Dès l’Automne 2025, les consommateurs européens verront apparaître un nouvel outil d’évaluation sur les emballages de leurs produits cosmétiques : l’EcoBeautyScore. Inspiré du Nutri-Score bien connu dans le secteur alimentaire, ce système entend apporter plus de transparence sur l’impact environnemental des produits de beauté. Décryptage d’une innovation qui pourrait bien transformer nos routines de consommation.
EcoBeautyScore : le NutriScore pour les produits de beauté arrive bientôt

Lancé en 2022 par un consortium réunissant cinq géants de la cosmétique – L’Oréal, LVMH, Henkel, Unilever et Natura & Co – le projet EcoBeautyScore a donné naissance à une association indépendante à but non lucratif, ouverte à plus de 70 entreprises et fédérations professionnelles. Son objectif : créer une méthodologie scientifique partagée permettant d’évaluer, de façon harmonisée, l’empreinte environnementale des produits cosmétiques et d’hygiène. La mise en œuvre a nécessité plus de trois ans de développement, impliquant experts de l’analyse du cycle de vie (ACV), ONG, autorités publiques et industriels, afin de bâtir un système crédible, robuste et techniquement opérationnel à grande échelle.
EcoBeautyScore : un outil de notation de A à E pour mieux s’orienter
L’EcoBeautyScore se présente sous la forme d’un visuel facilement lisible, à l’image du Nutri-Score :
- Une échelle de cinq lettres, de A (impact environnemental faible) à E (impact fort) ;
- Un code couleur progressif, du vert foncé à l’orange, en passant par le jaune.
Mais contrairement au Nutri-Score, qui évalue la qualité nutritionnelle, l’EcoBeautyScore s’intéresse uniquement à l’empreinte écologique globale, souligne RMC. Il permet de comparer les produits au sein d’une même catégorie, par exemple entre deux shampooings ou deux soins du visage, mais pas entre un déodorant et un mascara.
Chaque score repose sur une analyse complète du cycle de vie du produit, intégrant :
- L’origine, la transformation et la biodégradabilité des ingrédients ;
- Le type et la recyclabilité de l’emballage ;
- Le transport et les conditions d’usage ;
- La fin de vie du produit (gestion des déchets, compostabilité, etc.).
Quand et comment le score sera-t-il affiché ?
L’affichage sur les emballages débutera à partir du 19 novembre 2025 dans tous les pays de l’Union européenne, ainsi qu’au Royaume-Uni, en Norvège et en Suisse. Certaines marques pionnières, comme Nivea, Garnier, Eucerin ou Schauma, ont déjà commencé à intégrer ce score sur leurs sites web, avant un déploiement physique progressif.
La communication du score est volontaire, mais encadrée : si une marque choisit de l’afficher pour une gamme donnée, elle devra le faire pour au moins 75 % des produits de cette gamme dans un pays donné, y compris ceux ayant une note défavorable.
Une méthodologie scientifique… mais perfectible ?
L’EcoBeautyScore repose sur la méthodologie européenne PEF (Product Environmental Footprint), considérée comme l’une des plus avancées pour évaluer les impacts environnementaux. Elle tient compte de 16 critères différents, allant de la consommation d’eau aux émissions de gaz à effet de serre.
Le score a été validé par des experts externes indépendants et repose sur une base de données commune alimentée par les marques elles-mêmes. Ce point soulève néanmoins des interrogations sur l’impartialité du système, certaines ONG comme Slow Cosmétique exprimant leurs doutes sur la rigueur des critères retenus, notamment concernant les microplastiques, les silicones ou certains conservateurs encore autorisés en Europe. « Il sera difficile d’être certain qu’aucun parti pris relatif à certains ingrédients pétrochimiques ou plastiques n’aura influencé le développement de l’outil », alertait Slow Cosmétique en mars 2023 dans un communiqué.
Derrière cet affichage environnemental, l’ambition est claire : guider les consommateurs vers des choix plus durables, mais aussi encourager les marques à repenser leurs formules et leurs chaînes de production.
