêts dans le métavers soient avant tout économiques, et que les cryptomonnaies et la blockchain, certes prometteuses dans leur concept, soient aujourd’hui trop consommatrices d’énergie pour véritablement s’inscrire dans un avenir durable. Néanmoins, des initiatives telles que celles du merge d’Ethereum vont dans le bon sens, au moins écologiquement parlant et montrent qu’il est possible de continuer à imaginer le développement technologique avec moins de ressources.

Pour l’heure, tous les acteurs n’ont pas encore pris leur part et leurs responsabilités dans la définition de ces « nouveaux mondes ».

Et si l’on parle de la dimension sociale ?

Construire un monde plus sûr, c’est aussi faire en sorte que le monde soit plus vertueux, que les usages d’untel n’entravent pas le bien être ou l’intégrité d’un autre. Et en tant qu’entreprise, qui plus est du numérique, cela a un sens particulièrement éloquent, en 2023 quand les questions de dérèglement climatique, de crise migratoire et sociale, de conflits politiques font la Une des journaux. A quoi bon un monde où la technologie est sécurisée si la Terre elle-même n’est pas vivable et qu’il est impossible de vivre en collectivité. Construire un monde plus sûr, c’est agir, chacun à notre échelle pour contribuer à la durabilité, pour repenser les modèles de fonctionnement, souvent trop court-termistes et pour se diriger vers des pratiques plus vertueuses. Et je suis persuadé que dans cet objectif, chaque acteur, et plus que jamais acteur de la technologie, a un rôle à jouer. Alors comment faire pour que la technologie soit plus durable ? Et si on se posait la question à l’inverse. Est-ce que la technologie peut contribuer à construire un monde plus sûr ?

La technologie peut-elle sauver le monde ? A quelles questions doit-on encore répondre ?

Aujourd’hui fort heureusement, des initiatives voient le jour pour que la technologie soit vectrice d’innovations vertueuses, pour faire en sorte que la technologie permette de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de minimiser l’exploitation de ressources et plus largement, pour que les entreprises à l’initiative des plus grosses émissions puissent revoir leurs modèles de productivité. Durabilité n’est pas synonyme de décroissance. C’est synonyme d’optimisation, d’anticipation et de préservation. Et ce sont aussi des synonymes de la cybersécurité, d’ailleurs.

En dehors de la dimension écologique, se place aussi un enjeu social. Comment prétendre que la technologie puisse-être le vecteur d’un monde plus sûr, plus juste alors qu’elle est encore porteuse de nombreuses inégalités. Le nombre de femmes par exemple, à la tête d’entreprises de l‘IT, qui lèvent des fonds, où qui exercent des métiers de la cybersécurité ou du numérique, est encore trop faible. Et pourtant nous sommes tous d’accord pour se dire qu’un grand nombre de bonnes idées et de progrès sociaux viennent d’initiatives féminines. Ni basées sur le physique, ni sur des compétences genrées, peu d'explications purement rationnelles peuvent être apportées à ces inégalités. Est-ce qu’on peut cependant apporter des raisons rationnelles au fait qu’elles soient encore payées en moyenne 16% de moins qu’un homme sur un poste égal ? Est-ce qu’on peut apporter des explications rationnelles au fait qu’elles soient bien plus victimes de discriminations et de violences ? De nombreuses initiatives commencent à voir le jour dans le milieu de la technologie, par le biais d’associations rejointes par un grand nombre d’entreprises et même d’institutions publiques pour permettre plus de mixité dans les métiers du numérique, ou même de lutter contre les violences numériques. Les compétences et l’investissement de toute la population seront bénéfiques dans la construction d’un avenir plus vertueux, et d’autre-part, parce qu’il est impensable d’envisager un monde plus sûr ; et plus vertueux alors qu’une partie de ce monde en est écarté. On pourra citer des actions telles que celles menées par le CEFCYS, Women4Cyber, GirlsIntech, E-mma, la Coalition contre les stalkerwares… que des associations qui ont intégré l’information et la sensibilisation à leurs actions menées. Parce que dans la construction d’un monde plus sûr, il semble indispensable d’avoir conscience des dangers et risques à adresser, et ce, pour ne pas reproduire encore et encore les mêmes erreurs et ne pas tomber, encore et encore, dans les mêmes travers.

Et demain alors ?

On l’a mentionné, la construction d’un monde plus sûr devra passer par un consensus, par une volonté de tous agir dans un but commun de préservation, de prospérité et d’avenir. Le numérique a un rôle à jouer bien entendu et les entreprises qui œuvrent dans ce secteur doivent être à l’initiative d’idées porteuses, vertueuses. Un grand nombre de défis restent à relever toutefois. Cela commence par un accord sur la définition du bien commun, mais également par une coopération entre tous les acteurs, à des accords internationaux et à une intégration de tous les facteurs qui permettent objectivement d’associer la sécurité, la sûreté, la responsabilité, l’éthique et l’utilité qui seront déterminants du « vivre mieux demain ».

Bertrand Trastour High Res

Bertrand Trastour, est Directeur Général de la filiale française de Kaspersky depuis 2021. Il assure la direction du bureau français et pilote les équipes et résultats de la France, de l’Afrique du Nord, de l’Ouest et Centrale. Bertrand Trastour a intégré Kaspersky en 2013 en tant que responsable des ventes grands-comptes, avant d’être nommé directeur des ventes en 2018 et Directeur Général en 2021. Diplômé de l’IHEDN et d’un Bachelor obtenu à Audencia Business School, Bertrand a plus de 25 ans d’expérience en commerce et management dans le secteur de l’informatique. Avant de travailler chez Kaspersky, Bertrand a occupé des postes d’ingénieur commercial ou responsable des ventes dans des entreprises telles que Stormshield, Citrix Systems, Avanquest Software ou ASAP Software.

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